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Fin de cet événement Mars 2018 - Date du 16 mars 2018 au 25 mars 2018

Tu te souviendras de moi, de François Archambault à l’ANTHÉA

Jusqu’alors jamais montée en France, « Tu te souviendras de moi » de l’auteur Québécois François Archambault est la nouvelle création d’Anthéa dans une mise en scène de Daniel Benoin. Tout en faisant rire le public, la pièce aborde le sujet poignant de la maladie d’Alzheimer, dont serait atteint le personnage interprété par un formidable Patrick Chesnais qui réussit à préserver la délicate balance entre drôlerie et émotion.

Ancien professeur de la Sorbonne, intellectuel renommé, apprécié des débats médiatiques, voilà qu’Edouard Bouchard perd la boule !

Il perd la boule, tout en répétant sans cesse : «  J’ai une très bonne mémoire ! » Oui, certes !
Il s’accroche à une mémoire qu’il ne veut pas quitter : elle lui a donné la célébrité et son talent encensé par tous.

Assuré de sa qualité, il s’est toujours appuyé sur elle pour enregistrer son savoir et son accumulation de connaissances, il peut d’ailleurs vous raconter la vie de Mahomet ou la grande bibliothèque d’Alexandrie. Mais, cette mémoire capable de tout absorber, maintenant remonte au passé. Avec les années qui s’enchaînent, ses facultés ont changé, et Edouard déraille s’il s’agit de l’instant immédiat. Il est incapable de retenir votre nom, quand bien même vous lui répétez cent fois, il ne reconnaît pas son entourage, s’embrouille sur qui est qui, et plonge sans cesse dans la confusion. C’est cette mémoire à court terme qui d’abord lui fait défaut, avant que le mal n’empire.

Edouard ne perd pas encore son savoir intellectuel, il oublie des mots, des faits récents, et ses absences provoquent des tensions et des malentendus familiaux.

Car, si l’entourage en pâtit, lui reste serein quelle que soit sa détresse. « Pourquoi vivre le moment présent, si cinq minutes après il ne reste plus rien ? » Corps et âme en détresse, il perd allégrement ses repères. Lui ne souffre pas vraiment, il ne mesure pas la situation. Mais son entourage lui souffre face à la manifestation de premiers signes alarmants et perd patience, ne faisant plus confiance quant à sa capacité à rester seul, ne serait-ce qu’un instant. Maintenant, il lui faut une surveillance constante.
Sa femme doit s’absenter de son côté, la fille du sien. Il faut prévoir qui gardera le « malade » durant deux jours. Comment trouver une nouvelle organisation ? Sa femme, impatiente, est déjà ailleurs, attirée par un autre homme. La fille – la propre fille de Patrick Chesnais, Emilie Chesnais - part à un colloque et le gendre (Frédéric De Goldfiem), d’abord disponible, préfère un poker à toute responsabilité.

Il sollicite sa fille de 17 ans, Bérénice, pour le « surveiller » le temps d’un week-end.

Lorsqu’arrive Bérénice – Fanny Valette, excellente -, tout change. Elle a beau mâcher son chewing-gum et être davantage attirée par son smart-phone que par la conversation, quelque chose circule entre le « malade » et elle, qui l’aidera à tenir. Bérénice n’est pas impliquée affectivement dans la relation, pour elle il ne représente pas un fardeau, et sa désinvolture plaît à Edouard. Un lien subtil se noue entre eux deux.

Daniel Benoin met en scène avec sobriété et délicatesse tout ce petit monde à la dérive devant la maladie.

Un joli décor de jardinet réalisé par Jean-Pierre Laporte est renforcé par de rapides images vidéo de Paulo Correia qui fractionnent la pièce en courtes saynètes sur ce labyrinthe d’inquiétude, de nostalgie, de tristesse.

Chacun, dans son entourage plus ou moins proche, connaît quelqu’un dont la mémoire vacille de plus en plus et les situations sont souvent plus douloureuses qu’amusantes, aussi le public se réjouit-il de constater que, malgré l’humour, l’auteur nous invite à une réflexion sur la tragédie de cette maladie qui va toujours en s’empirant. Comment ne pas être ému par cette pièce qui aborde le drame de la maladie d’Alzheimer ?
Le personnage de cet amnésique, parfois bougon, est le rôle idéal pour Patrick Chesnais, génial ! Il est à la fois drôle et fragile quand la comédie côtoie le tragique.

Une pièce qui apporte un beau moment qui remue. Un moment poignant, émouvant, rare !

A la fin applaudissements, standing ovation et acclamations saluent la pièce, sa mise en scène et son interprétation. Bravo !

Caroline Boudet-Lefort

samedi 17 mars 2018 | 20h30
dimanche 18 mars 2018 | 15h30
mardi 20 mars 2018 | 20h00
mercredi 21 mars 2018 | 20h30
jeudi 22 mars 2018 | 20h00
vendredi 23 mars 2018 | 20h30
samedi 24 mars 2018 | 20h30
dimanche 25 mars 2018 | 15h30
Pour réserver : http://www.anthea-antibes.fr/fr/spe...

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