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Anthéa - Collectif 8 : « Le meilleur des mondes » (d’après Aldous Huxley)

Dans le roman d’ Aldous Huxley, « Le meilleur des mondes », un conte philosophique dans un monde sans souffrance, la société dans son ensemble est conçue pour assurer le bonheur aux hommes. Mais, ce bonheur est l’idée que se font les dirigeants et qu’ils imposent à l’humanité. Une idée matérialiste en supprimant les souffrances physiques ou morales et en comblant tous ses désirs par une abondance de biens de consommation.
Ils sont quatre sur scène pour représenter la multitude humaine de cette dystopie. rogrammés par leur conditionnement, ces humains de l’avenir sont en quelque sorte des robots vivants.

Voilà ce que montre l’adaptation théâtrale et la mise en scène de Gaële Boghossian qui entretient une tension permanente, là où Aldous Huxley ne faisait que décrire ou énumérer.

Le tout submergé d’une nouvelle création vidéo de Paulo Correia. Trop de vidéo ? Limite trop, mais ça va grâce au talent de Paulo Correia : il aime la vidéo et la manie avec art jusqu’à l’excès. Il en met tant et plus dans les spectacles du Collectif 8 et cela s’accorde au mieux dans leur nouvelle création « Le Meilleur des mondes » d’après Aldous Huxley et qui nous entraîne dans son univers jusqu’au « too much » !

Un conte philosophique dans un monde sans souffrance, voilà ce que montre l’adaptation théâtrale de Gaële Boghossian et sa mise en scène d’un huis clos excessif qu’elle a élargi au maximum en occupant tout l’espace en longueur, en largeur, en hauteur, …

Ils sont 4 comédiens sur scène pour représenter la multitude humaine du roman dystopique sur l’addiction au bonheur pour chaque individu qui devient la propriété sexuelle commune de tous. «  Le mariage veut dire pour toujours », ce qui est effrayant !
Programmés par leur conditionnement, ces humains de l’avenir sont en quelque sorte des robots vivants. Le bonheur permanent justifie la suppression de la liberté, de l’art, de la science,… Il existe des zones isolées avec des « sauvages » qui repoussent le mode de vie matérialiste du « meilleur des mondes », davantage repoussoir qu’objectif !

Sur scène, d’abord Paulo Correia dans un rôle qui pourrait être celui d’un Mr Loyal puisqu’il présente cet univers pernicieux. Océane Berger interprète toutes les femmes, passant aisément de l’une à l’autre. Matthieu Astre et Damien Rémy complètent la distribution dans des rôles souvent exigeants et complexes pour restituer le fourmillement du roman où une humanité artificielle et hiérarchisée (malgré les apparences) peuple ce « meilleur » des mondes » !

Grâce à une drogue apaisante, le soma (le corps, en grec), l’addiction au bonheur semble facile. Mais aussi dangereuse puisque pernicieuse, illusoire.

« Le meilleur des mondes » est le pire des mondes ! Un cauchemar, mais le spectacle adapté par Gaële Boghossian est génial, passionnant, époustouflant ! "

Caroline Boudet-Lefort

Visuel de Une : ©ANTHEA/Collectif 8

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