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« En attendant Bojangles » prend vie à Anthéa

« En attendant Bojangles », le très joli roman d’Olivier Bourdeaut prend vie sur scène grâce à l’adaptation et à la mise en scène de Victoire Berger-Perrin qui a parfaitement tiré le fil des mots du livre. Après un grand succès en Avignon durant le festival 2017, la pièce a tourné ici et là avant d’arriver à Antibes où opère la magie d’un « amour fou ».

Quand elle et lui se sont rencontrés, il a aussitôt compris qu’elle était un peu zinzin, mais pas au point de s’en inquiéter outre mesure, et, comme elle avait déjà jeté son dévolu sur lui, cela l’a séduit et il est tombé sous son charme. Dès lors, il jure d’aimer et d’accompagner toutes celles qu’elle sera - il l’appelle d’ailleurs chaque jour d’un prénom différent -. Ils se marient en dehors des codes habituels et ont un fils. C’est lui qui raconte leur vie de fêtes, de danses, de défilés d’amis, de maisons fabuleuses comme des châteaux en Espagne ! On y danse et on fait ripaille, on y est cigale et pas du tout fourmi. Pour ne pas s’alarmer, on n’ouvre pas le courrier. Après des soirées arrosées et dansantes, le fils ne va pas à l’école le matin afin de se reposer. Si sa maîtresse s’en inquiète, elle est bien la seule, d’autant qu’elle n’entend rien aux justifications des parents, décrétant que c’est vraiment une « famille de cinglés ».

Peu à peu, la mère a de « drôles de fous rires malheureux ». Père et fils souhaitent que ce cauchemar s’arrête et qu’elle retrouve ses esprits. Elle tente de résister contre ce mal qui arrive par crises, et, dès qu’elle réalise qu’il la domine, elle met fin à sa manière à cette lutte impossible.
Si cette histoire est une tragédie, elle est devenue comédie légère et pétillante dans cette vie joyeuse d’une famille qui attend impatiemment que démarre sur le pick-up la voix de Nina Simone chantant « Mr Bojangles » pour s’élancer dans la danse ! Chez eux, il n’y a de la place que pour la joie et le plaisir. Pour une fête perpétuelle où tous les amis les rejoignent. Jusqu’à ce que la « société administrative » s’en mêle et que le drame arrive à grands pas.

Avec ou sans lecture du livre, ça fonctionne à merveille entre humour et poésie et le public semble ravi.

Anne Charrier et son merveilleux sourire ne séduisent pas seulement son mari (Didier Brice), mais aussi chacun de nous. C’est elle qui entraîne dans son tourbillon extravagant tout l’entourage. Leur fils est interprété par le jeune Victor Boulenger qui a peu joué au théâtre où il est déjà épatant (à suivre, donc !)

L’essentiel du livre est là, récité par les trois comédiens, avec leurs battements de coeur et leurs sentiments excentriques mais sincères. Evidemment on regrette que Mademoiselle Superfétatoire ne soit pas sur scène. Les personnages se contentent de parler de cet oiseau très présent dans le livre. Ainsi que l’ami sénateur, l’Ordure, dont on aurait eu plaisir à voir le si gros ventre.
Mais le principal est là : l’amour fou !
Caroline Boudet-Lefort

Photo de Une : L’adaptation au théâtre du roman d’Olivier Bourdeaut a enflammé le Festival Off d’Avignon 2017, et Paris depuis un an. ©2018 anthéa

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