A droite du plateau, donc le conférencier : Romain Lemire, très respectable et digne en costume cravate, qui prend un ton le plus sérieux possible, mais un rien pince-sans-rire, pour narrer la vie d’un certain Yves-Marie Le Guilvinec, marin breton embarqué comme mousse dès sa jeune adolescence et mort en mer, en 1900, à seulement 30 ans. Ayant laissé peu de traces, personne n’a entendu parler de lui et ses poèmes ne sont cités dans aucune anthologie, dit-il avec regret. Et pour cause...
Sur la gauche sont réunis des musiciens pluri-instrumentistes : Antoine Sahler passe du clavier à l’accordéon, de la guitare à la trompette et, de plus, chante parfois. Muriel Gastebois chante également, mais elle est surtout postée aux percussions, tandis qu’Amos Mah joue tantôt de la guitare, tantôt du violoncelle.
Au centre, c’est François Morel qui interprète la vie de ce soi-disant marin breton qui aurait laissé des chansons que le comédien chante !
Cet ancien de la Compagnie des Deschiens n’a rien perdu de cet humour si spécifique dont on retrouve l’esprit dans ce spectacle et c’est tant mieux ! Personne ne s’en plaindra !
Le public éclate volontiers de rire et se réjouit d’entendre entonner des chansons, car il possède de multiples cordes à son arc !
De plus, il n’hésite pas à se déguiser en femme en robe campagnarde noire et sabots pour interpréter la mère du « poète » à qui celui-ci écrit « ma chère maman, merci pour le saucisson et merci pour les chaussettes » ! C’est dire le niveau bon enfant et facétieux du spectacle ! Et, plus tard, quelqu’un ose énoncer sérieusement que « la pluie n’est pas née de la dernière pluie » !
En toile de fond, de vieilles images vidéo montrent la Bretagne d’antan et ajoutent à l’ambiance des chansons, tandis que, sur scène, on entonne « La pêche à la morue » ou « La Paimpolaise », en prouvant qu’il n’y a pas de falaises à Paimpol ...
Pour finir, Romain Lemire sort malicieusement de sa contrainte de conférencier pour venir chanter avec François Morel et faire ce constat :
« Un jour,il n’y aura plus un poisson dans la mer,
Plus un oiseau dans l’air,
Et plus personne sur la terre ! »
Malgré tout, reste ce plaisir de s’amuser de façon aussi joyeuse et décontractée !
Dans un final d’une gaieté folle viennent s’ajouter à la joie générale des ensembles vocaux d’Antibes : l’Echo de la Gravette, la Chourmo et les Ménestrels d’Antibes. Tous à la fête !
Caroline Boudet-Lefort
