Aussi, osera-t-on émettre quelques réserves pour cette pièce qui nous a cependant beaucoup plu...
C’est donc les histoires de tous ceux qui arrivent dans « la jungle de Calais » et qui voudraient bien sortir de cet espace de solidarité en obtenant une vie digne.
Mais, peut-être y a-t-il dans cette pièce trop de personnages dont on suit temporairement l’histoire, ce qui fait que le spectateur, à peine attaché à l’un, est déjà entraîné dans l’histoire d’un autre et ainsi de suite… Certes, c’est sans doute ce qui fait la richesse de cet auteur, mais parfois c’est trop ! D’aucun que chacun est attachant, chacun avec une histoire douloureuse de ceux qui sont prêts « à tout » pour quitter la misère ou les souffrances endurées dans leur pays d’origine.
Issa, un jeune Erythréen agressé dans « la jungle de Calais » et laissé pour mort, a perdu la mémoire. Son passeport reste le seul élément de son passé. On le suit, retrouvant peu à peu des miettes de mémoire, tandis qu’il tente d’obtenir une carte de séjour, et d’ouvrir un restaurant avec deux copains, l’un Indien, l’autre Syrien, sans papiers comme lui. Il y a aussi un gendarme d’origine comorienne qui surveille les camions qui passent la frontière vers l’Angleterre afin d’empêcher les migrants de s’y cacher.
Sept comédiens – tous excellents – endossent chacun plusieurs rôles pour servir ce texte davantage fable que témoignage.
L’auteur veut embrasser trop de cas, trop de situations, en laissant supposer qu’il est facile d’obtenir des cartes de séjour pour les immigrés, alors que l’on sait combien, dans la réalité, ils galèrent. Leur odyssée n’a pas grand chose de dramatique, sans rien de social pour un spectacle engagé sur le sujet de l’exil et des migrations.
Entremêlant leurs histoires à la Grande Histoire, les personnages sont émouvants et très bien interprétés par d’excellents comédiens, passant si nécessaire d’un personnage à un autre sans que le rythme ne faiblisse. La pièce reste ainsi toujours d’une grande fluidité.
Caroline Boudet -Lefort