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Anthéa - « La Fontaine », écrit, mis en musique et interprété par Clément Althaus

La vie de Jean de La Fontaine serait-elle une fable, comme celles qu’il a écrites tout au long de sa vie ? C’est ainsi que l’imagine Clément Althaus (avec la Cie StART 361°) dans son spectacle musical, simplement intitulé « La Fontaine ». Il s’attache à la fin de vie du fabuliste alors qu’il est déjà très malade et que c’est le temps d’un retour sur lui-même, sur ses comportements et sur ses écrits. Sa vie devient alors une fable truffée des fables qu’il a inventées et qui s’introduisent astucieusement dans le spectacle pour chacun des actes dont il devrait se repentir.

La vie de Jean de La Fontaine serait-elle une fable, comme celles qu’il a écrites tout au long de sa vie ? C’est ainsi que l’imagine Clément Althaus (avec la Cie StART 361°) dans son spectacle musical, simplement intitulé « La Fontaine ». Il s’attache à la fin de vie du fabuliste alors qu’il est déjà très malade et que c’est le temps d’un retour sur lui-même, sur ses comportements et sur ses écrits. Sa vie devient alors une fable truffée des fables qu’il a inventées et qui s’introduisent astucieusement dans le spectacle pour chacun des actes dont il devrait se repentir.

Clément Althaus s’approprie alertement des pans de la vie de La Fontaine et les transforme à sa guise.

Entouré d’une bande de femmes qui, chacune dans sa fonction, l’aide dans sa démarche pour ce spectacle qu’il a choisi et écrit. Et tant pis s’il trahit un peu l’histoire et l’Histoire (avec un grand H). Le rideau s’ouvre sur le lit du malade, avec un genre de baldaquin transparent qui s’écarte ou se ferme. Ce lit s’inscrit dans un très joli décor, astucieusement éclairé par Samuèle Dumas. A droite, apparaît une nonne (Aliénor de Georges) venue le convaincre de confesser ses péchés tout en jouant délicatement de la harpe, tandis qu’à gauche une garde-malade (Claudia Musso) le soigne en jouant du violon. Les deux femmes entourent La Fontaine en scandant des extraits de ses fables pour en faire un spectacle musical en live.

Lors de cette grave maladie, Jean de La Fontaine s’inquiète de l’au-delà après une vie assez dissolue. C’est là qu’il a la visite de cette nonne (dans la réalité ce fut un prêtre). Elle s’applique à lui faire abjurer ses écrits anticléricaux et sa vie épicurienne. Car, outre ses célèbres fables, l’illustre auteur a publié des contes licencieux qui lui créèrent bien des ennuis. Ainsi, malgré son ambition de moraliste, il n’a eu, sa vie durant, que des échecs et des humiliations. Plein de contradictions, c’est son côté grand rêveur qui lui a permis de se dédouaner de tous ces écrits libertins.

Entre les trois, les échanges sont vifs, chacun parlant de sa place, l’une de religion et de confession que l’auteur doit faire. Celui-là revendique ses écrits et la garde-malade souligne la fragilité de l’écrivain en fin de vie. Leurs prises de bec sont truffées de fables de La Fontaine qui apparaissent génialement à leur place. Il en a écrit 243 fables. En extraire quelques-unes pour les insérer de façon appropriée dans le spectacle a été un choix difficile qui s’est fait par d’heureux hasards, parait-il.

Recherchant à éviter la monotonie, La Fontaine a préféré la poésie qui l’emporte en densité verbale sur la prose.

Avec une aisance sans faille, il a mis en vers ses admirables fables leur donnant une cadence telle qu’elles s’inscrivent dans les mémoires dès l’enfance et donne du rythme au spectacle. Représentant des personnages symboliques, les animaux parlent et permettent à La Fontaine de raconter des fictions où il impose toujours une morale. Sa vie se faufile dans ce microcosme que Clément Althaus articule avec quelques éléments biographiques qu’il a déniché.

Paresseux de nature, c’est de façon impulsive que serait venue à La Fontaine l’inspiration de ces véritables bijoux d’écriture que sont ses fables célébrées dans le monde entier. Des fables parfois très courtes dont la morale finale est souvent devenue proverbe, tel : « Rien ne sert de courir, il faut partir à point » qui clôt « Le lièvre et la Tortue ». Le lièvre court vite mais caracole, tandis que la lente tortue se préoccupe d’avancer sans se laisser distraire. Elle gagnera la course.

Gaële Boghossian est intervenue dans la mise en scène. Connaissant son talent, il est facile de deviner où elle y a mis son grain de sel, aussi bien que dans la scénographie et les costumes.

La Fontaine est mort, il y a tout juste 400 ans. Son succès dure encore aujourd’hui et n’est pas près de cesser....

Caroline Boudet-Lefort

Note de la rédaction  : Nous avons vu le spectacle durant l’enregistrement à Anthéa pour les abonnés. Le spectacle sera présenté au public en décembre 2021. Toutes les infos sur le site d’Anthéa

Visuel de Une DR Claire Holzer/Anthéa

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