| Retour

Fin de cet événement Janvier 2023 - Date du 6 janvier 2023 au 17 janvier 2023

ANTHEA - L’ORESTIE d’Eschyle – adaptation de Gaële Boghossian

Quel énorme travail ! Gaële Boghossian s’est lancé dans l’adaptation théâtrale de trois énormes bouquins que représente « L’Orestie » d’Eschyle : « Agamemnon », « Les Choéphores » et « Les Euménides ». Elle réussit à contenir les trois pièces en un seul spectacle qui dure une heure et demie.

Datant de 5 siècles avant J C, cette trilogie, du théâtre classique de la Grèce antique, correspond cependant aux problématiques d’aujourd’hui et soulève des questions toujours d’actualité où, même au temps de #Me Too, la société reste plutôt patriarcale.

Sur scène, ils sont seulement trois comédiens du Collectif 8, mais c’est essentiellement Gaële Boghossian qui, en Clytemnestre, perchée en haut d’une trône magistral, déroule un immense texte, sans difficulté, semble-t-il ! Chapeau !

Aucune monotonie, le magnifique décor est sans cesse recouvert de fastueuses images d’une tonitruante vidéo somptueusement réalisée par Paulo Correia, qui signe également la mise en scène. La vidéo s’ajoute pour transformer la pièce en admirable fresque tragique. Ainsi, on voit des escaliers où, sur les marches, s’accumulent des cadavres ensanglantés.

Dans la 3ème partie, Oreste, ramené par l’oracle de Delphes, arrive au Palais d’Agamemnon. Il veut tuer sa mère, Clytemnestre, qui, elle, a tué son père.

Cette histoire mythique de la famille des Atrides, chacun la connaît : de malédiction en malédiction, le palais d’Agamemnon devient « un bourbier immonde » et c’est « vengeance contre vengeance  ».

La magie virtuelle est somptueuse : Paulo Correia explore de plus en plus la vidéo. Il y a des moments où il semble qu’un serpent va atteindre un spectateur : de plus en plus proche, il agite, vers la salle, sa langue chargée de venin.
Ces images scéniques de vidéo sont le choix systématique du Collectif 8 et, ce choix va, sans cesse, en augmentant.

La complexité de Clytemnestre vaut pour toutes les femmes. Elle ne veut qu’exprimer sa liberté et ses choix, aussi cruels soient-ils, ou semblent-ils être. Revendiquant l’égalité d’un comportement comme celui d’un homme, elle conteste le rôle de la femme faite uniquement pour donner la vie, et non la supprimer.
Encore aujourd’hui, une femme qui tue n’est pas regardée comme un homme qui tue. C’est, semble-t-il, trop loin de la nature profonde de la femme.
Le resserrement des trois énormes pièces, pour en faire un seul spectacle, permet de mieux percevoir la contemporanéité de ce triptyque tant sur le plan de l’asservissement de la femme que sur des questions politiques que Gaële Boghossian a fort bien su souligner.

Et, même s’il est parfois ardu à suivre, ce spectacle est absolument passionnant et magnifique !

Caroline Boudet-Lefort

Représentations

vendredi 6 janvier 2023 à 21h00
samedi 7 janvier 2023 à 21h00
mardi 10 janvier 2023 à 20h30
mercredi 11 janvier 2023 à 21h00
vendredi 13 janvier 2023 à 21h00
samedi 14 janvier 2023 à 21h00
mardi 17 janvier 2023 à 20h30
mercredi 18 janvier 2023 à 21h00
jeudi 19 janvier 2023 à 20h30

Réservations par ici

Visuel de Une DR ANTHEA

Artiste(s)