Lors de la précédente venue de Gérard Depardieu, les fervents admirateurs de Barbara étaient comblés tant le comédien sait s’approprier à sa manière l’intimité des chansons de Barbara sans trahir la chanteuse qui manque cruellement à ses fanatiques. C’est cette intimité qui est à souligner, car Gérard Depardieu ne déploie pas une voix de chanteur en tirant sur ses cordes vocales, au contraire, son répertoire est chanté ou parlé – parfois « parléchanté » - ou juste murmuré avec émotion comme si le corps massif de Depardieu était habité par Barbara elle-même, avec toute sa fragilité féminine. Certains morceaux sont extraits de Lilypassion, un spectacle musical interprété par eux deux ensemble en 1986, et qui avait consolidé, soudé fortement, leur amitié.
Inspiré en tant que fidèle compagnon durant leurs dix-sept ans d’amitié, Depardieu pénètre l’univers de la chanteuse qui ne semblait appartenir qu’à elle seule et il a la capacité de savoir tirer toute la saveur des mots, avec des intonations délicates malgré son corps massif. Il ajoute des silences qui en disent long... Göttingen, Le mal de vivre, La petite cantate, Dis, quand reviendras-tu ?, ou encore L’aigle noir, ... Cet aigle noir qui surgit dans la nuit, c’était le père de Barbara qui venait abuser d’elle dans son enfance et à qui elle a pardonné dans Nantes.
A la fois monumental et fragile, l’immense comédien, au charisme indéniable, met en avant sa part féminine lorsqu’il murmure « je suis une femme qui chante » et on l’accepte avec émotion : c’est un régal à voir et à entendre.
Barbara est bien présente, elle nous envoûte encore et, à travers lui, on entend les intonations de sa voix qui montait et descendait si vite, passant d’un registre à l’autre.
Il ne pouvait y avoir plus bel hommage rendu à une amie qui lui reste chère après sa disparition, il y a plus de vingt ans, que de partager avec le public ce répertoire qu’il aime tant « Mourir pour mourir, Ma plus belle histoire d’amour, ... » Le coeur palpite et l’émotion est à son sommet.
Proche de son vocabulaire, il sent les mots, les savourant à sa manière intuitive qui a fait de lui cet incontestable grand comédien. S’il a pu jouer dans tous les registres, de la tragédie à la comédie, sur scène ou au cinéma, il montre au public qu’il peut aussi émouvoir avec ce répertoire de chansons. Jamais Barbara n’a été aussi bien célébrée que par ce colosse qui semble étonné des applaudissements enthousiastes d’un public comblé par cet hommage !
Attention en raison du couvre-feu consulter le site du Théâtre ANTHEA par ICI pour connaitre les bons horaires des représentations
Caroline Boudet-Lefort