Les seniors sont donc tenus de se rendre dans un centre spécialisé pour obtenir un « package » où ils trouvent tout ce qui est nécessaire pour en finir au plus vite et ainsi laisser place aux jeunes qui eux sont productifs.
Ces vieux obtiendraient un soutien financier pour les aider à avoir une certaine amélioration lors de leur fin de vie. C’est présenté comme s’il s’agissait de les dorloter !
Michi (Chieko Baishô), une septuagénaire à la retraite voit avec panique la date fatidique approcher ! Elle aurait encore tant de choses à vivre, même si elle n’a pas de famille ! Mais des « petits riens » peuvent la réjouir chaque jour : un repas au restaurant, et même les simples gestes de sa routine,... Pourtant elle voit ses amies « partir » peu à peu et elle craint le pire ! Même son appartement est « bon pour la démolition ».
Surtout axé sur cette femme, le film suit cependant d’autres personnages, telle une jeune aide-soignante philippine (Stéphanie Arianne) qui cherche à comprendre le sens que Michi donne à sa vie et d’en tenir compte au mieux de ses possibilités. De même qu’un recruteur pour ce plan (Hayato Isomura) qui tente de persuader, avec une multitude d’égards, du bienfait de cette solution d’euthanasie généralisée.
Mais qui a envie de mourir ? Quelle que soit la dureté de sa vie, chacun s’y accroche et fuit la mort.
Avec un très large éventail de situations, le film en aborde la diversité. Avancer l’ultimatum à l’âge de 65 ans est même évoqué ! Est-ce ce chemin que pourrait choisir de prendre l’humanité ? De ne considérer l’autre qu’en fonction du profit de la société et d’exclure les personnes les plus vulnérables ?
Tous les comédiens interprètent leurs personnages avec des nuances subtiles s’ajoutant au talent de la jeune réalisatrice pour son premier long-métrage au scénario très original. D’ailleurs le film a obtenu une mention spéciale de la Caméra d’or, au dernier Festival de Cannes où il était présenté dans la section Un Certain Regard.
Pourrait-on craindre que la fiction de ce« Plan 75 » puisse sembler séduisant pour certains afin de résoudre tous les problèmes des retraites. Ce serait radical, non ?
Caroline Boudet-Lefort