Cependant Banel et Adama s’aiment d’un amour fou et rêvent d’avoir leur maison à eux seuls pour vivre ensemble tous deux, indépendamment de leurs familles. Mais la passion peut-elle résister au poids des traditions ? Dans cette contrée, il n’y a pas de place pour la passion et tout ce qu’elle pourrait entraîner...
Entre le conte et la tragédie, c’est un premier film stupéfiant, réalisé en langue peule.
Les dérèglements climatiques se mêlent aux dérèglements sociaux qui ne sont pourtant même pas envisageables dans une société rigidifiée par les traditions archaïques immuables.
Quoique très attachant et surprenant, ce film - d’une toute jeune réalisatrice diplômée de la Fémis, Ramata-Toulay Sy - est trop fragile pour avoir eu la moindre chance de se retrouver au palmarès du dernier Festival de Cannes. « Banel et Adama » était le seul premier long-métrage cependant sélectionné en compétition, mais en lice face à de grosses pointures. La qualité d’une photo magnifique ne pouvait suffire à le distinguer grâce à un prix.
Il faut dire que la photo est particulièrement remarquable et chaque spectateur se souviendra longtemps de la virtuosité avec laquelle ont été filmées les tempêtes, également de plus en plus fréquentes dans cette partie du globe. Mais, la population en rend responsable le couple d’amoureux qu’elle juge trop libre. Surtout qu’une dimension fantastique s’en mêle...
Quoique débutants, Khady Mane et Mamadou Diallo sont exceptionnels dans les principaux rôles et Banel nous sidère en tuant au lance-pierre des lézards ou des oiseaux,. Sans qu’il soit seulement question de féminisme, elle est indépendante et autonome, quoique ligotée par les conventions de son village...
On a pu apprécier, au dernier Festival de Cannes, de voir que l’Afrique était nettement davantage représentée cette année que dans les sélections précédentes.
Six films dans la sélection officielle (Compétition et Un Certain Regard), dont deux en compétition (« Les filles d’Olfa » de la Tunisienne Kaouther Ben Hania et donc « Banel et Adama »). De plus, ce sont deux films réalisés par des femmes dont les noms viennent s’ajouter à ceux de grands réalisateurs comme le Malien Souleymane Cissé (« Tilaï »), le Mauritanien Abderrahmane Sissako (« En attendant le bonheur »), le Burkinabé Idrassa Ouedraogo...
Caroline Boudet-Lefort