Tout commence par un monumental embouteillage suite à une énorme agitation à l’intérieur d’une camionnette d’où sort, en s’envolant, un homme avec d’immenses ailes d’oiseau rapace...
Tout le monde est effrayé : les automobilistes dans le film, mais aussi les spectateurs de la salle de cinéma devant cette scène très impressionnante. Il y en aura beaucoup d’autres !
On se concentre alors sur un père (Romain Duris) et à son fils Emile (Paul Kircher) qui vont tous deux dans un hôpital voir la mère au visage déjà couvert de poils d’animal et dont le corps commence aussi à se transformer.
Comme ces êtres hybrides la société les pourchassent en les enfermant pour tenter de leur rendre leur apparence humaine, cette femme sera égarée dans la campagne, au cours d’un transfert où un accident de car a laissé tous ces mi-hommes mi-animaux s’évader dans la nature. Le père et le fils sont donc obligés de passer la campagne au peigne fin pour tenter de retrouver la disparue.
Il y aura un orage très spectaculaire dans des bois où les arbres s’agitent de façon effrayante et des scènes magnifiques dans la forêt où Emile retrouve l’homme-oiseau enfui de l’embouteillage et, peu à peu, il copine avec lui.
Emile lui-même commence à muter avec de premières transformations, telle l’apparence de griffes sous ses ongles et de poils dans son dos qui se déforme,...
Très bel adolescent, Paul Kircher est parfait dans ce rôle subtil, à la fois juvénile et mûri par les circonstances
Il forme un « duo » idéal avec Romain Duris, très émouvant en mari éprouvé par la métamorphose de sa femme et aussi en père protecteur, quoique dépassé de voir son fils se transformer : par la puberté d’abord, puis par cette irréversible mutation animale.
Une gentille policière (Adèle Exarchopoulos) va les prendre en amitié et les aider efficacement dans les épreuves auxquelles ils doivent faire face, ne serait-ce qu’en les mettant devant une réalité dont ils refusent de mesurer l’ampleur.
À la fois, film fantastique et fable écologique, « Le règne animal » est aussi une sorte de conte politique sur le rejet de l’autre différent
Sur les murs, on lit des slogans du style : « Pas de bestioles ici ». Bestioles, c’est le nom donné par la population à ces créatures sauvages ou êtres hybrides. Cette attitude évoque les migrants ou même le Covid. Aucune tolérance, ni solidarité. Aussi l’attitude d’Emile est-elle particulièrement touchante dans son aide et soutien à l’homme oiseau qu’interprète de façon subtile et insolite, Tom Mercier.
Ce film est une totale réussite, neuf ans après « Les Combattants », premier long-métrage de Thomas Cailley, salué par la critique et par un grand succès auprès du public.
Caroline Boudet-Lefort