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Fin de cet événement Octobre 2023 - Date du 27 septembre 2023 au 22 octobre 2023

LE PROCES GOLDMAN de Cédric Kahn

Le film ne quitte pas la salle d’audience du Palais de Justice d’Amiens où commence, en novembre 1975, le second procès de Pierre Goldman. Un procès retentissant pour un intellectuel et militant d’extrême gauche qui en représentait tant d’autres. Il est d’ailleurs soutenu par Simone Signoret, Sartre, Régis Debray et de multiples autres personnalités de l’époque pour avoir publié « Souvenirs obscurs d’un Juif polonais né en France », livre qui avait obtenu un certain succès.

A travers ce procès, Cédric Kahn relate le parcours d’un militant révolutionnaire, accusé de quatre braquages et d’avoir tué deux pharmaciennes Boulevard Richard Lenoir, à Paris.

Goldman nie farouchement avoir assassiné les deux femmes, mais reconnaît les braquages : à cette époque où « il est interdit d’interdire », les dérives allaient bon train...
Intellectuel et militant d’extrême gauche comme bien d’autres, Goldman porte en lui la légende d’une époque : mai 68 et les années qui suivirent.
Juif polonais d’origine, né à Paris d’un père héros de la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale, Pierre Goldman avait une immense maîtrise de soi, une grande noblesse et déjà une image très médiatique. L’éloquence est son arme, mais il ajoute de la provocation ce qui va contre lui. La détermination de son regard accentue sa bataille sur le moindre point, jusqu’à faire une accusation pour sa défense.
Les témoins défilent à la barre, la caméra scrute les visages.

Goldman, lui, clame au comble de la conviction : «  Je suis innocent, parce que je suis innocent ! »

Cette fois pour le défendre, il a un jeune avocat, Georges Keijman, alors inconnu, mais qui deviendra une star du barreau. Le dossier est lourd : Pierre Goldman a déjà été condamné, mais il représente le portrait de la société d’une époque qui a besoin de se trouver des symboles et qui lutte déjà contre des discriminations encore d’actualité (la brutalité de la Police, le racisme contre les noirs et contre les juifs, le mépris de classes,...)

Dans le rôle de Pierre Goldman, Arieh Worthalter est génial : à la fois intense et démuni. Il incarne ce marginal exalté avec densité. Dans le rôle de son avocat Kiejman, Arthur Harari (le même qui avait participé au scénario de « Anatomie d’une chute », Palme d’or à Cannes, cette année). Il est impeccable en brillant dans sa plaidoirie où toutes les failles de l’accusation sont mises à jour et Goldman sera acquitté par manque de preuves. (Le film respecte la réalité de l’époque et la plaidoirie est à l’identique, seulement raccourcie.)

Le spectateur a l’impression réelle d’assister à un procès, peut-être même de faire partie du Jury. Aucune échappée de cette salle où chacun est enfermé ! Quelle réussite !

Caroline Boudet-Lefort

Sortie 27 septembre 2023 / 1h 55min / Policier, Drame, Historique, Judiciaire
De Cédric Kahn
Photo de Une : Arieh Worthalter |Copyright Moonshaker

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