| Retour

Fin de cet événement Janvier 2023 - Date du 7 décembre 2022 au 1er janvier 2023

"Les bonnes étoiles", d’Hirokazu Kore-eda

Après avoir tourné en France, en 2018, « La Vérité » (avec Catherine Deneuve et Juliette Binoche), cette fois c’est en Corée que le réalisateur Japonais Hirokazu Kore-eda est allé réaliser « Les bonnes étoiles », avec des acteurs coréens, dont le célèbre Song Kang Ho, énorme star dans son pays où il a tourné avec tous les plus grands cinéastes.

Il faut dire qu’en Corée le problème de l’abandon des bébés est encore plus aigu qu’au Japon et qu’on y trouve encore davantage de «  boîtes à bébés » qui permettent toute la discrétion souhaitée. En Europe, au Moyen-âge, on les appelait « les tours d’abandon ». Maintenant, en France, une mère peut « accoucher sous x » et garder un total anonymat.

Au cours d’une nuit de pluie diluvienne, une jeune femme abandonne son bébé, mais voit que ce sont deux trafiquants qui se l’approprient pour en tirer profit auprès de couples en mal d’enfant.

Restée à distance pour observer, la mère comprend la combine et se glisse dans leur véhicule afin d’avoir sa part d’argent et de vérifier la qualité des parents d’adoption.

Alors, commence un véritable film d’aventures qui est loin d’être le meilleur de Koré-eda. On ne retrouve pas les serrements de coeur que provoquait « Nobody knows » où une mère partait laissant sa fillette élever seule ses jeunes frères, ni l’émotion que procurait ce père découvrant que le fils qu’il avait tendrement élevé n’était pas le sien dans « Tel père, tel fils » (2013), ou encore, dans « Une affaire de famille  » (Palme d’Or 2018), cette petite fille recueillie dans une famille recomposée à l’extrême, où elle trouve une tendresse inconnue jusqu’alors ...

Il s’agit toujours d’histoires de famille dans un sens très large du terme : des familles qu’on s’invente, qu’on bricole, avec des liens plus ou moins imaginés, mais pourtant solides. Des liens que le spectateur découvre peu à peu et souvent avec surprise. La famille reste le thème de prédilection d’Hirokazu Kore-eda avec des situations des plus extravagantes parfois et qui offrent au spectateur une multitude de situations réjouissantes.

Cette fois c’est sous l’angle de l’adoption qu’il parle de la famille : pourquoi une femme en vient-elle à l’abandon de son enfant ? pourquoi un couple chercher-t-il à s’approprier un enfant délaissé ? quel rôle joue les orphelinats ou autre institution de fortune ?....

« Les bonnes étoiles » nous a paru davantage plan-plan que les films précédents d’Hirokazu Kore-eda, même si les aventures y sont plus spectaculaires que d’habitude et même si cette petite communauté de trafiquants est pour le moins attachante et insolite. Il semble manquer la qualité d’émotion habituelle chez ce réalisateur. Il prend son temps pour divulguer quelques surprises qui malgré tout nous épatent et on accepte l’inacceptable.

L’interprétation est excellente avec ce qu’il y a de mieux comme acteurs coréens : d’abord Song Kang-ho, déjà cité, qui a obtenu, au denier Festival de Cannes, le Prix d’interprétation masculine pour ce rôle. Alors que nous l’aurions volontiers accordé à Benoît Magimel dans « Pacifiction » d’Albert Serra ou à Pierfrancesco Favino dans « Nostalgia » de Mario Martone (2 superbes films repartis bredouilles de Cannes, et qui auraient mérité un coup de projecteur).
Certes, Song Kang-ho est comme toujours épatant, et il est magistralement entouré de Gang Dong won, Doona Bae, Lee Ji Eun, Lee Joo Young, ... Toute la crème du cinéma coréen !

Caroline Boudet-Lefort

Sortie en salles le 7 décembre / 2h 09min / Drame
Photo de Une : ©Metropolitan FilmExport

Artiste(s)