En compétition au dernier Festival de Cannes, ce film – très beau – n’a pourtant été guère apprécié lors de sa présentation qui n’a pas soulevé l’enthousiasme.
Jeune ouvrière dans une usine de confection tandis que son mari est sur le front, Karoline (Trine Dyrholm) entame une relation avec son patron qui s’empresse de l’abandonner quant elle est enceinte. Pas d’autre choix que de s’en remettre à une femme qui dit avoir une agence d’adoption clandestine : contre argent, elle aide les mères célibataires à faire adopter leur enfant par des riches.
En fait elle élimine les bébés dans des égouts. Pourtant, cependant, elle cherche à aider Karoline en l’utilisant comme nourrice. ..
Alors qu’elle le croyait mort, car ne recevant aucune nouvelle, son mari revient du front. Mais, accidenté, avec une « gueule cassée ». Il sera juste bon pour figurer dans un cirque, en fait le seul véritable cocon chaleureux dans la beauté très sombre du film.
« La jeune femme à l’aiguille » est réalisé dans un superbe noir et blanc qui a du cachet, pour un scénario noir, très noir.
Le misérabilisme est fortement accentué par la multitude de malheurs s’accumulant sur Karoline qui descend de plus en plus bas, tandis que la caméra joue sur la verticalité. L’émotion n’est pourtant guère au rendez-vous.
Le personnage le plus aimable, le plus compatissant du film est cependant le plus monstrueux. Cette femme, Dagmar (Victoria Carmen Sonne) qui éliminait les bébés, en se planquant derrière un mensonge. Elle a réellement existé au Danemark : ce fait divers fit un grand scandale à l’époque et reste très connu dans ce pays encore aujourd’hui.
Caroline Boudet-Lefort