Plutôt que de suivre le chemin tout tracé de la classe privilégiée où Enzo (Eloy Pohu) vit avec ses parents, l’adolescent, paumé dans ses études, préfère se confronter à la vie des ouvriers et il travaille donc sur un chantier comme apprenti maçon, mais il n’est pas doué pour ce travail manuel.
Aussi son responsable sur le chantier souhaite-t-il rencontrer ses parents et il reste éberlué par le cadre luxueux où soudain il se trouve. Mais, justement ce cadre ne convient plus à Enzo qui préfère rejoindre sur le chantier son mentor officieux, un bel ouvrier ukrainien (Maksym Slivinskyi) qui l’attire sexuellement (ici on retrouve la marque de Robin Campillo, car ce n’était pas dans le scénario de Laurent Cantet).
Les parents d’Enzo (excellents Elodie Bouchez et Pierfrancesco Favino, qui ne caricaturent pas leurs personnages d’intellectuels nantis) ne savent plus comment faire avec leur fils, tout en essayant de communiquer avec lui par tous les moyens et de l’accompagner dans son parcours.
Mais Enzo, avec ses 16 ans, connait-il réellement quel est son désir dans sa vie à venir et la découverte de son homosexualité le perturbe. Ce qu’ignorent ses parents.
Le retour à la norme à la fin du film représenterait-il un échec ? Allez savoir !.... Enzo doit accepter sa sexualité - même ici impossible, pour cause de refus de celui qui l’attire -, mais aussi son retour, peut-être, dans le cercle familial. Pourquoi voudrait-il changer de classe sociale ?
Mais, si on part – de son milieu ou de son pays -, c’est finalement pour revenir ! L’un ira faire la guerre en Ukraine et l’autre rejoindra sa famille et tout retrouvera sa place dans cette chorégraphie des corps. Un très beau film !
Caroline Boudet-Lefort