Car voilà que cette femme découvre par hasard que, en fait de héros, son mari adoré (Vincent Elbaz), un flic célébré par la Police pour sa mort en service, était une ordure qui a sciemment fait condamner un innocent (Pio Marmaï). Elle décide d’aider celui-ci lors de sa sortie de huit ans de prison, afin de racheter la faute de son « ripou » de mari. Bien sûr, cette mère (Adèle Haenel), qui raconte chaque soir les supposés exploits paternels à son enfant pour l’endormir, devra moduler son histoire.
Débordant d’une rage rancunière, l’innocent pète les plombs à sa libération et veut devenir coupable pour ne pas avoir fait de la taule pour rien. Aussi prépare-t-il un mauvais coup.
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Tout s’enchaîne dans une mise en abîme : le film se situe sur deux niveaux, la réalité et la « légende », cette histoire qu’on se plait à traficoter pour l’embellir.
Pierre Salvadori les entremêle à loisir dans un rythme accéléré, promenant le spectateur entre la « belle histoire » et les magouilles du policier corrompu. Bien entendu, le faux coupable et la policière vont se rencontrer...
Dans cette comédie populaire sur des quiproquos et des faux-semblants, le réalisateur donne libre cours à une fantaisie burlesque, tandis que le spectateur est baladé d’aventures en aventures, toujours plus rocambolesques. Et plus virtuoses. Les gags s’amoncellent du style d’un casse en tenues SM capté par la vidéo alors que les surveillants la regardent amusés en imaginant une performance artistique ou un programme de télé réalité.
Les mensonges et les simulacres absurdes mènent la danse.
Mensonge de l’héroïne, du mari mort, du condamné qui a payé pour un faux hold-up, mensonges dans les histoires racontées à l’enfant pour l’endormir, mensonges dit à l’épouse (Audrey Tautou) qui attend à la sortie de prison, et surtout mensonges amoureux dans des jeux de masques - il y a beaucoup de masques en tout genre. Qui sont les coupables ? Qui sont les innocents ?
Bien dirigés, tous les acteurs sont formidables. A commencer par Adèle Haenel et Pio Marmaï, surprenants par leur énergie dans un registre comique où les répliques loufoques fusent comme des balles.
Où est la vérité ? Où est l’innocence ? De toute façon, tout est une blague, une bonne blague qui nous fait bien rire. Tout ? La vie, le cinéma, ce film en liberté... « En liberté ! »
Caroline Boudet-Lefort