Le personnage principal est magistralement incarné par Benjamin Voisin, très sensuel bien qu’il se montre parfaitement étranger à tout
L’acteur est très bien entouré par tous les autres interprètes : et déjà Marie, son amoureuse, qu’incarne avec exaltation Rebecca Marder : elle est un personnage plus important que dans le livre. Signalons aussi Pierre Lottin et Denis Lavant, également au générique.
Meursault tue accidentellement un arabe (il s’appellera toujours « l’arabe » sans aucun autre nom, dans le film comme dans le livre), ce qui le condamne, mais au cours du procès qui s’ensuit, on reprochera davantage au coupable d’avoir montré de l’indifférence à la mort de sa mère qu’à ses coups de revolver pour tuer. Pour quelle faute est-il finalement condamné à avoir la tête tranchée, il pose lui-même la question. Et lorsqu’il dit avoir tiré pour avoir été ébloui par le soleil, cela fait rire la salle d’audience et indigne tout le monde. A-t-il tué par dégout ? Par ennui ?
Quoique de nombreuses scènes se passent au bord de la mer et en extérieur, le film a été tourné en noir et blanc, comme s’il fallait le ramener à l’époque de la parution du livre en 1942, où il n’y avait pas de cinéma en couleurs. Le film n’en est pas moins bouleversant et très réussi. François Ozon a parfaitement réussi cette adaptation qui n’a rien d’évident à la lecture du livre de Camus.
Luchino Visconti avait déjà adapté cette œuvre en 1967 : le film n’eut guère de succès, et ne laissa aucun souvenir. Il n’est d’ailleurs jamais à l’affiche et n’est pas davantage programmé à la télévision. C’est bien dommage !
Caroline Boudet-Lefort

