Dans une des cellules d’une prison, des milliers de lettres de détenus sont brûlées par le régime sans être expédiées à leurs destinataires.
Mais, un jour, l’une d’elles, qui aurait du être éliminée, parvient à un jeune procureur à qui elle était adressée. Et celui-ci, qui vient d’être récemment nommé, croit, en lisant les plaintes exprimées, qu’il s’agit seulement d’un dysfonctionnement, aussi décide-t-il aussitôt d’enquêter.
Il se démène tout d’abord pour rencontrer le prisonnier, mais, d’épreuve en épreuve, il a bien du mal à le voir. Celui-ci, victime d’agents corrompus de la police secrète, la NKVD, est dans un piteux état dû à des tortures en tous genres. Le corps brisé par les interrogatoires, il raconte son calvaire.
Pour parvenir à voir ce pauvre type désemparé, le jeune procureur au regard candide a du circuler dans un labyrinthe de couloirs, d’escaliers, de cellules : un véritable cauchemar pour donner au spectateur, l’impression de tourner en rond dans un univers oppressant digne de Kafka.
Face à ce prisonnier, le jeune procureur au regard candide comprend combien il a été berné et que le régime en place n’est pas ce qu’il croyait. Egalement aussi qu’à l’échelon régional, le commissaire du peuple travaille à décapiter les meilleurs éléments du pays, de l’administration, et de l’armée.
Tout, dans son dysfonctionnement, fonctionne à plein régime pour un summum de destruction maximale, au plus fort de la répression stalinienne.
Avec d’excellents acteurs, le film parvient à donner, le plus qu’il est possible, cette impression angoissante recherchée.
Tourné en Lettonie, cette évocation cauchemardesque des purges staliniennes était cette année en compétition à Cannes. Ce film a été réalisée par Sergei Loznitsa qui avait déjà présenté deux précédentes réalisations au Festival : « My Joy » en 2010, et « Dans la brume » en 2012.
Caroline Boudet-Lefort
