Pourtant bientôt, dans leurs rendez-vous, les sentiments s’ajoutent au sexe. Imbroglios, malentendus, quiproquos, maladresses. Pas question de se sentir enchaîné, ni même engagé. Comme nous sommes dans le cinéma d’Emmanuel Mouret, tout reste léger. Du moins en apparence.
La mise en scène est fluide, assortie aux rapports de ce couple imprévu.
Légère, donc. Et, quand, pour ajouter du piment à leurs rendez-vous, tous deux décident d’une relation à trois, la scène est amusante, inénarrable, simplement désinvolte.
Le rythme alerte ne se relâche pas une seconde dans cette liaison, soi-disant passagère, mais pourtant à laquelle, ni lui ni elle ne souhaite mettre fin. Une complicité sans complications s’installe entre eux et le désir de plus en plus insistant d’accélérer les rencontres quoique l’un et l’autre refusent de l’admettre.
Avec une incroyable délicatesse, le film avance alertement sans lâcher une seconde son rythme souple et vif.
Très bien assortis dans le jeu de chacun des personnages de ce couple - lui gauche et réservé, elle rapide et insensée - Sandrine Kiberlain et Vincent Macaigne sont au top de leur talent ! Tous deux sont formidables avec leurs sensibilités particulières. Ils montrent l’étonnement de chacun dans leur attirance l’un vers l’autre et d’être si bien ensemble, sans aucune complication. D’eux, on ne connaît que leurs rendez-vous et ce qu’ils racontent de leur vie ailleurs, c’est-à-dire très peu. Ils se sont rencontrés dans une soirée et ont pris ensemble « un dernier verre » chez elle. Elle a fait le premier pas vers Simon éberlué mais ravi à l’idée d’une petite échappée qui ne l’engage pas.
Programmé en mai dernier dans la sélection officielle « Cannes Première », « Chronique d’une liaison passagère » a obtenu un franc succès tant auprès des médias que des festivaliers. Et le public suivra...
Comme dans chacun de ses films, Emmanuel Mouret – le roi du romantisme ! - ne montre aucun jugement sur ses personnages dans leurs faits et gestes, ni sur leurs histoires sentimentales et leurs complications amoureuses. Il lui suffit de diriger, avec précision et subtilité, ses comédiens épatants et c’est une réussite parfaite. Chaque spectateur se régale avec un plaisir fou !
Caroline Boudet-Lefort