À la charnière du muet et du parlant, stars et producteurs festoient dans des orgies colossales. Dès le début, un éléphant, trimballé comme énorme attraction pour une soirée festive, annonce le gigantisme démesuré de cette oeuvre monstre !
À l’image de son sujet, boursouflé et tourbillonnant, le film va de fête en fête entre alcool et cocaïne et s’attache à une star du muet Jack Conrad qu’interprète Brad Pitt et qui pourrait être John Gilbert, célèbre vedette d’alors. Excellent, l’acteur l’est particulièrement dans une émouvante scène d’adieux où, dans sa vulnérabilité, il fait preuve de grand talent.
Au début des années 1920, Los Angeles n’est qu’une petite bourgade entourée d’orangers avant de devenir la capitale du cinéma, une « Babylon » déchaînée.
Dès lors, l’argent coule à flots dans des fêtes dantesques avec alcool à gogo et montagnes de cocaïne.
Prêt à courir après un rêve, chacun veut travailler dans le cinéma, toutes les combines sont bonnes pour obtenir un rôle dans un film ou une fonction dans les studios. Les tournages sont compliqués
Il y a Nellie LaRoy (Margot Robbie) qui devient vite une étoile, car elle accroche la lumière. C’est une tornade, elle est féroce, sauvage, toujours survoltée. Et il y a aussi Manny Torres (Diego Calva), un émigré mexicain sur lequel elle peut toujours s’appuyer. Il enchaînera toutes les fonctions : de grouillot il deviendra peu à peu directeur de studio. Avec l’arrivée du parlant, la chute n’en sera que plus dure ! Il y a aussi un noir, trompettiste de jazz, nommé Sidney Palmer (Jovan Adepo)....
Jusqu’alors, le cinéma n’est pas considéré comme un art, mais seulement une discipline mineure, il doit trouver une véritable reconnaissance, mais cela ne se fait pas toujours dans la joie. Lors du tournage chaotique d’un film dans le désert, au cours d’une bataille, certains figurants sont réellement morts : tant pis, le cinéma reste roi !
Quand le parlant est arrivé, de nombreux acteurs du muet se sont suicidés.
Pour Nellie, qui a une voix de crécelle, impossible de tourner dans un film parlant. Lors d’une fête où elle ose encore aller, elle est ridiculisée par le snobisme mondain de nouveaux riches pour sa voix et son incapacité d’accommoder son regard à la nouveauté.
Le film montre que la beauté de la jeunesse ne dure pas, sinon sur la pellicule.
La vie est cruelle et la fin tragique de multiples acteurs/actrices le prouvent, alors que l’écran montre toujours leur beauté (cf Marilyn Monroe).
À la fin, dans une scène pleine de nostalgie, Manny voit sur un écran de cinéma un résumé rapide de cent ans de cinéma, de Méliès à Godard. Le film se referme sur les souvenirs de ce qu’il n’avait pas su alors apprécier. Des larmes coulent...
Tout est loupé pour ces héros auxquels nous nous sommes attachés et tout devient triste. La fête est bien finie ! Heureusement reste le cinéma !
Caroline Boudet-Lefort