| Retour

ARDOISE LITTERAIRE : Les Mille - Par Jean-Jacques Ninon pour Art Côte d’Azur

Alors que son père le destine, entre autres, à la profession d’avocat, Giuseppe (Joseph) Garibaldi (Nice, 1807-Caprera, 1882) préfère s’engager, à 15 ans, comme moussaillon pour parcourir les mers bleue (Méditerranée), obscure (Noire), grise (Azov).

Les Mille, Giuseppe Garibaldi, 1874

Devenu proche du républicain Giuseppe Mazzini, adepte de l’action directe, il reçoit mission de celui-ci, en 1834, de s’emparer de l’arsenal de Gênes pour provoquer le soulèvement du Piémont. Après la tentative avortée et sa condamnation à mort par contumace, il s’exile au Brésil (1835), puis en Uruguay (1841), où, au nom de son idéal républicain, il se met au service des mouvements de libération.

C’est en défendant, en 1843, Montevideo assiégée par les troupes du président uruguayen, Manuel Uribe, qu’il revêt les mercenaires de sa légion italienne de la chemise rouge, que portent les ouvriers des abattoirs argentins. Le rouge sang devient la couleur des révolutionnaires.
En 1848, le proscrit rentre en Italie, alors que vient de débuter la première guerre d’indépendance (1848-49). Il offre ses services au roi de Sardaigne, Charles-Albert (1831-1849), pour expulser les Autrichiens de la Lombardie et de la Vénétie.

A la chute de l’éphémère République de Rome (8 février-3 juillet1849), il recommence sa vie d’errance aux quatre coins du monde : Tunisie, Tanger, New-York, Lima, Chine, Manille, Australie, Royaume Uni. Pour poser son baluchon, en 1854, dans l’île de Caprera où le marin se fait fermier. Pour redevenir guérillero à partir d’avril 1860.

Alors que Victor-Emmanuel II préside désormais aux destinées de la maison de Piémont-Sardaigne, Garibaldi échafaude l’invasion du royaume des Deux-Siciles gouverné par les Bourbons. Il réunit un millier de volontaires – 1 087 pour être précis – auxquels il fait endosser la chemise rouge de la légion italienne qu’il commandait en Uruguay. L’embarquement s’effectue, les 5 et 6 mai, à Quarto, un quartier de Gênes, sur deux navires. Après une traversée mouvementée, le débarquement a lieu près de Marsala, en Sicile, le 11 mai.
Les « mille », renforcés de partisans locaux et piémontais, prennent Palerme, le 27 mai. Alexandre Dumas s’y précipite pour se charger de la propagande des exploits de celui qui est toujours considéré comme un « bandit » au Piémont, mais s’est, depuis, auréolé du titre romain de « dictateur ».

Le 19 août, les « mille », qui sont passés à vingt mille, reprennent pied sur le continent au grand dam de Cavour, président du conseil du royaume de Piémont-Sardaigne, qui craint l’instauration d’une république. Le 7 septembre, ils s’emparent de Naples, dont Garibaldi a auparavant aboli l’hégémonie sur la Sicile. Le 1er octobre, il remporte finalement la bataille de Volturno, à la tête maintenant de 50 000 chemises rouges, contre les troupes des Bourbon. Il remet ses gains territoriaux aux Piémontais. Le 26 octobre, il rencontre Victor-Emmanuel II de Savoie, dont l’un des premiers actes est de dissoudre l’armée garibaldienne.

Drôle de remerciement pour une expédition qui s’est soldée par l’annexion du royaume des Deux-Siciles au royaume de Sardaigne. Etape primordiale vers l’unification italienne, elle est entérinée par les plébiscites des 3 et 4 novembre.
Retourné à Caprera, Garibaldi y rédigera – mais bien plus tard et après maintes péripéties – I Mille (Les Mille), qui paraîtra en 1874.

C’est au cours d’un de ses périples, avant son exil sud-américain, qu’il rencontra un passager adepte de Saint-Simon, Emile Barrault, qui livra au « héros des deux mondes » en gestation, ce qui sera sa devise : « Un homme, qui se faisant cosmopolite, adopte l’humanité comme patrie et offre son épée et son sang à tous les peuples qui luttent contre la tyrannie, il est plus qu’un soldat ; c’est un héros ». Exemple, avatar ou métamorphose, le personnage s’est en tout cas, réincarné en des hérauts de la liberté et de l’indépendance, combattants pour leur idéal, et non pour le pouvoir ou l’argent. Même pas pour leurs compatriotes, mais pour les serfs de tous pays. L’inverse du général Alcazar de « L’Oreille cassée » et de « Tintin et les Picaros ». Garibaldi, qui a combattu les empires brésilien et autrichien, se perpétue dans les combattants contre les impérialismes de tout bord : le comte de Paris, Louis-Philippe Albert d’Orléans et son frère, le duc de Chartres, aux côtés des Nordistes pendant la guerre de Sécession ; les brigadistes internationaux de la guerre d’Espagne où existait une « brigade Garibaldi » ; la « légion garibaldienne » du premier conflit mondial ; Guevara ; le sous-commandant Marcos.
Et… le marin romantique, gentilhomme de fortune, Corto Maltese.

Retrouvez les précédentes ardoises littéraires

Les Mille

Serpula

A bord du Normandie

Lunes en papier

Les drames de la mer

Les secrets de la Mer rouge

Une étude en rouge

Le Gros livre rouge

Le Guide Michelin ou le guide rouge

Le Petit Livre rouge

L’Avare

L’Appel de la Forêt

Le bateau ivre

Le Chat botté

L’Etranger

Les yeux d’Elsa

Le Rouge et le noir


Retrouvez Jean Jacques Ninon à Antibes pour l’exposition A chacun ses icônes,
jusqu’au 30 avril 2011 inclus, à la Galerie des Bains Douches !

Retrouver la biographie de l’artiste Jean-Jacques Ninon et toutes ses créations en cliquant ici

J-J Ninon expose en permanence à la Galerie Ferrero à Nice

Artiste(s)