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ARDOISE LITTERAIRE : Le Chat botté - Par Jean-Jacques Ninon pour Art Côte d’Azur

Le Chat botté Charles Perrault, 1695-1697

Fils d’avocat, Charles Perrault (1628-1703) embrassa brièvement cette profession, ayant préféré aux arguties juridiques qui l’ennuyaient, les belles lettres dont il mania la plupart des genres : galant, religieux, poétique, épique, allégorique, historique. Mais il doit sa renommée principalement à ses contes.

Membre de l’Académie française depuis 1671, l’écrivain, publie, en 1695, Le Maistre Chat ou le Chat Botté parmi les Histoires ou contes du temps passé. En 1697, alors que Perrault vient d’être dépossédé de sa place au paradis des Immortels, son félin anthropomorphe change de registre en s’insérant dans Les Contes de ma mère l’Oye. Celle-ci est la brave femme qui narre des récits fabuleux pour endormir les enfants. Et pour les éduquer, grâce aux morales les concluant.

Le matou va se révéler matois. Il risque de figurer au menu de son maître, un pauvre meunier, cadet de famille, qui l’a reçu pour tout héritage et n’a rien d’autre à se mettre sous la dent. Pour éviter ce funeste trépas, il usera de mensonges, duperies, combines, mystifications. Et même du meurtre, en avalant tout cru un opulent propriétaire foncier, afin de s’emparer de ses biens. Ce qui lui permettra d’établir son patron, puis d’en récolter lui-même les fruits. Manger pour ne pas être mangé, mais en s’enrichissant au passage par la spoliation.

Perrault, qui fut un auxiliaire de Colbert, lui-même grand serviteur de Louis XIV, était un fin connaisseur des arcanes de la Cour. Celle-ci, érigée en système perpétuel de gouvernance politique a survécu à l’étêtage d’un monarque ainsi que de ses vassaux, et ce, jusque dans les palais de la République. Laquelle n’est qu’une monarchie déguisée, dont les Français restent si nostalgiques. À moins qu’elle ne soit, elle aussi, un conte pour enfants.

L’esprit de cour et celui de lucre, bien utilisés, rendent inutiles le talent et le travail. Mieux vaut se faire valoir, se mettre en vue, bonimenter, échafauder des stratagèmes, flatter celui qui distribue prébendes et honneurs. Et savonner la planche de ses concurrents.

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J-J Ninon expose en permanence à la Galerie Ferrero à Nice

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