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ARDOISE LITTERAIRE : Les Secrets de la Mer Rouge - Par Jean-Jacques Ninon pour Art Côte d’Azur

Les Secrets de la Mer Rouge Henry de Monfreid, 1931


Anticonformiste, né au bord des flots bleus de la Méditerranée, à La Franqui (entre Narbonne et Perpignan), Henry de Monfreid (1879-1974) ne peut qu’être attiré vers les eaux de couleur opposée de la Mer Rouge.

Son père, George-Daniel de Monfreid, peintre impressionniste, graveur et collectionneur d’art averti, a notamment comme amis, Paul Verlaine, Maillol et Henri Matisse. Mais le plus proche – dont il sera d’ailleurs l’un des premiers et éminents biographes – est Paul Gauguin. Celui-ci, parti oublier ses déboires financiers dans les îles de Polynésie, ne peut que nourrir les rêves d’horizons lointains du jeune Henry.

Ce dernier, tente le concours d’entrée à l’Ecole Centrale. Raté. Il se tourne alors vers de petits boulots – colporteur, chauffeur, bonimenteur, laitier – agrémentés de quelques combines. Deux mariages ne suffisent pas à l’établir. Une fièvre, qui ne peut être que de Malte, manque de l’emporter vers un autre monde. Il résout de quitter celui qu’il connaît.
Il débarque, en 1911, à Djibouti, port français et porte méridionale de la Mer Rouge. Il se livre au commerce du café et de cuirs, puis glisse tout naturellement vers la contrebande. Tout est trafic sur les boutres construits de ses propres mains : perles, haschisch, morphine, armes. Il n’y a que la traite d’esclaves qu’il niera véhémentement. Sa connaissance précieuse de la moindre anse, crique, baie ou ria, le fait recruter par la France comme espion des Turcs pendant le premier conflit mondial.

Ce qui ne l’empêche pas de rencontrer des gens passionnants qu’il envoûte et avec lesquels il se lie : le père Teilhard de Chardin, bien que Monfreid se soit converti à l’islam sous le nom d’Abdel el Haïr (l’esclave du vivant) ; l’écrivain communiste Paul Vaillant-Couturier, bien que le marin ait rejoint les « Croix-de-Feu » du colonel François de La Rocque. Et le journaliste Joseph Kessel, aventurier comme lui, qui l’incite à conter ses exploits. Leur premier recueil, intitulé Les Secrets de la Mer Rouge, paraît, en 1931.

Au milieu de rixes et courses-poursuites entre gendarmes et écumeurs de mer, prend place une description ethnologique. Non seulement des peuplades indigènes, mais aussi et surtout des coloniaux. Elle ne manque, justement, pas de sel. De sorte que l’ouvrage aurait pu également se titrer « Balade de la mer salée », geste dessinée d’un autre bourlingueur, Corto Maltese, parmi les requins. Hommes ou poissons.

Reste que le plus malin est celui qui pour les affronter et trouver les trésors – celui de Rackham Le Rouge, en l’occurrence –, s’est enfermé dans un requin. Mécanique, celui-là. Seul un risque-tout de papier, pouvait dépasser les prouesses d’Henry de Monfreid.

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J-J Ninon expose en permanence à la Galerie Ferrero à Nice

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