Au moment où Pierre Soulages fête son centenaire, Nice s’aligne sur les rangs des grandes manifestations que lui consacrent le Centre Pompidou et aussi le Louvre. Ce dernier n’a d’ailleurs pas voulu être en reste et a accroché vingt toiles dans ses vénérables salles. Jusqu’au 19 avril, la galerie Lympia sur le port de Nice en accueille bien davantage ! Plus de cent œuvres originales, dont vingt-cinq rarement exposées au public, constituent un véritable voyage en Soulages. Cette exposition en tous points passionnante permet d’approcher le plus célèbre artiste français vivant sous tous ses angles : "d’une manière chronologique, disciplinaire, en opérant un dialogue entre les époques". Pour un commissaire d’exposition, les agencer en un même lieu relève du casse-tête pour garder un équilibre afin de "prendre ce qu’il y a de mieux pour la connaissance de Pierre Soulages". Gérard Bosio - un enfant du pays, une rue du centre ville porte le nom de son père - a dû refuser une dizaine de pièces à des collectionneurs privés qui souhaitaient prêter leur concours à cette manifestation. Il connaît le peintre depuis très longtemps. On les voit ensemble à côté de Léopold Sédar Senghor, le poète qui fut aussi président du Sénégal et académicien, et l’un des tout premiers à reconnaître le génie de l’artiste.
La voie de l’Outrenoir...
Si, à l’entrée des lieux, il faut s’habituer à la pénombre, cet impression s’estompe rapidement : nous sommes immédiatement happés par la photo de Pierre Soulages présenté de trois quarts, les bras croisés, les mains bien visibles. Son attitude évoque les codes du portrait de la Renaissance.
Provenant du musée de Rodez, du FRAC de Marseille, du musée Picasso d’Antibes, on voit défiler sous nos yeux les premières peintures, gouaches, brou de noix, eaux fortes, lithographies, sérigraphies, gravures, ses sculptures qu’il préfère appeler "objets". Tout y est, plusieurs grands formats, dont cette toile de trois mètres de 1979 peinte par accident et qui ouvrit une nouvelle voie, celle de l’Outrenoir. Ne manquent que les goudrons qu’aime tant Bernar Venet.
Pierre Soulages a créé une nouvelle peinture "ne traduisant rien, aucun sentiment intérieur, aucun paysage, aucune scène de vie", en faisant du noir une couleur, "créant une lumière inséparable du noir qui la reflète", en inventant son propre vocabulaire dans une extrême rigueur et une totale liberté.
Son œuvre répond à celles d’artistes aussi éloignés dans le temps ou l’espace que Victor Hugo, Pablo Picasso, l’art dogon du Sénégal ou précolombien mexicain. D’ailleurs Pierre Soulages est considéré comme un dieu vivant dans ce pays.
Découvrant à l’adolescence les statues-menhirs du musée Fenaille chez lui à Rodez, il décide de devenir peintre. L’une d’elles est placée en face des œuvres de Picasso, Hans Hartung, Klein, Miro, Zao Wou-Ki, cercle de personnalités dont les évolutions se sont faites en parallèle.
Toutes les informations sur l’exposition sont à retrouver sur le site de la Galerie Lympia en CLIQUANT ICI