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Fin de cet événement Février 2023 - Date du 13 décembre 2022 au 5 février 2023

Louis Pons : son univers "horrifique"

Chez Louis Pons, la puissance du dessin et sa beauté viennent en premier. Juste après le sentiment d’étrangeté et de répulsion éprouvé face à ces représentations mentales encombrées de fœtus avortés, de femmes éventrées, d’insectes, d’oiseaux morts-vivants et de créatures hybrides, le tout étroitement insérés dans le minéral et le végétal. On entre dans l’œuvre de cet artiste niçois comme dans un théâtre fantastique.

Pons colle entre eux des objets récupérés, momies d’animaux, os et même des restes humains, comme l’ont fait d’autres avant lui. Ces installations sont une autre façon pour lui de dessiner, cette fois en trois dimensions et, comme pour le dessin, il procède par accumulations. Au final, un univers peuplé, palpitant où même la mort, évoquée maintes fois, reste fabuleuse.
Dans son bestiaire figurent souvent des oiseaux. D’ailleurs, premier sujet de moquerie, il se caricature en vieil oiseau (ou en vieux rat). Mais on aime reprendre cette élégante formule qui fait de lui un poète : "Fatalité. De ma plume nait souvent un oiseau".

Des milliers de dessins et d’assemblages

"J’aurai la peau des choses" : il n’est pas question de faire peur, mais d’exprimer l’indicible, de le prendre à bras le corps, même si cela ne plaît pas à tout le monde, au risque de donner le vertige (âmes sensibles regardez comme ces herbes folles ondulent sous les vents). Et comment faire autrement qu’à travers des griffures signant de manière unique ces milliers de dessins grands formats, un art étiqueté surréaliste, brut, singulier.
Rappelons que Louis Pons était un artiste d’après-guerre, imprégné des horreurs nazies. On comprend que les artistes aient cherché où trouver les ressources pour s’exprimer dans l’ailleurs du subconscient. Les représentations cauchemardesques ne sont pas celles d’un esprit névrosé, Louis Pons n’a pas terminé sa vie dans un asile, il a gardé toute sa tête jusqu’à sa disparition en 2021 à l’âge de 94 ans.
Refusant la carrière d’ajusteur qu’on lui destinait, il devient dessinateur de presse caricaturiste. Puis, après sa rencontre avec le poète Joë Bousquet, cet autodidacte se forge une culture artistique et littéraire conséquente : il n’y a pas de grands artistes incultes. Pour lui, après Dürer et Goya, "les quatre autres grands prêtres de sa religion individuelle" sont un peintre du XVIIe, Hercules Seghers, un dessinateur du XIXe Rodolphe Bresdin, un dessinateur et un plasticien du XXe Louis Soutter, et Wols. Il nous a laissé une œuvre considérable composée de ces milliers de dessins et de centaines d’assemblages, le désignant comme un artiste majeur…

L’exposition en cours lui fait largement honneur avec cette rétrospective.

Jusqu’en février 2023,
à la galerie Port Lympia de Nice.

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