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Fin de cet événement Septembre 2017 - Date du 23 juin 2017 au 13 septembre 2017

« L’Ultime œuvre » de Giacometti, une exposition d’exception cet été à la Galerie Lympia à Nice

Le Département des Alpes-Maritimes présente la première exposition consacrée aux oeuvres d’Alberto Giacometti (1901-1966) à Nice. Cette exposition inédite a spécialement été conçue pour les espaces rénovés de l’ancien bagne de Nice et du Pavillon de l’Horloge du port de Nice qui forment la nouvelle Galerie Lympia.

Elle propose d’éclairer les dernières années du travail de l’artiste à travers une cinquantaine d’oeuvres majeures de la période de la maturité (1960- 1965) dont les toutes dernières oeuvres sur lesquelles l’artiste a travaillé. Sculptures, peintures, dessins, lithographies, issus de la riche collection de la Fondation Giacometti, permettent de montrer toute la diversité des techniques employées par l’artiste dans cette période décisive de sa carrière.
Le projet s’appuie par ailleurs sur une importante documentation photographique, en partie inédite, qui sert de scénario à l’exposition. Elle réunit plusieurs chefs-d’oeuvre de cette époque dont une peinture majeure de la série des « Caroline » de 1960, un des derniers bustes de Lotar (Lotar III, 1965-1966), le plâtre peint de l’Homme à mi corps (1965), la Grande femme III (1960) et la reconstitution, avec les oeuvres originales, de l’assemblage des sculptures figurant dans une photographie de Lotar prise dans l’atelier de Giacometti.

L’ATELIER, TÉRIADE ET LA CÔTE D’AZUR

Quand il ne travaille pas dans l’atelier avec ses modèles, Giacometti se consacre aux illustrations du livre de lithographies que son ami et éditeur Tériade lui a commandé : Paris sans fin. L’ouvrage ne sera achevé d’imprimer qu’à titre posthume, la mort brutale de Giacometti mettant un terme au projet entamé depuis plusieurs années. Giacometti ne voyage que très rarement mais se rend à plusieurs reprises à la Villa Natacha, fameuse propriété de la Côte d’Azur que possède Tériade à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Cette première partie présentée dans le Pavillon de l’Horloge évoque les liens entre Giacometti et Tériade autour de Paris sans fin et les rares dessins existants de Giacometti sur le thème de la mer.

LES DERNIERS MODÈLES

L’ensemble des oeuvres présenté à la Galerie Lympia propose de revenir sur l’importance du travail d’après modèle chez Giacometti et son interrogation permanente autour du réalisme.
Dans les dernières années de sa carrière, Giacometti retrouve son ami le photographe Eli Lotar qu’il invite à poser dans son atelier de la rue Hippolyte- Maindron. Lotar rejoint - après son frère et tout premier modèle Diego, sa femme Annette, et la jeune Caroline qu’il vient de rencontrer - la constellation des modèles qui marqueront de manière décisive la dernière période d’un des plus grands artistes du XXème siècle.

PARCOURS DE L’EXPOSITION

L’ATELIER, TÉRIADE ET LA CÔTE D’AZUR (PAVILLON DE L’HORLOGE)


L’ATELIER DE GIACOMETTI PAR LOTAR

Baleine, soleil, bateau et homme debout III, 1958 Lithographie sur vélin d’arches, 31,5 x 25,5 cm Collection Fondation Giacometti, Paris © Succession Giacometti (Fondation Giacometti + ADAGP) Paris, 2017

Lorsqu’il ne pose pas pour Giacometti, Lotar retrouve sa pratique de photographe, détaillant l’atelier de l’artiste ou photographiant en détail les oeuvres en cours de réalisation. Un « coin de l’atelier » pris en photo en 1965 sert de point de référence pour une reconstitution de la scène figée par l’image, avec les oeuvres originales présentes dans la photographie.

PARIS SANS FIN, UN PROJET ULTIME REALISÉ AVEC TÉRIADE
Les dernières années de sa carrière, Giacometti est occupé à finaliser la commande passée par son ami et éditeur Tériade de réaliser un livre de lithographies sur Paris : Paris sans fin. Alors que la plus grande partie de l’oeuvre de Giacometti est produite dans son atelier, cette commande lui donne l’occasion d’en sortir pour documenter sa ville d’adoption. Giacometti y dépeint les rues et les monuments, lescafés et les bars de nuit de Montparnasse où il a ses habitudes, mais aussi son atelier. La technique de
dessin sur papier report n’autorise pas la reprise et Giacometti doit pour la première fois croquer sur le vif, sans repentir possible. Véritable biographie en image de la condition d’un artiste au début des années 1960, Paris sans fin, se déploie par cercles concentriques depuis l’atelier de l’ariste, invitant le lecteur à suivre ses pas et son expérience quotidienne de la ville. Au moment de vérifier les tirages d’essais réalisés à l’imprimerie Mourlot, Giacometti se fait accompagner par Lotar qui documente le processus.

GIACOMETTI ET LA COTE D’AZUR
Tériade possède une propriété à Saint-Jean-Cap- Ferrat, la Villa Natacha, où Giacometti et sa femme Annette se rendent l’été à plusieurs reprises.
Collectionneur et amateur d’art, il fait l’acquisition en 1964 d’une Grande femme qui trône, majestueuse, dans le jardin de la propriété et que Giacometti vient lui-même installer. La mer n’est pas un sujet familier pour Giacometti, plus habitué aux paysages montagneux de Stampa. Pourtant, à quelques reprises, il s’inspire de la Côte d’Azur, dessinant les palmiers si typiques de la région ou des vues de mer, dont Bateau et Soleil, une illustration réalisée pour illustrer une édition d’Arthur Rimbaud vue par des peintres contemporains pour un éditeur niçois.

DERNIERS MODÈLES (ANCIEN BAGNE)

Grande femme I, 1960 Bronze, 272 x 35 x 54 cm Collection Fondation Giacometti, Paris © Succession Giacometti (Fondation Giacometti + ADAGP) Paris, 2017

Comment représenter la figure humaine de la manière la plus ressemblante possible est sans doute ce qui occupe le plus Giacometti depuis son retour en 1935 au travail d’après modèle et de manière encore plus forte dans les années 1960. Ses proches et amis passent de longues heures, assis sur un tabouret, à poser dans le froid de l’atelier, pendant que Giacometti peint ou sculpte inlassablement avec le sentiment de ne jamais parvenir à restituer ce qu’il voit.
Pour Giacometti, il ne s’agit pas de « représenter quelqu’un comme on le connaît, mais comme on le voit », la ressemblance n’étant pas dans la représentation réaliste des traits d’un visage mais la traduction de la vision de l’artiste.
Durant les dernières années, Caroline et Eli Lotar rejoignent les modèles historiques de Giacometti : sa femme Annette et son frère Diego. L’artiste travaillant simultanément à plusieurs oeuvres, ils se prêtent volontiers, à tour de rôle, à l’épuisant exercice de la pose. Entre les moments de pose, Eli Lotar reprend son statut de photographe et documente l’atelier et les oeuvres en cours de réalisation.

POSER POUR GIACOMETTI

Diego
Dès son plus jeune âge, Alberto Giacometti prend son frère Diego pour modèle. En 1962, alors qu’il rédige sa notice biographique pour la monographie que lui consacre Jacques Dupin, Giacometti écrit : « exécute sa première sculpture, un buste de Diego d’après nature, en 1914 ». Alberto Giacometti a alors 13 ans et jusqu’à sa mort, il reviendra sur le portrait de Diego, démultipliant les tentatives de saisir le visage toujours changeant de son frère. Au cours des années 1960 s’opère un basculement perceptible dans la représentation de Diego, dont les traits singuliers finissent par s’estomper pour prendre ceux d’un homme « générique » expression de tous les hommes.

Annette
Giacometti rencontre Annette Arm en Suisse en 1944 alors qu’il est réfugié à Genève.
Elle le rejoint à Paris après la guerre et devient sa femme et son principal modèle,
posant régulièrement à partir de 1946. Elle sera représentée dans près de 180 oeuvres, toutes techniques confondues, réalisées par Giacometti entre 1946 et sa mort. En 1965, Giacometti semble loin d’avoir épuisé son modèle et réalise encore une nouvelle série de bustes d’Annette, dont certains sont présentés dans l’exposition.
Caroline Giacometti rencontre Caroline dans l’un des bars de nuit qui font les heures chaudes de Montparnasse. Elle a 20 ans, il a passé la soixantaine et trouve dans la jeune femme un dernier modèle féminin dont il explore les traits. Entre 1961 et 1965, les peintures que Giacometti réalise d’après Caroline sont les oeuvres majeures de cette période, dont le tableau présenté dans l’exposition, entièrement concentré sur le visage, semble clore le cycle. Exubérante et extravagante, la jeune femme pousse Giacometti hors de l’atelier, le conduisant dans tout Paris dans le coupé cabriolet que l’artiste lui a offert. Giacometti en profite pour dessiner sur le vif au crayon lithographique les planches du livre à venir : Paris sans fin.

Giorgio Soavi
En dehors de ses modèles principaux, Giacometti accepte, à de rares occasions, de faire le portrait de personnalités de son entourage. Il rencontre le poète et romancier Italien Giorgio Soavi en 1962. Celui-ci pose l’année suivante pour lui dans l’atelier paternel de Stampa en Suisse. Giacometti réalise deux peintures, dont l’une sera dédicacée et offerte à Soavi en 1965 et dont l’autre restera dans l’atelier parisien. Soavi, témoin d’une des séances de pose d’Eli Lotar, décrira dans le texte qu’il consacre à Giacometti son impression d’assister au « combat entre le condamné et son bourreau ».

LOTAR : DE L’HOTEL DE RIVE AU DERNIER MODELE

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Giacometti rejoint sa mère à Stampa en Suisse, en passant par Genève où il reste quelque temps. Il produit alors des oeuvres minuscules dans la petite chambre qu’il occupe à l’Hôtel de Rive, qui figurent certainement parmi les plus petites de l’histoire de l’art.
Depuis le début de la guerre, Giacometti travaille de mémoire à une figure vue de loin, sculptant ainsi « la Distance ».
La Toute petite figurine en plâtre conservée par l’artiste dans son atelier est réalisée de mémoire d’après le souvenir d’Isabel, modèle et amie de Giacometti s’éloignant sur le boulevard Saint-Germain. Elle mesure à peine quelques centimètres et pourtant elle a la monumentalité des Grandes femmes que Giacometti réalise dans les années 1960. A Genève, Giacometti a retrouvé son ami Eli Lotar qui le photographie en train de travailler, laissant un témoignage unique sur ces oeuvres dont beaucoup ont disparu. Entre 1964 et 1966, Giacometti retrouve à nouveau Lotar à Paris et l’invite à poser pour lui. Il sera son tout dernier modèle, contribuant par son physique particulier et l’intensité de son regard aux oeuvres spectaculaires des dernières années de l’artiste. Les oeuvres de cette époque témoignent d’une nouvelle transformation de sa vision de la réalité. Les têtes vibrantes émergent d’une sorte de magma dans lequel parfois elles se fondent, opérant une fusion de l’organique et du minéral. Giacometti souhaite alors « tout reprendre à la base, tels qu’il voit les êtres et les choses, surtout les êtres et leurs têtes, les yeux à l’horizon. » Il est dans une phase de doute et note dans ses carnets « je ne comprends plus rien à la vie, à la mort, à rien. »

Artiste(s)

Alberto GIACOMETTI

Né le 10 octobre 1901 dans le Val Bregaglia, et, mort le 11 janvier 1966 à Croire. Il est poussé, très tôt, par son père qui était peintre, vers l’art. Ses premières oeuvres seront des portraits des membres de sa famille. Il part ensuite intégrer l’École des Beaux-Arts de Genève, puis débarque à Paris (...)

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