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Cécilia Bartoli et les Musiciens du Prince-Monaco ont joué devant une salle comble à Anthéa

Heureux les amateurs de chant lyrique qui ont pu assister à l’un des deux concerts que Cecilia Bartoli a donné, à Anthéa les 3 et 5 mars, avec Les Musiciens du Prince – Monaco, devant une salle comble venue acclamer une des plus importantes artistes lyriques de notre époque, interprète largement encensée par la critique et invitée régulière des grandes scènes internationales.

C’est sur une idée de Cecilia Bartoli que s’est constitué, à l’Opéra de Monte-Carlo, l’orchestre Les Musiciens du Prince – Monaco.

La chanteuse a réuni les meilleurs solistes sur instruments anciens et a aussitôt noué avec eux une grande complicité et une entente authentique en leur transmettant sa légèreté et son naturel. Reliée au public tout autant qu’à l’orchestre, elle se montre accessible, chaleureuse et pleine d’humour. Dès les premières notes de son concert à Anthéa, elle saisit le public pour ne plus le lâcher.

Ses deux parents étant artistes lyriques, elle a été bercée depuis son enfance par la musique classique. Sa carrière a débuté, en 1986, à l’Opéra de Rome avec le rôle de Rosina du Barbier de Séville. L’écriture vocale de Rossini se prête parfaitement bien au brillant de sa voix, à sa souplesse et à son agilité vocale, ainsi qu’à son intuition théâtrale.
La chanteuse s’empare de chaque partition avec passion, en soignant cependant les équilibres sonores sans éteindre le feu entretenu pas l’orchestre. Elle possède une voix aux graves puissants et colorés, mais elle est également capable d’agilité dans les aigus et les vocalises. Si cette tessiture vocale se prête parfaitement bien au répertoire du bel canto, la chanteuse ne s’est pas contentée d’un seul répertoire. Avec son orchestre d’instruments anciens, elle s’aventure volontiers vers de nouveaux mondes musicaux avec la redécouverte de partitions anciennes, ajoutant, depuis quelques années, à son statut d’interprète renommée, celui de défricheuse et d’exploratrice musicale.

Ainsi, dans le programme de ce concert, la chanteuse se partage entre des pages familières de Mozart à Rossini et d’extraordinaires découvertes, tel un répertoire méconnu de musique vocale de Vivaldi, moins valorisée que sa très célèbre musique instrumentale. Elle donne à découvrir de véritables trésors restés enfouis dans des bibliothèques où la diva ne cesse de faire de précieuses recherches.

L’électrisante Cecilia Bartoli est sublimée par sa personnalité attachante et sa liberté extraordinaire, en prenant plaisir à plaisanter avec les musiciens entre deux partitions.

Un rien plus sombre, sa voix de mezzo-soprano est de plus en plus belle, avec cette souplesse du phrasé, cette tessiture élargie et le timbre éclatant qui ont ravi le public d’Anthéa.
Passant d’une magnifique robe d’une délicate couleur turquoise à une robe blanche de mariée à cerceaux, elle n’est pas qu’une chanteuse, elle possède aussi un instinct théâtral et un humour qu’elle pratique en souriant, très expressive et furieusement vivante.
La voix, la musicalité, l’énergie, la présence sur scène : elle rassemble tout ! Aussi, réjouissant et captivant, le concert se termine-t-il par dix minutes d’une ovation largement méritée !
Caroline Boudet-Lefort

Photo de Une : Réclamée dans le monde entier « La » Bartoli est rare en France, aussi est-ce un grand privilège de l’accueillir pour deux concerts assurément exceptionnels. DR et courtesy Anthea

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