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Fin de cet événement Février 2020 - Date du 29 janvier 2020 au 29 février 2020

Sortie ciné : Jojo Rabbit, de Taika Waititi

Jojo est un jeune Allemand d’une dizaine d’années, admirateur d’Hitler et de la croix gammée, il est convaincu que le nazisme est une idéologie merveilleuse et fait partie de la « jeunesse hitlérienne » qui à l’époque de la Seconde Guerre Mondiale enrôlait « bon gré mal gré » les jeunes Allemands. Pourquoi « Jojo Rabbit » ? Parce que chargé de tordre le cou à un lapin, il ne peut surmonter sa répulsion et détalle comme un ... lapin, sous la risée de ses « copains » qui lui donnent ce surnom.

Après quelques images d’archives, on comprend que Jojo vit seul avec sa mère – son père serait sur le front – aussi Jojo s’est-il inventé un ami avec lequel il échange toutes ses pensées. Cet ami idéal, c’est Hitler lui-même, une idole dont, imprégné de la propagande nazie, il est totalement fanatique et pour lequel il serait prêt à donner sa vie.

Quatre-vingt ans après « Le Dictateur » de Charlie Chaplin, Hitler est à nouveau ridiculisé dans « Jojo Rabbit ». Avec une bonne dose d’humour, la comédie peut servir à ironiser sur les régimes dictatoriaux.

Comme l’a fait Charlot, le réalisateur interprète lui-même cet Hitler de pacotille, complètement farfelu et souvent comique. Il nous fait rire fréquemment, même si le fond du film est tragique. Car, n’adhérant en rien à l’idéologie imposée à l’époque, l’affectueuse mère de Jojo (parfaite Scarlett Johansson) cache une jeune adolescente juive que Jojo découvre un jour au grenier. Doit-il la dénoncer ? ou copiner avec cette « petite juive dans le mur » ?

Sans basculer dans le mauvais goût, « Jojo Rabbit » est truffé de gags qui nous font rire, mais sans négliger cependant cette guerre dont le film n’occulte pas le tragique d’alors.

« Pour occuper la journée, on pourrait brûler des livres  », propose l’un d’eux à Jojo qui, de son point de vue d’enfant, n’y voit qu’un jeu, sans supposer le pathétique des autodafés. On pense à « La vie est belle » de Roberto Benigni, une comédie tout aussi amusante et dramatique sur l’Holocauste.
Interprété avec justesse par le jeune Roman Griffin, Jojo passe magistralement de l’enthousiasme à la peur et à la répulsion. Il finira par dire à un copain « nous n’avons pas choisi le bon camp ! ». Scarlett Johansson réussit à laisser percer le double jeu de son personnage, sans que rien ne soit dit dans les mots. Ils sont entourés de toute une bande d’excellents acteurs grâce à une co-production allemande et américaine.
En adaptant le roman de Christine Leunens, « Le ciel en cage », le néo-zélandais Taika Waititi a fait preuve de beaucoup d’audace dans une période, où de nouveaux nazis se multiplient, avec haine et intolérance. Empreint d’un humour corrosif, « Jojo Rabbit » est une comédie ironique !

Caroline Boudet-Lefort

Photo de Une (détail) | Copyright 2019 Twentieth Century Fox

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