Un soir où elle rentre tranquillement chez elle sur le trajet qui lui est familier d’une zone pavillonnaire, la jeune Clara est transformée en torche de feu par un inconnu. Ce coupable ne sera jamais identifié, malgré les recherches tous azimuts de la Police.
Et plus particulièrement celles de Yohan qui vient d’être nommé chef de groupe à la Brigade criminelle de Grenoble où il fait équipe avec un dénommé Marceau (Bouli Lanners). Ce crime les hante et tourne durant longtemps dans la tête de Yohan (Bastien Bouillon) jusqu’à l’obsession sans qu’il ne sache pourquoi.
Toutes les pistes s’effondrent, tandis que se multiplient les points d’interrogation et les situations les plus détestables, comme celle d’annoncer à des parents la mort de leur fille. De voir que pour les hommes de dire « C’est une fille qui ne faisait pas d’histoires » peut vite devenir « C’était une fille facile ».
Et l’enquête tourne en rond comme le fait le policier sur la piste d’un vélodrome où il se lance à toute allure pour tenter d’évacuer toute l’horreur qui le poursuit.
« Il l’a tuée parce qu’elle était une fille » dit la meilleure amie de Clara qu’elle venait de quitter le soir du crime. Ainsi ce thriller déchirant aborde le sujet de toutes ces morts implacables dont sont victimes les femmes coupables seulement de vouloir circuler librement et qui n’ont aucun moyen de défense. Faudrait-il qu’elles restent toujours sur le qui-vive avec la trouille au ventre ? Viols, humiliations sexistes, misogynie toxique, féminicides,... C’est le programme qui hante les couloirs de ce poste de police où les flics s’accrochent à cette affaire sans pouvoir la lâcher, alors qu’elle ne sera jamais élucidée, comme 20 % d’entre elles, selon les statistiques officielles.
Dominik Moll trouble comme à son habitude avec son approche toujours aussi personnelle du genre policier.
C’est une manière subtile et intrigante de nous entraîner dans son maudit manège. La tension règne d’emblée dès la toute première scène et ne nous lâche pas. On retrouve la force tranquille de ses précédents films où règne une atmosphère vénéneuse, mais ici nous sommes confrontés à tous les pièges que rencontre l’enquête. Les suspects ne manquent pas et les doutes ne cessent de grandir. Seule certitude : le crime a eu lieu la nuit du 12... Et tous les hommes sont coupables.
Les interprètes s’accordent à merveille : Bastien Bouillon, et son comparse Bouli Lanners (toujours épatant), auxquels s’ajoute Anouck Grinberg excellente dans une scène où elle représente une policière supérieure à laquelle il faut rendre des comptes.
Caroline Boudet-Lefort