| Retour

Fin de cet événement Février 2022 - Date du 16 février 2022 au 27 février 2022

Ciné : "Piccolo corpo", de Laura Samani

Au début du XXe siècle, dans de magnifiques paysages de bord de mer d’un village de pêcheurs du Frioul (au Nord-Est de l’Italie), une jeune femme enceinte marche dissimulée sous un voile blanc et entourée de paysannes de tout âge qui la guident.

L’accouchement se fait dans les cris. C’est une fille. Grise. Déjà morte avant l’arrivée du Prêtre. « On ne peut baptiser un enfant qui n’a pas respiré » lui dira-t-il. L’enfant restera condamnée à errer dans les limbes, sans baptême et donc sans nom.

« Sans nom, c’est comme si tu n’existais pas  ! » dira plus tard la jeune mère, Agata, qui veut que l’enfant, qu’elle a porté, ait une existence reconnue. Après avoir entendu dire que dans les montagnes se trouve un sanctuaire où les nouveaux-nés peuvent retrouver un souffle de vie le temps d’un baptême, elle entreprend de partir à la recherche de ce lieu en portant le corps de son enfant dans une petite caisse, après l’avoir déterré de nuit.

Agata est accostée en route par un étrange personnage aux yeux d’un bleu translucide. Il semble être un jeune garçon androgyne, Lynx, mais plus tard on apprendra qu’il est peut-être une fille. Habitué de cette région qui est son pays de naissance, il propose de la guider jusqu’au lieu recherché. Le trajet est plein d’embûches et de mauvaises rencontres cherchant un butin, ou d’autres voulant profiter des montées de lait d’Agata pour nourrir des gosses de riches. Il faut aussi affronter des chemins escarpés dans la forêt, parfois glissants jonchés de feuilles mortes, parfois caillouteux avec des pierres rocheuses.

Mais Agata est têtue, elle a une foi obstinée dans son désir, davantage que dans la religion. Elle ne se rebelle pas, mais elle préfère tenir compte de ses décisions personnelles et foncer comme elle l’entend.

Blessée, elle demandera de l’aide dans une maison du village enfin atteint. Les femmes qui la soignent lui disent que rien n’est gratuit et comme elle n’a pas d’argent, ce seront ses cheveux qui serviront de paiement.

« Piccolo Corpo » (« petit corps » en italien) est le premier long-métrage de Laura Samani.

Présenté à Cannes dans le cadre de la Semaine de la Critique, il concourrait donc pour la Caméra d’Or (récompensant un premier film toutes sélections confondues). Il aurait pu l’obtenir tant ce film, sobre jusqu’à l’austérité, est passionnant et avec une interprétation toute en simplicité de Celeste Cescutti, repérée par la jeune réalisatrice pour son anxieuse fébrilité. En faisant un émouvant voyage intérieur autant que dans l’espace, elle est parfaite pour ajouter à l’atmosphère de ce qui pourrait sembler être un conte ancestral.

Magnifique visuellement par ses paisibles paysages de bord de mer ou de montagnes inquiétantes, ce film insolite et poétique dégage quelque chose de magique en nous conduisant jusqu’au miracle.

Caroline Boudet-Lefort

Visuel de une (détail) Copyright Arizona Distribution
Sortie de salle le 16 février 2022 / 1h 29min / Drame, Historique

Artiste(s)