Frédéric Altmann est sans conteste un des critiques connus et reconnus de l’Ecole de Nice. Il fut même le critique d’Art le plus assidu de ses mouvances. Il s’attacha à faire connaître cette Ecole et ses différents artistes, y compris à un large public, par de multiples articles dans le quotidien Nice-Matin. Mais pas seulement…, il multiplia les conférences, les publications de par le monde entier. Il fut commissaire d’expositions sur l’Ecole au Japon et en Corée du Sud.
- Frédéric Altmann, Interviews intimes, France 3 Méditerranée, 2007
« L’exploration des origines (et des techniques archaïques) ont conduit Marcel Alocco à s’intéresser à l’invention du tissage (selon une hypothèse de Freud) à partir des cheveux des femmes. Depuis février 1995, il interroge la peinture avec le support-couleur cheveu, développant de fines miniatures de tissages élémentaires. »
Frédéric Altmann, Alocco, Travaux récents avec cheveux,
Nice-Matin (extrait), 22 mars 1998
Sa passion pour ce mouvement commença très tôt. Pour preuve, cette « Exposition de documents autour de l’Ecole de Nice » qu’il organisa chez les Vaguants, une troupe de théâtre de l’avant-garde d’alors, en… décembre 1967. De mêmes, les deux tomes de « Chroniques niçoises », qui retracent la naissance de l’art contemporain à Nice et la mise en place du MAMAC doivent énormément à ses archives.
Frédéric Altmann participa largement à la conception de ce Musée d’Art contemporain, développant souvent des idées iconoclastes, avant de diriger jusqu’en 2005 le CIAC, le Centre International d’Art Contemporain de Carros. Un centre où il s’est toujours efforcé de défendre la jeune création. Il y organisa, entre autres, des expositions avec André Verdet, Marcel Alocco (2002), Bruno Mendonça (2002),… ainsi qu’une méta-exposition sur Alexandre de la Salle (2000).
« Il y a une Ecole de Nice qui est formidable. Qui est un fer de lance… (..) J’ai monté des expositions au Japon, en Corée du Sud. Mais dans la région, c’est l’arlésienne. Ou alors on attend que les gens soient morts pour les déifier !.. »
Frédéric Altmann, interview La fureur de vivre, musée de la Malmaison, Cannes, 2007
Mais difficile de limiter le rôle pro-Ecole de Nice de Frédéric Altmann, uniquement à ce seul aspect de critique d’historien et de journaliste. Sa place « dans/pour » cette institution « sans mur » est multiple, plus complexe et tout autre. On pourrait tout aussi bien le « classer » dans les « artistes de l’Ecole de Nice »… Il y tient totalement sa place, tant ses apports et ses rencontres sont une œuvre en soi... Et cela pour au moins trois raisons principales.
Dès les premiers pas de l’Ecole de Nice, Frédéric Altmann crie « présent » ; il n’est pas seulement témoin et divulgateur. Il rencontre Ben en 1958 dans sa boutique de disques de la rue Tonduti de l’Escarène, alors qu’il suit des cours à l’Ecole des Arts décoratifs, tout à côté. Et, bien sûr, il ne fait pas que de la présence. On le rencontre comme « acteur » à l’époque des premiers concerts Fluxus ou sur la scène du Théâtre total avec Ben, Serge III, Jean Mas et Eribo.
Ensuite, on lui doit une multitude de clichés en noir et blanc qui témoignent inlassablement, durant plus de 30 ans de carrière, de ses rencontres avec pratiquement tous les artistes niçois. A travers cette collection unique de portraits et de moments de vie, il nous offre un témoignage incontournable et inspiré de leur quête. Comme le précise Ben, pour « comprendre la chronologie de la création à Nice, il va falloir passer par l’œil d’Altmann ».
- César, à Mougins (1989), Photo Frédéric Altmann
- Arman et Nivèse, Photo Frédéric Altmann
- Inauguration de l’Arc de Venet 155,5°, Jardin Albert 1er, Nice (1988), Photo Frédéric Altmann
- Exposition Frédéric Altmann (2006), Roquefort les pins.
Certains de ces superbes clichés furent vendus parallèlement aux œuvres lors de la première vente aux enchères de l’Ecole en 2009. Un début de reconnaissance pour cette Ecole à laquelle il s’est tant donné…
- Frédéric Altmann, Photographies d’une vie, Edition l’Ormaie, 2000
Enfin ses expositions d’abord à Flayosc dans le Var, dans un restaurant-galerie dont la « charmante propriétaire patronnait des expositions d’art naïf » aux dires de Serge III, sa surprenante Galerie l’Art Marginal, sa rencontre avec Nivèse en 1977, ses coups de gueules permanents sur l’art et surtout sur le « monde de l’art », constituent un Art d’attitude qui a toute sa place dans… l’Ecole de Nice !
« Je suis un furieux. Je déplore que beaucoup d’artistes crèvent de faim, je déplore la mysogynie du monde de l’art. Je déplore certaines institutions culturelles comme les Frac qui n’achètent pas aux artistes, qui achètent mal. (..) Je déplore qu’on n’achète pas la jeune peinture, et les jeunes créateurs. On achète uniquement des signatures. »
Frédéric Altmann, interview La fureur de vivre, musée de la Malmaison à Cannes
- La fureur de vivre, photographies de Frédéric Altmann, catalogue de l’exposition de 2007 au Centre d’Art la Malmaison à Cannes
Suite à la prochaine Chronique
Les chroniques précédentes
Chronique 1
Chronique 2
Chronique 3
Chronique 4
Chronique 5
Chronique 6
Chronique 7
Chronique 8
Chronique 9
Chronique 10
Chronique 11
Chronique 12
Chronique 13