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TOULON : le retour de Street scène !

La création française de Street Scene de Kurt Weill en mars dernier à l’Opéra de Toulon a été un énorme succès. Cette production unanimement saluée par la presse nationale et internationale est reprise pour 2 soirées exceptionnelles les 29 et 31 décembre prochains.

Street Scene est la réalisation d’un rêve pour Kurt Weill : celui d’une œuvre dramatique musicale sérieuse pour la scène de Broadway, afin d’ouvrir un champ neuf aux chanteurs, musiciens, écrivains et compositeurs. Weill a ainsi été l’un des seuls grands compositeurs du vingtième siècle à considérer le genre « Broadway » comme un style d’expression artistique aussi riche que l’opéra de répertoire. Il s’est appuyé sur une dramaturgie efficace, populaire au bon sens du terme, avec une prise sur un réalisme social propre à captiver toutes les générations. Avec cette œuvre, Weill a apporté une réponse concrète aux errances de l’opéra d’aujourd’hui, synonymes de rupture avec le public à cause de langages musicaux et de livrets parfois abscons.

Street Scene est un hymne au melting-pot américain qui se retrouve dans l’espace symbolique et démocratique d’une rue de New York, dans le quartier pauvre du « Lower East Side ». C’est une radiographie sonore des classes moyennes inférieures, émaillées de cris, de rires et de lamentations, et ponctuée de danses dans la pure tradition du « Musical » américain. Mais, et c’est là son originalité, Street Scene est aussi une œuvre qui prend ses racines dans la mythologie de l’Opéra, avec des ensembles et des airs proches d’un Puccini qui serait allé flirter avec Gershwin.
Considéré comme le chef d’œuvre de Kurt Weill, cet « American Opera » est, depuis sa création, présenté sur de nombreuses grandes scènes lyriques d’Europe et d’Amérique. La création en France a enfin eu lieu sur la scène de l’Opéra de Toulon en mars 2010.

- Olivier Bénézech

©Olivier Pastor

Kurt Weill

Kurt Weill est né à Dessau le 2 mars 1900.
Il prend ses premières leçons de musique à dans sa ville natale avec Albert Bing. Puis il suit les cours de la Hochschule für Musik de Berlin.
Il est d’abord assistant chef d’orchestre et chef d’orchestre dans les théâtres de Dessau et de Lüdenscheid.
En 1921, il s’installe à Berlin où il est, jusqu’en 1925, élève et collaborateur de Ferruccio Busoni.
En 1925, il compose sa première œuvre importante, le Concerto pour Violon et Vents puis Der Protagonist, opéra qui est créé à Dresde avec succès.
Il crée en 1927 Royal Palace. Sa rencontre avec Bethold Brecht est déterminante.
En 1927, ils signent un Singspiel Mahagonny, puis Aufstieg und Fall der Stadt Mahagonny (Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny).
En 1928, Der Zar lässt sich photographieren (Le Tzar se laisse photographier) débouche la même année sur Die Dreigroschenoper (L’Opéra de Quat’sous) sur un livret de Brecht. Ce chef-d’œuvre fait scandale et devient très populaire.
Sur des textes de Brecht, il compose encore en 1929 la cantate Der Flug der Lindberghs (Le Vol de Lindbergh), l’opéra Happy End et en 1930 Der Jasager (Celui qui dit oui).
En 1932, il crée Die Bürgschaft (La Caution).
L’ensemble de son œuvre est interdite par les nazis. Kurt Weil émigre à Paris en 1933, puis la même année à Londres où il compose un ballet Les Sept Péchés Capitaux, Marie Galante, et Der Silbersee (Le Lac d’Argent).
En 1935, il crée à Londres A Kingdom for a Cow (Un Royaume pour une Vache). La même année, il s’installe aux USA où il obtient en 1943 la nationalité américaine. Il se specialise alors dans la composition de musiques de films, de chansons et des comédies musicales dont Johnny Johnson (1936), Knickerbocker Holiday (1938), Lady in the Dark (1941), One Touch of Venus (1943), The Firebrand of Florence (1945), Down in the Valley (1948), Love Life (1948), Lost in the Stars (1949).
En 1947, il compose Street Scene, livret de Elmer Rice et Langston Hughes. Cet « opéra américain » est l’une des œuvres les plus remarquables de la dernière période créatrice de Weill. Elle présente une formidable synthèse entre opéra européen et la comédie musicale américaine.
Kurt Weill meurt le 3 avril 1950 à New York, alors qu’il était en train de travailler sur une comédie musicale d’après Mark Twain, Huckleberry Finn.

« Dans soixante-quinze ans, Street Scène passera pour mon œuvre majeure »

Lorsque Kurt Weill décide de composer un véritable opéra américain, il a derrière lui essentiellement deux modèles : Puccini et Gershwin. Il maîtrise aussi la technique nouvelle de la musique de film et celle de la comédie musicale de Broadway.
En 1929, Elmer Rice connaît un très grand succès avec sa pièce Street Scene adaptée la même année en Français pour l’Apollo Theater.
En 1931, King Vidor en fait un film. Weill s’intéresse de près à cette œuvre dont le sujet le touche directement. Il collabore avec Hope Emerson qui réalise le livret en retravaillant la pièce de Rice et avec Langston Hughes pour les lyrics.
Pour Street Scene, Weill procède comme la plupart des compositeurs d’opéra. Tout d’abord, il choisit un sujet qui peut s’adapter aux différents moments de l’opéra : récitatifs, airs, cavatines, ariosos, duos, trios, ensembles, chœurs. Fort de son expérience de la comédie musicale, il allège l’œuvre en utilisant dans de nombreux passages le dialogue parlé, vivant et efficace pour faire avancer l’action. Il mêle également un dialogue chanté, très naturel, avec un langage parlé sur fond orchestral, ce qui lui permet d’ « aller et venir naturellement entre le dialogue et la musique ». Weill parle lui-même de musique d’ambiance.
Sa partition évolue en fonction de l’action : évocation tantôt poétique, tantôt populaire voire parfois triviale, d’un grand lyrisme expressif, et surtout une musique où il introduit des motifs récurrents, qui préparent l’auditeur au drame qui va survenir.
Weill disait souvent qu’il voulait attirer un vaste public sans sacrifier pour autant la haute qualité artistique de sa musique.
Il divise son opéra en acte, scènes et numéros qui s’enchaînent avec un grand naturel, tout en étant sous-tendu par un plan tonal d’ensemble très construit, à la manière classique.
Dès le premier acte, Weill présente dans l’air de Mrs Maurrant, presque tous les motifs musicaux qui apparaîtront de façon cyclique dans l’opéra. Il place déjà le personnage au cœur du drame (Somehow I never could believe).
Les emprunts aux blues, aux folksongs américains et les scènes de rue populaires font la richesse de Street Scene, œuvre à la construction très élaborée où qualité et accessibilité sont remarquablement mêlées.

Opéra en 2 actes de 1947

- Musique de Kurt Weill
- Livret d’Elmer Rice
- Lyrics de Langston Hughes

L’action se passe à New York au mois de juin.

Acte I

- Introduction et premier ensemble. Dans un quartier pauvre, par une soirée caniculaire, des locataires bavardent devant leur immeuble.
- Blues. Henry, le concierge, sort les poubelles.
- Scène et Trio. Après des banalités sur la chaleur, les conversations portent sur la liaison d’une locataire, Mrs Maurrant, et du livreur de lait, Sankey. Mrs Maurrant se joint au groupe. Sam, un gentil garçon amoureux de Rose, la fille de Mrs Maurrant, s’arrête un moment avant d’aller à la bibliothèque.
- Arietta. L’épouse de Buchanan va bientôt accoucher. Celui-ci se plaint des soucis de la paternité, ce qui amuse beaucoup ses voisines. On entend les cris de son épouse.
- Scène et Air. Maurrant rentre du travail. Son comportement brutal envers sa femme révèle un caractère violent. Dans l’appartement, Mrs Maurrant exprime passionnément son désir de bonheur.
- Scène et Quatuor. Sankey passe. Mrs Maurrant, prétextant d’aller chercher son fils Willie, le suit. Les commérages reprennent de plus belle.
- Sextuor des glaces. Lippo, locataire italien de l’immeuble, apparaît avec des glaces pour tout le monde. C’est l’enthousiasme général.
Maurrant, qui a remarqué le départ de son épouse, rejoint le groupe. Elle revient et il semble accepter l’explication qu’elle donne son absence. Cependant sa colère éclate lors d’une discussion politique avec Kaplan, le père de Sam.
- Air. La discussion a commencé par un désaccord sur la discipline parentale. En affichant, son conservatisme, Maurrant montre à nouveau, sa nature bornée.
- Scène et Ensemble. Des élèves entrent en chantant l’hymne de leur école. Parmi eux, Jenny Hildebrand, qui vient d’obtenir une bourse, décrit la cérémonie et les voisins la félicitent. La joie de sa mère, abandonnée par son mari, est gâchée car la famille doit être expulsée pour non-paiement du loyer. Les voisins essaient de les réconforter. Lippo danse avec Mrs Maurrant qui s’arrête lorsque Sankey revient. Maurrant reproche agressivement à sa femme de s’amuser au lieu de s’occuper des enfants. Il s’en va et passe la soirée à boire. Les Maurrant partis, les potins reprennent. Sam reproche aux commères leurs médisances.
-  Arioso. Tous s’en vont, sauf Sam qui exprime son désarroi face à sa solitude.
Arrive Rose et Easter, un collègue de bureau amoureux d’elle. Elle le repousse.
-  Scène et Chanson. Easter lui promet le luxe et la célébrité en devenant actrice, si elle accepte d’être sa maîtresse.
-  Cavatine et Scène. Rose, romantique comme sa mère, rejette les avances d’Easter qui s’en va.
L’épouse de Buchanan est en train d’accoucher. Rose court chercher le médecin.
-  Chanson, Scène et Danse. Mae Jones et Dick, vulgaires personnages, arrivent ivres en titubant.
Rose revient. Elle est importunée par Vincent Jones. Sam vient à son secours mais est assommé par Vincent. Rose le réconforte.
-  Duo et Finaletto. Rose et Sam expriment leur désir de fuir cet environnement oppressant. Rose déclare à Sam qu’elle aura toujours foi en lui. Ils se souhaitent affectueusement bonne nuit.

Acte II - Scène 1

-  Introduction et Jeux d’enfants. Le lendemain matin. La rue reprend son activité matinale. Buchanan remercie Mrs Maurrant de son dévouement pour de la naissance de sa fille. Maurrant part travailler. Il déclare ne rentrer que le lendemain. Rose lui reproche son attitude déplorable envers sa mère.
- Scène et Trio. Furieux, il s’en prend à Rose puis à sa femme à qui il reproche d’avoir passé la nuit dehors, refusant son explication. Maurrant, déjà saoul, s’en va. Mrs Maurrant confie à Rose sa détresse : elle s’est efforcée d’être une bonne épouse et mère, mais a été confrontée à l’indifférence de son mari. Willie part pour l’école.
-  Chanson. Rose parle à Sam de la proposition d’Easter. Le jeune homme est consterné. Il lui propose de fuir ensemble.
-  Duo et Scène. Rose accepte. Ils se prennent à rêver d’un avenir radieux. Arrive Easter qui doit accompagner Rose à un enterrement.
Sankey passe. Mrs Maurrant lui propose de monter chez elle.
Pendant ce temps, deux huissiers viennent pour expulser la famille Hildebrand.
Maurrant rentre prématurément du travail. Affolé, Sam essaye en vain de l’empêcher d’entrer. Des cris et coups de feu retentissent. Maurrant a tué Sankey et gravement blessé son épouse. La police est très vite sur les lieux mais le meurtrier leur échappe. L’ambulance arrive. Rose comprend immédiatement la dramatique situation.
- Scène chorale et Lamentation. Devant les badauds choqués, Mrs Maurrant est transportée à l’hôpital.

Scène II

Plusieurs heures plus tard…
- Berceuse. L’expulsion des Hildebrand continue. Deux nurses s’arrêtent pour regarder la scène. Un policier les en éloigne.
-  Scène. Sam et sa sœur Shirley consolent Rose. Des coups de feu éclatent à nouveau. Maurrant est enfin arrêté. Rose veux lui parler.
- Finale. Maurrant explique à sa fille que malgré les apparences, il aimait sa femme et ne pouvait supporter l’idée de la perdre. La foule se disperse, laissant Sam et Rose seuls. Le temps des illusions est passé et Rose décide de partir, mais seule. Sam est effondré.
La nuit tombe. Après le drame et les péripéties rien ne semble changer. La vie de la rue reprend son train-train habituel…

Distribution STREET SCENE

- Direction musicale Scott Stroman
- Mise en scène Olivier Bénézech
- Chorégraphie Caroline Roëlands
- Décors Valérie Jung
- Costumes Frédéric Olivier
- Lumières Régis Vigneron

- Franck Maurrant Laurent Alvaro
- Anna Maurrant Elena Ferrari
- Rose Maurrant/Mrs Hildebrand Cassandra Warner
- Willie Maurrant Jonathan Manzo
- Abraham Kaplan Guy Flechter
- Sam Kaplan Adrian Dwyer
- Lippo Fiorentino/ Dr Wilson Joseph Shovelton
- Greta Fiorentino Julia Kogan
- George Jones/ Harry Easter Sébastien Lemoine
- Emma Jones Jeni Bern
- Vincent Jones Julien Balajas
- Mae Jones/ Jennie Hildebrand Kate Nelson
- Carl Olsen Paul Reeves
- Olga Olsen Harriet Williams
- Henry Davis Lawrence Craig
- Daniel Buchanan Thomas Morris
- Steve Sankey Edwin Cahill
- Dick McGann Darius Crenshaw

Orchestre, chœur et ballet de l’Opéra
Chœur d’enfants du CNRR Toulon Provence Méditerranée

Production de l’Opéra de Toulon

Opéra de Toulon
Bd de Strasbourg
83000 TOULON
Direction : Claude-Henri Bonnet

Service Relations Extérieures
3 Avenue Colbert - 83000 TOULON
Tél 04 94 92 58 59 – Fax 04 94 92 58 64
Directrice des Relations Extérieures : Sylvie Morin-Bouttefroy

Tarif normal 66€/50€/38€/25€/9€ (ajouter 1€ prime de location sauf au Paradis)
Tarif Réveillon 99€/75€/57€/37,50€/13,50€ (ajouter 1€ prime de location sauf au Paradis)

Tarif réduit 15% : Groupe + de 10 pers., Comités d’entreprise, Associations, Clubs du 3ème Age
Tarif réduit 50% : Scolaires, Etudiants – de 26 ans, Demandeurs d’emploi
15€ pour les personnes à mobilité réduite titulaires d’une carte Cotorep (80%) GIG, GIC

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