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Voodoo Cello d’Imany à Anthéa

D’origine comorienne, née à Martigues, la chanteuse française Imany est revenue à Anthéa pour la seconde fois. Elle nous avait déjà fort enthousiasmés en 2015, et cette fois encore davantage, tant son répertoire et le spectacle nous ont semblé plus saisissants de beauté dans une atmosphère de mystère et de poésie fantastique.

Personne ne s’y est trompé ! Les applaudissements, déjà très nourris à la fin de chaque chanson, étaient, lors du salut final, totalement fracassants avec des transports d’enthousiasme tellement forts qu’il y eut un bis, puis un deuxième, et encore un, jusqu’à ce qu’elle vienne annoncer que ce concert ne pouvait être éternel.

De sa voix grave et envoûtante, elle commence par un gospel dont la musique et le chant nous vont droit au coeur. Elle est accompagnée par huit violoncellistes qui font partie intégrante de la mise en scène, ne se suffisant pas de jouer uniquement de leur instrument – cet instrument le plus proche de la voix humaine -. Ainsi le concert d’Imany n’est pas que musical, il est aussi visuel, grâce à une mise en scène constamment inventive.

De magnifiques et très originaux éclairages, créés par Jérémy Bargues, y ajoutent leur note d’originalité. Dans un des morceaux que chante Imany, seul son visage est éclairé, tandis que circulent autour d’elle les violoncellistes avec leurs instruments et que s’allongent leurs ombres gigantesques dans une lumière qui passe du rouge à un bleu violacé, et ainsi de suite.

D’abord assise majestueusement dans un beau fauteuil en osier (dans le style de celui, devenu célèbre, du film « Emmanuelle »), elle semble être une grande prêtresse pratiquant de mystérieux rites initiatiques, tandis que la magie du chant et des instruments nous envoûte dans un chassé-croisé amoureux entre violoncelles et voix et touche en profondeur à l’intime en nous.

Imprégnée du folk, de la soul ou du blues, chaque composition a sa propre mise en scène conçue par Imany.

Le timbre grave de sa voix s’allie à chaque style pour nous toucher profondément et les musiciens tournent en rythme autour d’elle maintenant revêtue d’une somptueuse tenue rouge qui fait d’elle une véritable magicienne (les tenues ont été conçues par Olivier Rousteing de chez Balmain). La chanteuse semble créer une envoûtante danse initiatique qui pourrait nous entraîner loin dans l’univers insolite du vaudou, dépassant le monde du spectacle. Mais nous sommes trop charmés et séduits pour ressentir la moindre réticence et nous nous laissons agréablement entraîner par la voix qui résonne à merveille.

Ainsi, elle nous donne des choses qu’un spectacle ne procure pas souvent et rarement aussi bien.

L’ambiance est poignante tandis que les violoncellistes se dévergondent en pas de danse où ça swingue, jouant de leurs instruments de manière inhabituelle (l’un d’eux l’utilise comme un tambour en tapant sur son flanc).

Rien n’a clôturé cette soirée, elle se poursuit encore en chaque spectateur et le fera pendant longtemps...

Caroline Boudet-Lefort

Photo de Une DR ANTHEA

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