| Retour

Anthéa : présentation de la saison 2021/2022

«  Si la culture n’est pas considérée par certains comme essentielle, elle est cependant indispensable  », a dit Jean Leonetti, Maire d’Antibes-Juan les Pins, en ouvrant la conférence de Presse d’Anthéa pour la présentation de la saison 2021-2022 par Daniel Benoin, Directeur du théâtre d’Antibes. Réjouissons-nous donc du retour de la culture qui nous a tant manqué durant de longs mois, à cause de ce vilain virus !

Depuis sa création, en 2013, Anthéa est devenu le deuxième théâtre de France en fréquentation après le Comédie-Française.

Même s’il a fallu annuler une multitude de spectacles ! Cependant, faisant preuve d’imagination, Daniel Benoin a organisé des soirées « En direct d’Anthéa » où les abonnés pouvaient voir, chez eux sur leurs écrans, le spectacle pour lequel ils avaient loué des places.

La nouvelle saison s’annonce très riche avec, comme chaque année, un choix de théâtre, danse, humour, opéra, cirque, musique,... 66 spectacles dont de nombreux reports de 2020 et 2021, évitant ainsi toute frustration. Septembre débutera en chansons avec Francis Cabrel, Dani, Grand Corps Malade, auxquels succéderont au cours de l’année Alain Souchon, Patrick Bruel, Carla Bruni, Jane Birkin, Juliette Armanet, jeune star de la chanson, et Gérard Depardieu qui revient chanter Barbara avec émotion.

Le Théâtre a la part belle !

« La maison du loup » de Benoît Solès (l’auteur de l’admirable « La machine de Turing ») ouvre la saison dès le 14 septembre, suivi par « La dégustation » d’Ivan Calbérac avec Isabelle Carré et Bernard Campan. Seule en scène dans « Dorothy », Zabou Breitman s’intéresse à la plume acerbe de Dorothy Parker, célèbre critique américaine morte en 1967. Michel Didym met en scène une pièce du Suédois Rasmus Lindberg « Habiter le temps » sur trois couples à trois époques différentes. Avec « La collection », Ludovic Lagarde choisit l’ambiguïté chère à Harold Pinter. La Compagnie Lou Pantail préfère fouiller du côté de l’illusion des thèses complotistes dans « La théorie ».

Mélissa Prat
raconte ses déboires amoureux afin de nous émouvoir dans « Métanoïa, le présage du papillon ». Guillaume Galllienne est aussi seul en scène pour « François, le saint jongleur » de Dario Fo, alors imprégné des textes de St François d’Assise. Valérie Bonneton et Stéphane de Groodt interprètent « Qui est Monsieur Schmitt ? », pièce à succès de Sébastien Thiéry.

Mis en cène par Emmanuel Demarcy-Mota, « Six personnages en quête d’auteur », la plus célèbre des pièces de Pirandello, a fait le tour du monde. Très attendu (car reporté 2 fois !), « Monsieur X » avec un Pierre Richard complètement déjanté (paraît-il !) dans une mise en scène de Mathilda May. « Mon grand appartement » où Patrick Chesnais nous fait partager avec talent un texte de Christian Oster. Pour la première fois qu’il monte sur scène, Richard Anconina interprète le personnage unique de « Coupable », adapté de « The Guilty » du réalisateur danois Gustav Möller. De même « Snow thérapie » est l’adaptation en pièce théâtrale du film de Ruben Ostlund, (primé à Cannes). Inspiré par la terrible séquestration de Natascha Kampusch, « Le syndrome de l’oiseau » mis en scène par Sara Giraudeau avec Renaud Meyer et qu’elle joue avec Patrick d’Assumçao (repéré dans « L’inconnu du lac »). « Amis » d’Amanda Sthers et David Froenkinos est un chassé-croisé entre Kad Merad, Claudia Tagbo et Lionel Abelanski.

Le psychanalyste Patrick Declerck a aidé des sans abris avant de raconter cette expérience dans un livre qu’Emmanuel Meirieu a adapté sur scène dans « Les Naufragés » qu’interprète François Cottrelle. Après Avignon, l’audacieuse Emma Dante revient à Antibes avec « Pupo di zucchero » inspiré du « Conte des contes » de Giambattista Basile : nous sommes déjà très intrigués ! Autre habitué d’Anthéa Jean-Michel Ribes présente en mars « J’habite ici », sa prochaine création au Théâtre du Rond-Point. Mis en scène par Daniel Benoin, « Disgraced » d’Ayad Akhtar montre le dérapage à cause d’une seule phrase lors d’un dîner entre amis (avec Sami Bouajila ancien élève de Daniel Benoin et qui vient d’obtenir le Molière du meilleur acteur).

S’inspirant des « Métamorphoses » d’Ovide, Thierry Vincent, et sa bande de comédiens de la région, se joue des dieux antiques descendus de leur Olympe pour se mêler aux hommes dans « Tombés du ciel », spectacle reporté 2 fois. Comme celui d’Edouard Baer pour « Les élucubrations d’un homme soudain frappé par la grâce » qui pour maîtriser son trac avant d’entrer en scène dialogue avec ses auteurs favoris, tous morts.

« Jean de la Fontaine » est une fable musicale de Clément Althaus dans une mise en scène de Gaële Boghossian où chaque spectateur est captivé par la vie du célèbre fabuliste dont la moralité est loin de ses leçons de morale. Sur une musique de Nicolas Ducloux « Mars 2037 » est une « comédie musicale spatiale » avec un voyage sur Mars largement perturbé, tandis que « Stellaire » nous entraîne avec une multitude d’astuces dans un voyage à travers la galaxie, créé et interprété par Romain Bermond et Jean-Baptiste Maillet. A voir dès l’enfance ou ensuite si on a gardé son âme d’enfant !

D’après Sophocle, « Antigone ma soeur » revient en musique sur le mythe connu qui réunit les Atrides, de Créon à Oedipe en passant par Jocaste, mis en scène par Nelson-Rafaell Madel. « Déjeuner en l’air » est un spectacle musical où Daniel Auteuil chante (fort bien, paraît-il) des oeuvres poétiques qu’il aime particulièrement – une manière de parler de soi. A la fois musical, dansé et théâtral, « Room » une pièce inédite, concoctée durant 4 ans par le merveilleux James Thierrée, homme orchestre accompagné d’une danseuse et de musiciens : on en rêve déjà !

Pour le 400e anniversaire de la naissance de Molière, Félicien Chauveau (et son Collectif La Machine) adapte à sa manière « Le Bourgeois gentilhomme » en le transformant en candidat à l’Elysée. Egalement reprise de « L’Avare » avec Michel Boujenah et toute une troupe d’excellents comédiens qui s’en donnent à coeur joie pour nous faire rire. En adaptant et mettant en scène « Le Comte de Monte-Cristo » d’après l’oeuvre d’Alexandre Dumas, Gaële Boghossian insiste sur un système judiciaire vicié qui produit l’injustice, et, également adapté par Gaële Boghossian, reprise de « 1984 » le chef d’oeuvre de George Orwell dont, malgré un grand succès, les représentations ont été brusquement interrompues en mars 2020.

Rire est important !

Aussi place aux humoristes ! Pour faire ses adieux (magnifiques !), Michel Boujenah a aussi été inspiré par Big Brother et la « novlang » d’Orwell, décidément à la mode ! Gad Elmaleh revient dire l’actualité et Patrick Timsit fait ses adieux, dit-il, mais est-ce si sûr ? Mai sera le mois du rire ! Car, s’y succèdent François-Xavier Demaison, qui retrouve les joies du one-man show, et Vincent Dedienne, après avoir aussi pas mal flirté avec le cinéma. Programmé entre ces deux humoristes, Verino s’attaque avec dérision aux simagrées de notre temps (sic !). Mais pour l’humour, on doit aussi ajouter Fabrice Lucchini qui revient avec « Des écrivains parlent d’argent » où il ose des improvisations jusqu’à nous faire pleurer... de rire !

De magnifiques spectacles de danse !

«  A passage to Bollywood  », déjà représenté à travers le monde, ce grand spectacle très coloré nous en mettra plein les mirettes ! «  Inventaire » chorégraphié par Josette Baïz. Avec une folle farandole, Eugénie Andin imagine dans « Breathe, breathe ! » qu’une épidémie de danse se déclenche dans la population. Chorégraphié par Mourad Merzouki, « Folia », une sarabande où tout devient possible car inspirée des fantasmagories de Jérôme Bosch. Conçu et mis en scène par Gabriela Carrizo et Franck Chartier, «  Triptych : the missing door, the lost room, the hidden floor » est le premier volet d’un triptyque sur un navire alors que l’eau monte. Avec « Extasis/Ravel  », l’admirable Andrés Marin nous offre, sur une musique de Ravel, une danse onirique pour un voyage dans le temps et l’espace. Mêlant danse et cirque, « Ether » où deux danseuses acrobates (Pauline Barboux et Jeanne Ragu) interagissent parmi les éléments alentour dans un monde lunaire.

Dans le cadre du Festival de danse de Cannes, du flamenco « Al fondo riela (lo otro de uno)  » que danse Rocio Molina et « Planet (Wanderer) » du chorégraphe Damien Jalet sur un marcheur qui parcourt la planète entre visible et invisible.

Il y a aussi du cirque !

« La Nuit du cerf » avec une étonnante prise de risque pour six artistes circassiens dans un scénario à suspens. « Möbius  » un incroyable spectacle où 19 danseurs acrobates ne font qu’un seul corps par réactions en chaîne.

Enfin, les mélomanes apprécieront le concert annuel, avec la participation du Conservatoire d’Antibes, « Sympho New » par l’Orchestre Régional de Cannes sous la direction de Michel Tabachnik. Et par ailleurs, quatre soirées Immersion pour une plongée dans les arts émergents.

And last, but not least, en collaboration avec l’Opéra de Nice, «  Macbeth » de Verdi d’après Shakespeare, dans une mise en scène de Daniel Benoin qui donnera une place majeure aux sorcières, ces femmes qui doivent prendre la place des hommes en temps de guerre et ne veulent plus leur rendre.

Pendant la fermeture des théâtres aux spectateurs, Anthéa n’a cessé de mettre ses salles à disposition de comédiens afin de pouvoir abondamment répéter leurs spectacles aussi y a-t-il de nombreuses coproductions qui permettront de multiples tournées favorables à la notoriété d’Anthéa.

L’année théâtrale se terminera avec «  Les illusions perdues » d’après le roman de Balzac. Nous garderons les nôtres (d’illusions) pour que cette année aucun spectacle ne soit annulé. Après avoir vu la culture ignorée, méprisée, sacrifiée, muselée, il est temps que le théâtre survive !

Caroline Boudet-Lefort

Photo de Une : DR

Artiste(s)