À la découverte de la programmation, quelques voix ont renâclé. Fini le jazz pur et dur des caves de Saint-Germain-des-Près du siècle dernier ! Ce jazz d’alors ne fait plus courir les foules.
Le goût du public actuel a évolué et c’est à lui qu’il faut plaire !
Pour le satisfaire - et l’attirer - les organisateurs, dont les yeux sont obligatoirement attentifs à la billetterie, doivent adapter leur programmation à un jazz ouvert à la « world music ».
Le public est séduit par le programme annoncé !
La soirée d’ouverture affiche déjà « complet » !
Lenny Kravitz viendra mettre le feu à la pinède en jouant de plusieurs instruments avec son style bien à lui entre rock et pop. Il interprètera ses propres compositions et celles de « célébrités » comme Miles Davis ou Coltrane. Il sera précédé sur scène par Charles Pasi, un jeune auteur-compositeur-interprète qui chante et joue sur son harmonica, l’instrument qu’il chérit.
- La soirée d’ouverture avec Lenny Kravitz est déjà COMPLÈTE ! DR
Séduction aussi par des chanteuses de grand talent. Melody Gardot et ses chansons dont elle compose musique et paroles. Elle sait jouer de sa voix douce, langoureuse, au timbre miraculeux de tendresse et de virtuosité. L’étonnante chanteuse coréenne Youn Sun Nah passe de l’extrême douceur à des aigus sorciers sidérants. Elle ne cesse de grandir avec des possibilités illimitées. L’icône jazz pop, Norah Jones s’aventure vers une intensité nouvelle avec une voix plus rugueuse, plus sensuelle et cependant plus fragile. Enfin, parmi ces stars du jazz, Carla Bruni chantera en anglais, avec sa voix douce, un peu voilée, aux belles intonations sensibles. Sera-t-elle acclamée ?
Le pianiste surdoué, Tigran Hamasyan, a introduit son Arménie natale dans l’imaginaire du jazz européen. Il pense la musique avec le corps et sur scène, il se dépense sans compter en battant le rythme sur son piano. Dhafer Youssef incarne plus que tout autre la fusion réussie entre chant soufi, musique arabe, jazz, électro et autres. Habitué de la pinède où il est venu de multiples fois, le stupéfiant virtuose manouche, Biréli Lagrène, ne joue pas seulement du Gipsy jazz, comme disent les fans américains pour qui son nom sonne comme un écho de Django. Avec Charlier/Sourisse, il explore d’autres sons sur un autre répertoire, car il n’a pas oublié sa passion du jazz-rock, et c’est excitant ! Le même soir, Marcus Miller, multi instrumentiste hors du commun, se produira avec la chanteuse Selah Sue, aussi jolie que sa voix rauque.
Une superbe soirée, le 16, avec le guitariste Nile Rodgers qui revient pour la troisième fois enthousiasmer le public de la pinède. Sa musique un peu disco, un peu jazz devrait inciter à danser le « chic groove » dont il a le rythme fou. En lui succédant sur scène, Earth Wind & Fire devraient aussi inviter à la danse avec leurs tubes survitaminés. Envie de danser encore avec Cory Henry et sa voix remplie de malice, (en)chanteur en chef des apôtres du funk (en anglais, The Funk Apostles) : des refrains accroche-tympans, des grooves sensuels, et une grande richesse harmonique. Le même soir, l’emblématique pianiste Chick Coréa, accompagné de John Patitucci à la basse et de Dave Weckl à la batterie. Bref ! Une soirée événement !
Un spectacle insolite où Ibrahim Maalouf et sa fameuse trompette dirigeront l’orchestre Cannes-PACA pour une oeuvre symphonique sur un texte, inspiré de la Reine de Saba, écrit par la « diva engagée » originaire du Bénin, Angélique Kidjo.
Nous sommes emballés d’avance !
Jazz à Juan aime à programmer des valeurs montantes. Toute une nouvelle génération de musiciens français et internationaux sont annoncés dans le off, le « Jammin’Summer Session », pouvant ensuite se targuer d’avoir joué dans le mythique festival de Juan.
La traditionnelle soirée du 14 juillet est offerte par la ville d’Antibes (invitations à retirer à l’Office du Tourisme) pour un programme diversifié : Ekram, chanteur et guitariste Chinois, le saxophoniste israélien Eli Degibri dirigeant un talentueux quartet, avec piano, basse et batterie, et enfin André Manoukian, pianiste d’un jazz teinté de sonorités de sa culture arménienne. Et pour la soirée de clôture, le Gospel des Como Mamas venues du Mississippi. En souvenir de la parade d’antan de Sidney Bechet, le 15 la musique sera dans les rues d’Antibes et de Juan pour le plaisir et la joie de vivre des spectateurs et des passants qui apprécieront le jazz, tous les jazz...
Caroline Boudet-Lefort