Vu la notoriété et le succès retentissant de ce Festival de Jazz – le plus ancien en Europe, rappelons-le -, le site a souvent été consulté dès l’annonce de son programme et aussitôt les réservations ont afflué avec des spectateurs de la ville et de la région PACA bien sûr, mais aussi de la France entière et même de l’étranger.
On ne dira jamais assez la joie d’assister à un – ou des – concerts de Jazz dans la pinède de Juan-les Pins, à Antibes
L’ambiance est joyeuse et dans le public on se serre les coudes et les genoux. Pourtant multiples, tous les sièges sont occupés et il circule, dans cette foule, une énergie bienveillante, et même chaleureuse. Magnifique, le lieu est unique, nous le disons chaque année, mais nous osons nous répéter ! En cette année de canicule, la fraîcheur des soirées y était particulièrement appréciée.
Une programmation qui a séduit tous les publics

Cependant l’attention se porte sur la musique et, cette année 2025, la programmation nous a paru particulièrement éblouissante ! Sans doute, dit-on la même chose chaque fois, car les trois directeurs artistiques du Festival - et donc sélectionneurs – (Reno di Matteo, Jean-Noël Ginibre et Pascal Piorget) travaillent avec attention à donner toujours davantage de prestige à ce festival mondialement célèbre.
Il y a des découvertes avec des groupes qui viennent pour la première fois à Juan, tel Emile Londonien qui a surpris avec des mélanges jazzy très singuliers. Et le même soir, « Air » où deux étudiants se sont réunis, il y a déjà 25 ans, pour être propulsés au sommet de la musique électronique où ils y restent encore. Précédant le dynamique Jamie Cullum qui séduit toujours le public, la célèbre chanteuse Dianne Reeves a aussi conquis les nombreux spectateurs venus ce soir là.

Pour la première fois à Juan, la chanteuse Ayo, artiste rare, a précédé sur scène Ben Harper dont le succès est immense et l’engagement social largement reconnu.
Le concert du 14 juillet, est gratuit chaque année, étant offert par la ville d’Antibes. Des jumeaux chinois Zhihan et Zhitong Xu ont prouvé, par leur sélection, l’originalité et la diversité de la programmation. Ils étaient suivis sur la scène par deux chanteuses originales et très différentes, l’une Marion Rampal, née à Marseille, séduit par sa voix très particulière. Puis par l’arménienne (qui vit à Paris) Macha Gharibian au style très personnel où se mêlent son Arménie d’origine, la France, pays d’adoption et le jazz new yorkais par ses passages là-bas.
Venu pour la première fois à Juan, le guitariste Mark Lettieri a fusionné les influences de ses icônes de la guitare rythmique, de Prince à James Brown et d’autres encore ! Ensuite, Robert Plant et son groupe ont créé une alchimie sonore complexe où banjo et mandoline se sont mêlés aux percussions.
Avec des thèmes sur les races, la sexualité, l’oppression, Meshell Ndegeocello s’est inspirée de l’écrivain Baldwin et, en tant que femme noire, elle lui a ainsi rendu hommage. Elle précédait Gregory Porter que chacun a toujours plaisir à retrouver avec sans cesse son même talent pour exprimer l’amour et l’optimisme. L’enthousiasme du public de la pinède était sans limite !
Le lendemain, c’était aussi un grand plaisir pour Ibrahim Maalouf & The Trumpets of Michel-Ange. La puissance de son instrument est immense et il est entouré d’autres trompettistes également talentueux. Cela vibrait très fort dans la pinède et le public ne boudait pas sa joie, son plaisir, son admiration. Il était précédé sur scène par la chanteuse Kareen Guiock Thuram qui rendait hommage à la grande Nina Simone dont elle s’inspire sans chercher à l’imiter.
Une soirée plus calme a suivi avec Dabeul qui porte, à l’aide de synthétiseurs des années 70, le flambeau du funk des années 70-80 avec une vision originale et chaleureuse. Puis Caravan Palace pour un cocktail cinglant de sons vintages et électroniques avec le swing des années folles !

De toutes les chanteuses programmées cette année, Sophye Soliveau nous a semblé être la plus originale, d’abord par sa merveilleuse voix, mais aussi par son accompagnement à la harpe, un instrument de musique totalement inhabituel dans le jazz. Sa démarche nous a semblé magique malgré la fragilité de son style. Ou peut-être, grâce à lui !
Toujours avant-gardiste de la culture, Herbie Hancock, le légendaire pianiste et compositeur, a fait chauffer la pinède avec son style novateur qui influence toute la musique contemporaine. Il est souvent venu à Juan depuis 50 ans, mais personne ne s’en lasse et il peut venir encore et encore nous donner des moments magiques de sa musique au style toujours époustouflant !
Cette année 2025 était vraiment un bon cru pour le Jazz à Juan ! On en redemande !
Caroline Boudet-Lefort