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Nice, voyages en Chine et à Taïwan

La pandémie n’aura pas eu raison des deux expositions du Musée des Arts Asiatiques de Nice. Fermées pendant de trop longues semaines, elles viennent d’être prolongées jusqu’au 15 juin. L’occasion de mettre de côté des sentiments "anti chinois" qui ont pu se répandre ces derniers mois... Elles constituent des exemples des traditions de sagesse qui survivent et accompagnent la modernité en extrême orient.

La première propose un éclairage sur les chamanes Dongba, dans la province chinoise Naxi. La deuxième, "Palace paradis", dévoile un art funéraire pratiqué encore de nos jours à Taiwan. La sagesse Dongba exerce une sorte de "soft power" chinois qui ne fait tout de même pas oublier les énormes efforts de Pékin pour tenter d’améliorer son image. "Dongba" nous propulse près des chamanes dans la quiétude d’une province reculée de la Chine du sud-ouest.

L’art funéraire à Taïwan n’a pas peur du kitsch. (DR AC)

Rendons-nous dans les fabuleuses montagnes Naxi, ne serait-ce que pour prendre du recul et élargir nos horizons. Peintures, dessins, bronzes, manuscrits sur papier artisanal traditionnel, pictogrammes traduisant les rituels des chants et des danses : les œuvres d’art anciennes côtoient les contemporaines. Les peintres, les sculpteurs, les calligraphes cultivent consciencieusement ce patrimoine au sein d’écoles, et par la réintroduction de cérémonies dans certains villages.
Ces artistes sont pour la plupart des érudits, acharnés à prolonger la tradition en empruntant l’iconographie des écrits pictographiques pour la traduire en langage contemporain.

Un smartphone pour l’au-delà...

Conçue bien avant la pandémie, en partenariat avec le centre culturel de Taïwan à Paris, l’exposition "Palace Paradis, offrandes funéraires en papier" présente d’étonnantes œuvres éphémères sur des supports multicolores. Elle rassemble un ensemble d’objets que l’on dirait en "papier bonbon", dans un style kitsch et naïf, qui contraste avec la modernité de l’île rebelle ancrée en mer de Chine, au large de l’Empire du milieu. Ces objets sont sauvés des flammes auxquelles ils sont normalement promis car ils ont été réalisés pour le musée du Quai Branly : maisons de poupée très sophistiquées, copies hyperréalistes de sacs à mains de luxe et de bijoux, et même des smartphones équipés d’applications "spécial paradis" ! Ces vanités de la société de consommation partent en fumée après chaque décès : une attention délicate pour assurer le confort du défunt en l’accompagnant dans l’au-delà. Ils sont aussi une assurance de repos pour les vivants car selon la tradition mieux vaut éviter que les esprits souffrant de négligence reviennent changés en fantômes acrimonieux !

Visuel de Une : Un bronze contemporain dongba. (Détail) DR AC

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