| Retour

Fin de cet événement Décembre 2022 - Date du 7 décembre 2022 au 31 décembre 2022

Ciné : "Les Pires" de Lise Akoka et Romane Gueret

Une équipe de tournage belge débarque dans une banlieue de Boulogne-sur-Mer, dans le nord de la France, pour tourner, le temps d’un été, une fiction sur les habitants locaux.

C’est d’abord dans la cité Picasso que les réalisateurs vont pour dénicher, au cours d’un casting sauvage, quatre ados choisis pour jouer dans le film : Lily, Ryan, Maylis et Jessy. A l’issue des essais, chacun s’interroge : pourquoi est-ce les quatre « pires » qui ont été sélectionnés ? 

Le film raconte l’histoire de ce tournage rocambolesque sous la direction d’un réalisateur (Johan Heldenbergh) paumé et tout d’abord dépassé par tous ces jeunes qui l’entourent : une bande de gosses issus d’un quartier jugé difficile.

Sans passer par les caricatures du cinéma dit de banlieue, la cité Picasso devient le condensé de toutes les tensions sociales et les esprits s’échauffent, à commencer par le personnage principal voué à la rébellion.


Cependant des liens vont se nouer entre ces loubards incontrôlables et l’équipe du film.
En dehors de l’aspect anecdotique du tournage d’un film qui permet au spectateur de pénétrer dans les coulisses du 7e art, « Les Pires » s’intéresse surtout aux personnalités de ces jeunes à la marge de la société avec leurs problèmes et leurs difficultés dans la vie, insistant surtout sur la complexité de leurs rapports avec les adultes.
Fonder l’intrigue d’un film sur un tournage n’est pas nouveau (cf « La nuit américaine » de François Truffaut), mais « Les Pires » a des allures de véritable documentaire romancé, avec une certaine empathie pour tous les habitants de la cité. Tourné en décors naturels, avec une population pleine de bosses, il est aussi question de pauvreté et de solidarité.

Le pire peut se révéler le meilleur !

On y trouve, comme dans « Les 400 coups  » de François Truffaut (encore lui !), l’enfance, l’éducation et une grande sensibilité dans la manière d’aborder la psychologie des personnages.
Ce film puissant doit beaucoup à la personnalité des jeunes interprètes et tout particulièrement celle de Timéo Mahaut dont le naturel est stupéfiant. « Les Pires » n’est jamais aussi prenant que lorsqu’il cerne aux plus près les « acteurs » principaux, qui se définissent moins par eux-mêmes que par la relation qui les lie.
Les jeunes Mallory Wanecque et Loïc Pech sont d’une authenticité confondante : ils crèvent l’écran avec leurs bouilles d’enfants au regard frondeur. Et le petit Timéo Mahaut est un gamin craquant, véritable graine de star !

« Les Pires » est le premier long-métrage de deux jeunes réalisatrices, Lise Akoka et Romane Gueret, qui semblent à l’aise avec leur sujet.

Rien d’étonnant ! Elles ont commencé dans le cinéma en faisant des castings et ont déjà réalisé sur ce même sujet un court métrage qui a été primé.
Pour « Les Pires », elles ont été récompensées par le prix « Un Certain Regard  » au Festival de Cannes, en mai dernier. Elles ont un talent rare pour mettre en scène, de manière lumineuse, des révélations que l’on retrouvera sûrement bientôt sur les écrans.
Caroline Boudet-Lefort

Photo de Une : Mallory Wanecque, Timéo Mahaut © Pyramide Distribution
Sortie en salles le 7 décembre 2022 / 1h 39min / Comédie dramatique

Artiste(s)