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RAFIKI de Wanuri Kahiu

À Nairobi, Kena et Ziki mènent deux vies de jeunes lycéennes bien différentes, mais cherchent chacune à leur façon à poursuivre leurs rêves. Leurs chemins se croisent en pleine campagne électorale au cours de laquelle s’affrontent leurs pères respectifs. Attirées l’une vers l’autre dans une société kenyane conservatrice, les deux jeunes femmes vont être contraintes de choisir entre amour et sécurité...

Une salle debout pour recevoir la réalisatrice Wanuri Kahiu et ses deux actrices principales, Samantha Mugatsia et Sheila Munyiva, présentées par Thierry Fremaux qui sortant de la projection de LETO se jouait encore de quelques bons mots à l’encontre de Vladimir Poutine pour avoir répondu qu’il maintenait l’assignation à résidence du réalisateur Russe Kirill Serebrennikov.


Émues jusqu’aux larmes, vêtues toutes trois de Blanc, la réalisatrice Wanuri a salué le cinéma Kényan et remercié chaleureusement le Festival, aucun film Kenyan n’avait jamais été sélectionné à Cannes.

De plus, c’est encore un fillm interdit de diffusion au Kenya, en effet le sujet de l’homosexualité est encore difficile à accepter et d’autant plus à promouvoir pour les censeurs de cet état.

Toute l’équipe du film était là, sous les yeux du Jury de la Sélection "Un Certain Regard" présidé par Monsieur Benicio del Toro.

Tiré d’une œuvre ougandaise de Monica Arac de Nyeko, "Jambula Tree" ce film aborde avec douceur une belle histoire d’amour entre Kena (Samantha Mugatsia) et Ziki (Sheila Munyiva), deux adolescentes dont tous les opposent, d’une part leur condition sociale, l’une pauvre et l’autre nantie, et aussi et surtout leurs pères, hommes politiques qui s’opposent dans une proche campagne électorale.

Il n’y a donc que du hasard dans cette romance, celle d’une rencontre, celle d’un regard, celle d’un trouble d’adolescentes.


Kena est un garçon manqué, longiligne, toujours habillée en pantalon, elle reste le plus souvent avec les garçons, et principalement son ami Blacksta (Neville Misati), secrètement amoureux d’elle, avec qui elle partage les parties de foot, les jeux de cartes, et les ballades à moto.
Toujours avec son skate au pied, elle fait des études pour devenir infirmière, nous apprendrons par la suite qu’elle sera bien plus brillante qu’elle ne croit..

Ziki c’est la "girly" dans toute sa splendeur, une jolie poupée, jouant de ses nattes colorées, et dansant tout le temps.

Aguichante elle joue du haut de son adolescente les lolita au sourire ravageur.
Toujours apprêtée elle est le parfait miroir de Kena.

La rencontre, la douceur des regards, l’effleurement, le grain des peaux, tout est aussi doux, que contraire à la difficulté de comprehension d’une culture intransigeante et de ses lois locales qui imposent une brutale remise en question de cette légéreté d’émotions interdites entre Ziki et Kena.
Il y a encore en Afrique, une forte présomption que les gens différents soient habités de démons ou tout simplement maudits.
Jusqu’au prêche du dimanche, l’homosexualité est une chose bannie et totalement interdite, souvent non dite, et totalement désapprouvée par cette société patriarcale.

La réalisatrice aura trouvé le ton de cette lumière, de cette échange tout en beauté tout en douceur, montrant une autre Afrique, plus moderne, plus aboutie et somme toute plus tolérante, comme pourra l’être le père de Kena.

Le contraste et la violence des réactions amène encore à se poser des questions sur l’évolution des mentalités et le conservatisme Kenyan, augurons que cette sélection cannoise fasse son chemin jusqu’aux pays africains.

Bravo à la réalisatrice pour le courage et la mise en lumière de ce film. Une mention toute particuliére aussi pour la superbe musique qui accompagne l’ensemble.

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