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L’ANGE DE LUIS ORTEGA

Buenos Aires, 1971.
Carlitos est un adolescent de 17 ans au visage d’ange à qui personne ne résiste. Ce qu’il veut il l’obtient.
Au lycée, sa route croise celle de Ramon. Ensemble ils forment un duo trouble au charme vénéneux. Ils s’engagent sur un chemin fait de vols, de mensonges où tuer devient bientôt une façon de s’exprimer

Décidément cette sélection d’un certain regard est en tout point intéressante et les choix du Jury seront certainement âprement discutés, tant les films sont relevés, tant en technicité qu’en interprétation, et réalisation.

Il y a de la fibre de scorsese dans ce biopic de Luis Ortega qui retrace la vie de celui que l’on avait surnommé "l’ange de la mort". Un ado au visage de poupon, une gueule de Petit Prince, un vrai charmeur, mais ne vous y trompez pas, ce voleur est aussi démoniaque qu’insensible, et la mort passe dans son sillage comme un jeu.

1971, tout cela commence par l’insouciance de ce jeune monte en l’air Carlitos (interprété magistralement par Lorenzo FERRO), qui entre dans les maisons, comme vous faites vos courses. Il y trouve son plaisir, décortique chaque pièce pour y concrétiser son larcin, et finit par danser dans le salon comme si le monde était à lui.
Fils de parents aimants et attentionnés, rien pourtant ne le prédestinait à cette lente descente en enfer.
La force de ses mensonges quotidiens, est à la mesure de la naïveté de ses parents, cet enfant à qui l’on prête trop souvent des choses, finit par démontrer à son père qu’il gagne mieux sa vie que lui.
Il vit entre larcins, boniments et petits cadeaux à ses ami(e)s et cela sans aucune vergogne.

C’est aussi l’histoire d’une mauvaise rencontre, ciblée et engagée par notre démon de Carlitos, celle de Ramon son pote de bahut, merveilleusement interprété par Chino DARÍN, un beau ténébreux, déjà issu d’une famille mafieuse, avec qui il ne tardera pas à faire des opérations de plus en plus risquées.
Le père (Daniel FANEGO) s’autorise donc à prendre sous sa coupe ce génie du vol, et à monter son petit gang avec cette équipe d’ados, comme de nouveaux Bonnie and Clyde, ils montent en puissance dans leurs délits. La formation au maniement des armes sera pour les protagonistes le début d’un long tunnel de crimes sans retour.

La mère (Mercedes MORAN), est une sorte de mère maquerelle, qui retrouve une deuxième jeunesse et se complait à voir Carlito et son fils dans cette spirale de filouterie mortifère.

Ce "couple d’ados truands" fonctionne à merveille sous la bande son teintée de Rock de Moondog. Il y a de la légèreté dans chaque action maléfique, nous découvrons cette amitié malsaine, qui au travers de leurs actions pendables se plait à frôler l’homosexualité et le désir.

C’est totalement amoral et si merveilleusement interprété que l’on reste captivé par ce scénario, qui nous a évité les méfaits les plus détestables de ce Diable au visage d’ange.
Carlos Eduardo Robledo Puch a été condamné en 1980 à perpétuité pour 11 meurtres, 17 agressions, un viol, une tentative de viol, une agression sexuelle, 2 enlèvements et 2 vols.

Encore un film à ne pas louper lors de sa sortie en salle....

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