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Christine C. Tabusso : la femme 100 Têtes

Par quel bout prendre Christine Carol Tabusso et de quelle couleur sont réellement ses cheveux ? Christine est à la fois candide et sophistiquée, directe et insaisissable, une actrice sans scénar qui s’invente des histoires ? On l’a vue sous bien des visages et dans bien des rôles, face à l’objectif. Un 6X7mm muni d’un déclencheur à distance. Mais qui est réellement celle qui est à la fois le photographe et son modèle, l’artiste et sa muse ? Christine se définît comme une plasticienne qui se sert de l’image afin d’explorer la notion d’identité, qui surfe sur la crête des icones féminines (préfaçant Lady Gaga) forte de la pensée Nietzschéenne : « Le mythe et l’art, nés d’un instinct fondamental et indompté en l’homme, font ressembler la vie à un rêve où tout est possible ». Christine a ainsi lâché la bride à ses chimères créant un jeu de l’ego ou plutôt un « Je » de Lego tant les héroïnes qu’elle incarne depuis plus de 15 ans ont fait d’elle une sorte de « Dr. Jekyll and Sister Hyde » qui revient toujours à son domicile.

Série Attente à la caravelle 2005 - (c) C.Tabusso

Sortie de terre

Le bercail, pour Christine c’est la bonne ville de Biot. Christine est née à l’hôpital de la Fontone (Antibes) en 1968 mais la maison qu’elle occupe sur la Place des arts est la maison de famille. En dessous se trouve encore l’ancien atelier de couture que tenait sa grand-mère. Quant à ses arrière-grands-parents ils arrivèrent à Biot en 1921 : « ils ont acheté le café de la poste qu’ils ont transformé en Café cinéma. Le Café est à ce titre classé comme une des première salles obscures de la région ». La fiction semble donc inscrite dans les gènes de Christine qui mettra le doigt dans l’engrenage à 14 ans quand son père lui offre un appareil photo : « Je me suis inscrite au photo-club de Biot où Marcel Taquet m’a appris le métier de A à Z ». Après le Baccalauréat, direction la Villa Arson où elle sortira cinq ans plus tard avec son diplôme partageant la même promotion que Jean-Luc Verna et Natacha Lesueur, et, avec le premier, le goût des subcultures et de la transfiguration. Quant à la céramique et à la poterie qui ont fait le renom de son village natal, elle y échappera malgré une piste toute tracée.
« Ma mère artiste céramiste avait une boutique à Biot. Mon grand-père qui tenait le café de la poste a même acheté la poterie que l’artiste Van Lith occupe aujourd’hui. Ma tante, elle, dirigeait une usine de céramique. Il y avait de la poussière de terre partout ! Aux Beaux-arts j’ai choisi de faire quelque chose de différent et de plus propre », explique-t-elle en riant.

Série Attente à la caravelle 2005 - (c) C.Tabusso

Sortie de route

Son enfance sera également marquée par sa mère qui chevauche une Harley Davidson quand elle n’est pas au volant d’une Triumph cabriolet, mais aussi par David Bowie « une des premières rock-star à fusionner arts plastiques et rock en utilisant le concept de personnages dans le champ scénique ».
Ainsi le premier avatar de Christine sera une sorte d’égérie Badcave « À la Villa Arson j’avais décidé de prendre un modèle pour un shooting mais elle n’est pas venue. Comme j’avais un studio et un assistant sous la main, j’ai décidé de poser moi-même ». C’est ainsi que naîtra Lisa Karoll, son double à l’instar de Marcel Duchamp/ Rose Sélavy. « Ayant joué des claviers dans un groupe de Rock, Dazzle and Delight, qui s’est produit au Printemps de Bourges en 1992 j’ai choisi de me servir de la culture Rock gothique pour créer Lisa Karoll, une chanteuse pur produit post-
warholien ».

La mariée au fusil - (c) C.Tabusso

Forte d’un album à son nom, la Star labélisée Gothique est devenue peu à peu un clone autonome. Lisa Karoll ce monstre qui plaît au point d’avoir ses fans est l’enfant caché que Christine a eu avec David Bowie : « Lisa Jane c’est sa première chanson et Lewis Carroll, l’auteur d’Alice au pays des Merveilles ». Après le trauma du 11 septembre elle se met cette fois en scène dans « L’attente à la Caravelle », série présentée à Deauville lors d’une exposition collective. Une série de 10 photos
« Story board » d’une fiction dont l’héroïne est « Laura Celli » et qui nous entraîne dans ce qui pourrait être les premières séquences d’un polar des années 60, dont la couleur a viré. Voyage au travers d’une histoire où le spectateur invente lui-même une fin.

« Sainte Marie Madeleine »

La mariée - (c) C.Tabusso

D’autre femmes fatales suivent : La mariée au fusil, une amazone sortant d’une série B des studios de la Hammer (Thanatos) une Suzy Solidor revisitée le temps d’un hommage à Cagnes-sur-Mer. Pour l’exposition « Icône », à la Salle Saint-Esprit de Valbonne, Christine endosse en 2005 les habits romantiques d’une courtisane. Plus récemment c’est une icône de l’église de Biot « Sainte Marie Madeleine » qui a inspiré cette reine de la métamorphose qui travaille actuellement sur des collages propulsant ses personnages dans des décors virtuels. Un travail qui vient d’être présenté à l’Espace Magnan dans le cadre du Sept Off de la photo à Nice. Mais si elle aime changer de visages Christine garde la tête sur les épaules : « Quand on est artiste il ne faut jamais oublier d’où l’on vient », explique celle qui est en charge de la Galerie municipale des Bains Douche à Antibes et s’investit depuis 2007 dans la vie biotoise en tant que Conseillère municipale déléguée à l’événementiel. Ainsi après avoir créer la Fête des templiers, un événement culturel et populaire auquel participe les artistes biotois, Christine a porté le projet de ressusciter quarante ans après le festival de musique « Popanalia » initié par Jean-François Bizot (Fondateur d’Actuel et de Radio Nova).
Un festival Pop qui s’est déroulé avec succès en juillet dernier dans la cour du Musée Fernand Léger.

Série Attente à la caravelle 2005 - (c) C.Tabusso

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