Alain Hanel, en piste pour la démesure panoramique !
- (c)2010 Alain Hanel
Vous n’arrêtez jamais Alain Hanel : vous venez à peine de finir d’exposer vos œuvres XXL à Villefranche-sur-Mer, et vous voici déjà sur un autre projet d’ampleur !! Votre projet d’exposition sur le cirque a été retenu par l’organisation du 35ème Festival International du Cirque de Monte-Carlo : comment êtes-vous passé ainsi de l’univers feutré de la danse, et de l’opéra à celui plus exotique du cirque ?
- Alain Hanel : Tout ce qui est spectacle vivant me captive, et j’adore le cirque, c’est un rêve d’enfant qui se réalise, le privilège d’être en bordure de piste c’est déjà fantastique, mais écouter la respiration des animaux, voir la sueur des dompteurs, apercevoir des gestes entre artistes que le public ne voit pas, là, c’est grandiose !...en plus les ambiances de lumières sont très piégeuses pour la photographie, et c’est là que l’on peut jauger ses capacités techniques…c’est un bel examen de passage…
Cela change-t-il votre travail photographique ?
- Alain Hanel : Non, je travaille dans le spectacle depuis suffisamment longtemps pour savoir comment réagir, mais le cirque comme la danse, demande une précision absolue dans le rendu photographique, il n’y a pas de place pour l’à-peu-près !
- Vous avez choisi depuis 2005 de présenter vos œuvres exclusivement sur des grands formats XXL : on a pu ainsi découvrir vos créations monumentales lors des événements "C’est pas classique" à Nice ou sur la Croisette à Cannes. Cette fois-ci vous élargissez encore le cadre et explosez les formats...Certaines de vos photographies risquent de faire plus de 100m2. Peut-on dire que vous êtes aujourd’hui un "photographe perfomer" ?
- Alain Hanel : Appelez moi comme vous voulez, mais gardez Alain Hanel…je crois sincèrement que les expositions traditionnelles avec des dizaines de petits formats n’ont plus leurs places aujourd’hui, pour moi exposer plus de vingt photographies est impensable…imaginez un parking avec une cinquantaine de très belles voitures en présentation. Les passionnés, les détaillerons toutes, parce que ce sont des amateurs avertis, mais le grand public qui n’y connait strictement rien, ne retiendra que des détails, et aura décroché mentalement au bout de la troisième automobile…c’est pour cela que je préfère lui montrer vingt photographies en grand format car je sais qu’elles seront toutes vues, et qu’il ne saturera pas.
Comment avez-vous sélectionné les photos qui seraient données à voir dans plusieurs endroits emblématiques de la Principauté ?
- Alain Hanel : Vous ne le savez peut-être pas, mais Monaco, et Monte-Carlo sont mes lieux de travail favoris, je connais la Principauté comme ma poche, qui plus est je suis un marcheur invétéré, j’ai abandonné la « bagnole » depuis plus de dix ans, mes jambes, et mes pieds me transportent allégrement, et je n’ai pas mis longtemps à repérer les espaces qui pourraient accueillir ce genre de photographies, car un projet comme celui-ci a demandé pas loin de trois années de préparation, et aujourd’hui l’acceptation du concept étant acquise, nous rentrons dans la phase la plus délicate, la participation des sponsors, ce sont eux qui décideront ou non de la viabilité de cette exposition.
Vous travaillez exclusivement en couleurs : le format XXL ne vous inspire pas en noir et blanc ?
- Alain Hanel : Le noir, et blanc correspond à une technologie qui n’existe plus…arrêtons de s’accrocher à ce genre de chose, l’argentique c’était l’argentique, aujourd’hui en 2010, c’est le numérique qui gère notre art, alors travaillons avec ce que nous offre cette technologie…je vais en faire blêmir plus d’un, mais j’ai béni les créateurs du numérique…quelle rapidité, et quels soucis en moins…qu’un amateur qui fait ses trente photographies hebdomadaires continue à s’amuser avec ce matériel je comprends, mais qu’un professionnel rejette cette technologie, en plus quand on photographie du spectacle, je ne comprend pas. Aujourd’hui j’ai la chance d’avoir un matériel tellement performant, qu’il me permet de vous montrer des photographies de danse que l’on ne pouvait pas faire il-y-a encore trois ans…comment aurai-je pu imaginer du haut de mes soixante et un an, qu’un jour on me permettrait de photographier des ballets en basses lumières avec des vitesses supérieures au 500e et des ouvertures de 4 ou 5,6…béni soit le numérique !
- Y a t-il un thème, un événement qui vous tient à cœur, et que vous n’avez pas encore eu l’occasion de photographier ?
- Alain Hanel : Je suis trop bien dans le spectacle pour m’essayer à autre chose, en plus je n’ai plus le temps…
Que deviennent vos œuvres géantes une fois les expositions terminées ?
- Alain Hanel : Elles sont conservées à l’abri, et peuvent toujours resservir pour de nouvelles expositions, j’ai mis cinq années à rassembler ma « tribu », qui va de la responsable du traitement de mes images à la fabrication des châssis en passant bien sûr par le poste le plus précis : l’impression, et je suis très fier de leur résultats, prenons un exemple, le 4 mai ce terrible coup de mer a frappé partout sur la Côte d’Azur, le vent terrible, et la pluie battante, ont occasionné d’énormes dégâts, nos photographies grands formats qui sont exposées en extérieur à la Citadelle de Villefranche-sur-mer, n’ont pas subi la moindre égratignure…professionnels !... c’est le mot que je place par-dessus tout !
Quels projets sur la Côte d’azur pour l’année 2011 ? Et au-delà de nos frontières ?
- Alain Hanel : Si la « rigueur » ne nous fout pas encore tout en l’air, de ou trois petites expositions sympathiques dont une qu’il me ferait plaisir de réaliser sur l’Opéra National du Rhin dans les rues de Strasbourg…et ensuite, un petit tour au Etats-Unis…mais pour vous, le moment venu, je saurai être indiscret.
Y a t-il une question que je ne vous ai pas posée et à laquelle vous auriez aimé répondre ?
- Alain Hanel : "Et à part ça, vous allez bien ? " Réponse : oui, très bien !
photo de l’artiste Alain Hanel (c)2010 - Olivier Roller - avec l’aimable autorisation de l’auteur.