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Alain Hanel, : L’Opéra Sauvage

« A l’époque un jeune photographe pouvait devenir célèbre en quelques clics-clacs, il s’achetait alors une « Rolls » et un pyjama de soie ! Et en route pour l’inconnu ! ».

Alain Hanel
©JFLeSénéchal

Alain Hanel parle avec passion et nostalgie de l’âge d’or des seventies « En fait j’ai vécu le passage de l’imagerie d’après guerre à celle moderniste. De Doisneau à Avedon. En France où régnait encore le style Jour de France, cette nouvelle vague venue d’outre-atlantique avec Harper’s Bazaar ou Vogue fut un électrochoc pour toute une génération ! »

Blow Up !

C’est au cœur de cette époque révolutionnaire qu’Alain Hanel embrasse la carrière comme assistant de photographes de mode et de publicité. Dans les rues de Paris, les affiches du film « Blow Up » jettent de l’huile sur le feu sacré qui couve en lui.

©Alain Hanel - reproduction interdite sauf autorisation de l’auteur

Mais L’image acide Pop du dandy anglais à l’œil photosensible révélé en 1966 par Michelangelo Antonioni n’est pas le fruit du hasard. Dans la vie réelle ils s’appellent David Bailey, Helmut Newton et photographient Mick Jagger, Marilyn, les nouvelles égéries savamment dévêtues par Courrèges et Paco Rabanne.

Giaconda
©Alain Hanel - reproduction interdite sauf autorisation de l’auteur

C’est l’époque de l’usine à rêve de la Factory, du « Flower power », bref de l’expérience in vivo de la liberté. Dans ce laboratoire pandémonium Alain passera de la photo aux arts graphiques, des mains de photographes comme Horvat ou Bugat à celles de Cavanna et de Reiser en gagnant un concours pour le journal HARA-KIRI (On imagine le pire !) « Dans la salle de rédaction il y avait toujours du vin et du saucisson, une autre façon d’envisager la Presse ! » Les coulisses du grand et du petit écran il les découvrira bientôt en travaillant avec Remo Forlani (le “Monsieur Cinéma” de RTL depuis plus de 40 ans) puis avec Jacques Martin et l’équipe improbable du « Petit Rapporteur ». Ses talents de graphiste lui ouvrent les portes du Show Bizz. Alain initie le premier studio dédié aux pochettes de disques et « cartonne » en habillant les vinyles de Claude François, Eddy Mitchell ou Steve Hackett « Guitar hero » de Genesis. Puis en 1983 celui qui vit le jour à Rabat gagne Nice, l’autre rive, pour prendre la direction des programmes de Radio Baie des Anges. « En fait j’ai pris l’appareil en 67, je l’ai lâché en 71 pour le reprendre en 2000 » Reviens, va t’en ! La classique love story quoi ! Mais l’œil était dans l’objectif et regardait Hanel !

Premiers pas à l’Opéra de Nice

Lorsqu’il reprend son 24 x 36, pour traquer la faune et la flore du carnaval de Nice avec le soutien de Gaston Franco et Bernard Morel, c’est comme s’il l’avait quitté hier « Portraits, couleurs, mouvements, j’ai retrouvé toutes mes sensations en remettant le pied dans l’univers du spectacle ». Jean Michel Bouvron (un ancien de Béjart) maître de ballet à l’opéra de Nice lui conseille de faire des photos de danse.

Les Troyens- Hector Berlioz Opéra National du Rhin
©Alain Hanel - reproduction interdite sauf autorisation de l’auteur

Grâce à Paul-Émile Fourny, directeur de l’Opéra de Nice il enchaîne avec des portraits d’artistes lyriques dans leur élément. « Je suis rentré dedans d’un coup » Alain est fasciné, le résultat séduit, il signe un contrat pour la saison 2006/2007. Une exposition suit à l’Opéra à l’occasion de son 120éme anniversaire puis à la galerie Alain Couturier dirigé par Frère Benoît, l’aumônier des artistes. Lorsque Bertrand Rossi, une vieille connaissance l’invite à explorer la scène Rhénane il lui lance un défi. « Je fais les photos de septembre à début février et l’on expose. « C’était de la folie, je pouvais tout perdre ! » Mais quatre mois après, ses 120 clichés remportent un vif succès aux Journées Européennes de L’Opéra à Strasbourg et, à la demande de la direction générale, Alain couvre la fin de la saison pour en faire un ouvrage édité en décembre dernier et qui referme avec bonheur ce chapitre en terre étrangère.

Scènes de chasse sous les ors

Ballet de Monte Carlo 2006
©Alain Hanel Reproduction interdite sauf autorisation de l’auteur

A Monaco un autre challenge l’attend. En 2005 Jean-louis Grinda, metteur en scène, l’invite à œuvrer à l’ Opéra de Nice sur la première de La Gioconda « Plus de cent personnes sur scène, du lourd, l’équivalent d’une choucroute bien garnie ! » commente le photographe encore sous le choc de son succès alsacien. En juillet 2007 le même homme nommé à la direction de L’Opéra princier lui offre la possibilité de couvrir « La Chauve Souris » de Strauss créée pour la fête nationale monégasque. Un livre ainsi qu’une exposition sur la saison monégasque 2007/2008 sont sur le feu « Cette nouvelle ouverture sur Monte-Carlo, c’est pour moi la chance de toucher un public très large ! ».

Ballets de Monte Carlo
©Alain Hanel - reproduction interdite sauf autorisation de l’auteur

Collaborant depuis plusieurs saisons avec les Ballets de Monte-Carlo et Jean-Christophe Maillot, Alain prépare parallèlement une exposition sur sa dernière création : Faust. Les séance de prise de vues se sont déroulé en janvier dernier lors de la générale : « Je travaille toujours sans le public, je ne tiens pas à gêner ceux qui ont payé leur place. C’est une règle d’or ! » Une autre veut qu’il n’opère qu’a découvert « Je n’assiste à aucun filages, ni répétitions. Je ne veux pas connaître l’histoire, sinon ce n’est pas la même chasse ! » Car pour celui qui a réinventé la photographie de plateau pour le concert lyrique, il s’agit bien d’une chasse à l’homme, d’une chasse à l’humain en pleine gestation créative ! Et la mise en danger est indispensable si le photographe dans l’ombre de la fosse veut jouer à égalité avec ceux qu’il traque en pleine lumière « je veux sentir la même pression, mais je ne recherche pas la performance absolue, tans pis si je loupe un moment ! Cela fait parti du jeu, tu es bien placé ou pas ! L’essentiel c’est d’avoir au final quelques clichés qui te laissent sur le cul ! ». Aussi Alain qui ne travaille qu’en numérique se refuse à mitrailler en rafales « Autant tirer des grives à la kalachnikov. La vraie récompense, c’est d’avoir pu saisir sur scène une seconde de vérité sans le moindre artifice ! »

Ballets de Monte Carlo
©Alain Hanel - reproduction interdite sauf autorisation de l’auteur

Après avoir exposé son « Opéra sauvage » en formats géants à « C’est Pas Classique ! », Alain Hanel dévoilera lors du prochain « 06 en scène » son travail récent sur le Hip-Hop, il accrochera ensuite ses clichés XXL au Palais des Festivals de Cannes du 12 juillet au 30 août avant de s’atteler à un album sur la scène Rock azuréenne. Après le gibier à plume, le gibier à poil ? Le safari photo sous les planches continue !

©Alain Hanel - reproduction interdite sauf autorisation de l’auteur
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