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LUME

« Apprenez à penser en couleur, et vous verrez le monde autrement ! »
« Il est bon de connaître la significations des couleurs car elles conditionnent nos comportements et notre manière de penser. Mais, une fois que l’on est conscient de tout ce dont elles sont chargées, on peut l’oublier. Regardons les couleurs en connaisseurs, mais sachons aussi les vivres avec spontanéité et une certaine innocence. » - Michel Pastoureau

Influencée par la conception du chromatisme, défendue par Michel Pastoureau, je tente de transmettre dans mes toiles l’importance de la couleur dans les perceptions, le comportement et les sentiments.
En partant de cette base, je privilégie le chromatisme face à la forme, dans des toiles issues de la volonté de transmettre le fruit d’une contemplation intérieure, sans mots, ni images : strates successives, témoins silencieux laissés volontairement dans l’ampleur du champ monochrome.
Chercher comment traduire dans l’instant la pensée et l’émotion, matérialiser un fragment de vie, une émotion, par une forme, un geste, une couleur (ou bien même une association de couleurs) devient quelque chose de rassurant dans notre volonté d’exister.
« La peinture, et plus particulièrement la couleur, me guide dans ma volonté de découvrir mes émotions, mes craintes et mes doutes ; de savoir les gérer, cohabiter avec elles le temps d’une toile : elle me permet de me sentir LIBRE. »

MES SOURCES ARTISTIQUES

Ayant habité 7 ans à Barcelone, l’œuvre de Tapies a pris une très grande place dans mes recherches de la matière et de l’utilisation de matériaux hétéroclites, mais il ne fut pas le seul, loin de là. Millares et ses noirs intenses, ses toiles collées et cousues à même la toile, Saura et les autres artistes du mouvement « El Paso » ont aussi eu leur importance. Suite à la maladie de ma maman et de son décès prématuré, la couleur a commencé à jouer un grand rôle dans ma peinture. D’abord le noir, couleur puissante et majestueuse, couleur expiatoire source d’apaisement, épongeant ma souffrance et mon incompréhension face à cette injustice, combinée à des formes en volume, figées, telles des protubérances voulant s’échapper de la toile, très contrastées avec le fond, presque agressives.
Puis, petit à petit, la couleur et le mouvement firent leur apparition, chaque jour un peu plus, comme une thérapie tout en douceur, sans brûler les étapes jusqu’au jour où l’on se dit que l’on est capable de sauter le pas, que cette souffrance n’est plus aussi marquée et que la vie continue. Commence alors un intérêt tout particulier pour les peintres tels que
Mark Rothko, Barnett Newman, Cy Twombly, Degottex, Motherwell, Basquiat, Fabienne Verdier et bien d’autres, mais aussi pour la calligraphie et l’art japonais et chinois, où transparaissent pureté, silence, vide et plein... autant de notions que je cherche à transmettre dans mes toiles.

Ecriture ou calligraphie
Il s’agit en fait d’une sorte de « calligraphie imaginaire » ou « inconsciente » qui ne correspond à aucune langue existante (elle devient alors universelle) mais qui se présente sous la forme d’un geste répétitif et libératoire. Cette calligraphie est le point final de ma toile. Elle sert à (re)donner un certain équilibre dans la composition, un « sens de lecture ».
Elle est purement graphique. Inspirée de la calligraphie chinoise et japonaise.
Les spectateurs y voient ou plutot tentent d’y voir, de reconnaître des mots, des noms (leur nom parfois), reflet de cette volonté de trouver à tout prix quelque chose de réel, de figuratif, de reconnaissable dans l’abstraction, et cette difficulté a lâcher prise dans notre société.

La signature
Je signe depuis toujours derrière car pour moi, ce qui apparaît sur la toile me représente déjà assez. J’y ai mis toute mon âme et mes sentiments, mes confessions les plus intimes, sans pour de surcroît y ajouter cette chose narcissique, unipersonnelle et nombriliste qu’est le nom.
Je veux que le spectateur s’approprie la toile entièrement et entre dans la couleur.

La matière
Depuis les Beaux Arts (1999 et 2001), j’ai toujours cherché à travailler avec des matériaux/ matières, hétéroclites et peu conventionnels. Mon travail a été inspiré notamment par le mouvement Support/Surface et plus tard, le mouvement El Paso.
La matière volume est arrivée plus tard, à partir de 2001 à Barcelone, portée par mon intérêt vers certains peintres tels que Tapies, Anselm Kieffer (et bien d’autres mais trop nombreux pour tous les citer) et notamment Millares qui travaillait avec des toiles cousues) à même la toile et avait mis en place lui aussi une sorte de calligraphie imaginaire. En 2005, j’apprends la maladie de ma maman et commence alors un long travail sur la notion de combat, de dualité... et le volume se fait de plus en plus imposant au rythme où la tumeur a pris de l’ampleur. Il se représente par des toiles cousues, étirées, déchirées, nouées, maltraitées. Puis petit à petit la forme volumineuse s’est estompée pour laisser place à la couleur, plus curative. L’oxydation représente pour moi le temps qui passe, quelque chose de vivant dans la toile, d’accidentel et d’incontrôlable comme les choses qui nous échappent parfois.

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