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Tristan Favre in situ...

« J’exprime, par la symbolique du grillage, que l’art a plus à faire dans la rue ou l’architecture, plutôt qu’enfermé dans une galerie. »
© Tristan Favre



Quel est votre parcours, brièvement ? Vous avez fait les beaux-arts de Paris et puis…

J’ai travaillé à l’atelier de Richard Deacon (sculpture) et participé à certaines foires (Art Brussels, FIAC 2004). J’ai ensuite réalisé quelques expos à Paris.
Je me suis installé à Marseille en 2007 et j’y ai opéré un grand changement dans mon travail. Je travaillais toujours sur les arts plastiques, mais je me suis mis à créer dans la rue, avec des adolescents. Cet aspect social et de recherche artistique avec les enfants m’a beaucoup apporté, pour tous mes travaux ultérieurs.
Ces dernières années, j’ai réalisé des performances sculpturales et sonores telles que « Meat talking » (2009). Des jeunes adultes dans une situation de précarité y ont participé (pour visualiser la vidéo, cliquer ici)
Cet hiver, j’ai créé une performance avec cette fois du mobilier de chambre d’hôtel meublé. Pendant la période des élections présidentielles, je travaillais avec des fréquences radios sur la structure d’une cuisine : la saturation des ondes magnétiques nous montrait la saturation de l’information au sujet de ces élections.

Untitled, 2012, glazed ceramic, marine rope, Projet Villa Caméline
© Tristan Favre



Qu’allez-vous présenter à la Maison abandonnée ? Votre travail jusqu’à présent est très hétéroclite… Vous nous promettez des « installations sculpturales et sonores »…

Je vais utiliser des pièces de mobilier urbain qui deviennent des supports d’expression, comme un châssis pour un peintre.
De plus, j’ai conçu des céramiques spécialement pour le lieu, elles sont le résultat de recyclages de céramiques populaires du XXe siècle que j’ai retravaillé avec la même technique qu’à l’origine.
Enfin, des objets en céramique qui servent normalement pour le bâtiment, comme des systèmes de tuyauterie en Provence et en Italie, seront exposés.
Il y aura des pièces à l’intérieur et à l’extérieur de la maison.
Au niveau sonore, vous pourrez écouter des « samples sculpturaux ». J’ai voulu tirer la matière sonore du moulage de certaines parties de la maison, comme les sols, qui vont servir de corps pour produire du son.

Untitled, 2012, glazed ceramic, marine rope, Projet Villa Caméline
© Tristan Favre



Que signifie cette phrase pour vous : « Les fous, le folklore les aime plutôt un peu vifs,
le bruit et la fureur, les cris de bête, la violence animale, l’agitation forcenée (…).
Convention que tout cela : pour un vociférant vingt muets ; pour un agité cent statues. »
(Roger Gentis)

J’interprète la 1e partie de la phrase de cette façon : les artistes contemporains sont souvent dans une expression violente, frontale, provocatrice. Mais derrière, il n’y a rien. Je pense qu’il faut aller vers un art engagé, mais plus en profondeur. Une pièce juste suffit, au lieu de quelque chose de trop explosif.

Avez-vous l’habitude d’investir des lieux ayant une aussi forte identité ?

J’ai exposé au musée Grobet-Labadié à Marseille en 2011. D’abord, j’aime devenir caméléon et comprendre l’esthétique du musée. Mais ensuite, je mêle à la fois des pièces qui se fondent avec leur contexte et des pièces en rupture.
Un lieu qui avait une très forte identité aussi était un bâtiment industriel à Barjols, qui avait un sous-sol totalement inattendu : une grotte troglodyte. J’y ai exposé des œuvres qui ont été créées spécialement pour le lieu.

Installation à la Villa Caméline
© Villa Caméline



Vous habitez à Marseille, bien qu’ayant votre atelier à Barjols (Var). Quelle énergie y a-t-il dans cette ville ? Est-ce propice à la création ?

Pour créer, je suis beaucoup mieux à la campagne, à Barjols, car plus concentré.
Marseille est une ville très puissante. On arrive très vite à une saturation.
Mais pour des travaux collectifs avec des enfants ou au niveau des échanges en général, c’est idéal. La vie culturelle associative y est très développée.

Participerez-vous, d’une manière ou d’une autre à Marseille Provence 2013 ? J’ai cru comprendre que vous pensiez déjà à 2014…

Marseille Provence 2014 est un projet collaboratif avec Philippe Langlois appelé l’entreprise de rien. Dans le même cadre, nous avons aussi lancé une agence d’intérim, qui n’a rien d’intérimaire, puisqu’elle s’appelle « l’agence permanente ». Elle a finalement recueilli les témoignages des gens du quartier et est devenu un lieu social.
Le concept de « Marseille Provence 2014, capitale de rien » est de poursuivre « Marseille Provence 2013 » dans la durée. On ne s’inscrit pas contre MP2013, mais plutôt dans le souhait de continuer la mise en valeur de la culture à Marseille. On a proposé déjà des choses : succession de vernissages tous les 14 du mois dans un endroit différent de la ville à chaque fois. L’idée étant de se retrouver autour d’un verre en redécouvrant la beauté d’un quartier ou d’un bâtiment de la ville de Marseille. C’est aussi un hommage à Jean-Pierre Ive, décédé l’hiver dernier, poète plasticien qui faisait un vernissage tous les 13 du mois dans son atelier.

D’autres projets ?...

Oui, à Brignoles en 2013, lors du Festival « Les Auditives », je ferai un travail autour d’une fontaine, installation évolutive en céramique qui va jouer avec l’architecture de la fontaine.

Expo « In situ », Villa Caméline/Maison Abandonnée du 17 novembre au 7 décembre
43 av Montplaisir – 06100 Nice
Vernissage 16 novembre 2012 à 18h30
du 17 au 24 novembre 2012 de 15h à 18h
puis sur rendez-vous jusqu’au 7 décembre 2012
Renseignements : 06 60 98 49 88
Infos sur l’artiste : www.tristanfavre.com

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