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Pas moins de 3 expositions à la Villa Arson !

Des Corps Compétents (la Modification)

Que peut dire l’art sur le sport ? A priori indifférents l’un à l’autre, si ce n’est antagonistes, ils se retrouvent autour de la question du corps et du mouvement.
Arnaud Labelle-Rojoux, un des meilleurs spécialistes de la Performance - qui justement, met en jeu le corps - a choisi de présenter (en collaboration avec la Head Haute Ecole d’Art et de Design de Genève) une trentaine d’artistes travaillant sur cette thématique.
La salle carrée de la Villa Arson a été transformée en un gymnase improbable. Le tapis de sol vert est couvert partiellement de lignes : cercles, triangles, ronds, etc., évoquant les délimitations habituelles des terrains de jeux, mais qui ne correspondent ici à rien de précis.
Installations, sculptures, équipements sportifs détournés jalonnent un parcours inattendu : panneaux de basket pliés, injouables, un cheval d’Arçon impraticable car recouvert de graisse (Laurent Faulon), une superbe cage (un but de hand-ball) de Wim Delvoye, entourée d’un filet grillagé supportant un vitrail m ?diéval représentant un boulanger enfournant son pain, en référence au "Panem et circenses" romain...
Au hasard de la déambulation, un sac de frappe argenté (da Costa), des haltères ouvragées comme des colonnes (Scoccimaro), des photos du grimpeur de sculptures monumentales (Hugo Schiavi).
Eric Madeleine (ex Made in Éric) nous montre deux étapes de son travail sur le corps. D’abord volontairement transformé en objet - il a servi de table, de lampadaire, de chaise, de porte-manteau, etc., il crée des mises en scène destinées à remettre en question les codes et à perturber les comportements. Il se définit aujourd’hui comme "producteur de gestes, sculpteur de compétences, tailleur de coutumes".
Beaucoup d’autres œuvres sont à découvrir dans ce gymnase dont il faut faire le tour plusieurs fois pour en savourer tout l’intérêt.
Des week-end-end de la modification (films, performances) sont organisés jusqu’au 13 janvier (voir www.villa arson.org)

Eric Madeleine (tête)
© Alain Amiel
Lionel Scoccimaro (haltères)
© Alain Amiel
Esmeralda da Costa (sac de frappe)
© Alain Amiel

Response : abilities

Le CCA de Tbilissi (Géorgie) comprend une vingtaine d’artistes qui vivent et travaillent communauté (avec de faibles moyens) pendant une année entière, partageant leurs expériences, leurs idées et leurs pratiques. En visite chez eux, Éric Mangion a été vivement intéressé par leur mode d’organisation et de travail. Il a invité une dizaine d’entre eux à venir travailler deux semaines à la Villa.
Tout les œuvres présentées ont été créées sur place en interaction avec les étudiants dans un environnement linguistique, social, et technique très différents de celui où ils évoluent habituellement.
Les méthodes de travail influent-elles sur la création ? Avons-nous affaire avec des œuvres portant la marque d’une communauté de travail ? Difficile à dire... Leurs productions sont aussi diverses et divergentes que celles des étudiants qui les accueillent.
Chaque œuvre est singulière, portant la marque d’une pensée, d’un projet qui ne peut être que personnel, mais qui participe au mouvement général de l’art.
À découvrir, des installations, des sculptures, des objets réalisées à partir de matériaux trouvés sur place (ou de récupération) comme cette structure faite de sacs en plastique, ceux-là même qu’on retrouve volant au gré des vents, polluant champs et rivières, des murs cloutés reliés de fils noirs, une mouche volante à la Tinguely, une belle installation de profilés en aluminium et d’un tas de café (ramené de Tbilissi), une table sur laquelle sont posés des produits culinaires : un fromage, des crêpes, des fruits secs, un vin doux… Une autre façon de nous faire connaître leur pays.
Artistes géorgiens : Lasha Babuadze, Ana Chaduneli, Tamar Chaduneli, Elene Gabrichidze, Giorgi Maghradze, Maja Malinowska, Mariam Natroshvili en collaboration avec Detu Jintcharadze, Khatia Tchokhonelidze, Vakhtang Urushadze - Commissariat : Katharina Stadler.

Anna Chadunali, Residue, 2013
© Alain Amiel
Elena Gabrichidze
© Alain Amiel
Elena Gabrichidze, Not Named, 2013
© Alain Amiel
Maja Malinovska, Firmamentum, 2013
© Alain Amiel

Olivier Beer et Shingo Yoshida

Commissariat Eric Mangion

Rencontre et confrontation de deux univers très différents. En résidence pour trois mois à la Villa, Olivier Beer et Shingo Yoshida ont investi les grandes salles du sous-sol de la Villa.
Beer travaille depuis de nombreuses années sur l’interaction de l’architecture et du son. Il présente une grande structure/sculpture grise dans laquelle on pénètre par un couloir menant à une chambre d’écoute. Ce micro labyrinthe a été étudié pour être une caisse de résonance originale aux sons provoqués par l’artiste.
Au mur, la partition de la pièce laisse entendre que beaucoup d’autres partitions ou instruments pourraient être joués. Un grand mur blanc sur lequel un minuscule dessin, en fait une sculpture fine et plane de l’anatomie d’une pipe, nous renvoie au souffle, lui même et modulé par "l’architecture" de la bouche.
Yoshida, lui, est attiré par l’espace, le ciel. Il a attaché des petites caméras à des pattes pigeons qui ont pris des photos de leur environnement. Ces vues aériennes sont projetés sur une sphère alors qu’au sol deux grands et très beaux rails chromés (de 16 mètres), non parallèles nous invitent à un voyage perspectif.
Le grand tapis noir et blanc au motif paraissant abstrait recouvrant le sol d’une pièce est en fait l’image d’une plume de pigeon agrandie.
Sur les murs, quelques photos de lieux, plutôt de sombres no man’s land nous montrent l’artiste inserré dans le paysage au point de s’y dissoudre.

Olivier Beer (pipe)
© Alain Amiel
Shingo Yoshida (rails)
© Alain Amiel
Shingo Yoshida (tapis)
© Alain Amiel

Expositions :

Des Corps Compétents (la Modification)
Response : abilities
Olivier Beer et Shingo Yoshida

A découvrir jusqu’au 13 janvier 2014 à la Villa Arson

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