| Retour

Museaav : Thomas Modschiedler ce chirurgien des arts plastiques…

« Peindre c’est s’évader, être libre, lâcher les contraintes d’un monde plein de conventions, de règles et de restrictions ». La vie de Thomas Modschiedler tourne autour de l’Art, il fait d’une passion un métier, d’un métier une passion, mêle peinture abstraites à sculptures concrètes, joue de ces instruments médicaux comme des pinceaux, éponges et autres applicateurs. Chirurgien le jour, artiste la nuit, ou plutôt les deux à la fois, tout le temps. Celui qui a commencé à peindre à 16 ans ne s’arrête plus vraiment. Né en Allemagne, ce sont d’abord ces professeurs à Munich qui l’encouragent, le guident, l’initient. Avant de souffler la quarantième bougie de sa vie de peintre l’an prochain, Thomas Modschiedler retrace son travail de ces quatre dernières années, dans une exposition à voir au Museaav de Nice du 30 mai au 16 juin 2012.

- Thomas Modschiedler expose au Museaav du 30 mai au 16 juin, vernissage à partir de 18h30 le vendredi 30 mai 2012.
© Aurélie Mignone
Thomas Modschiedler, ce chirurgien des arts...
© Aurélie Mignone

Vous venez assez tôt à la peinture, en pleine adolescence, mais décidez de vous orienter également vers des études de médecine… Ces deux professions sont liées pour vous ? Existe-t-il plus de passerelles que l’on ne le croit ?

Thomas Modschiedler : Je me souviens que c’était un peu gênant quand, au lycée Einstein (Munich), mes professeurs d’arts appliqués me donnaient des cours à part, des devoirs différents de ceux du reste de la classe… J’ai réussi à vendre des tableaux dès la première exposition (ndlr : dédiée aux jeunes talents en 1972 organisée par la ville de Munich), alors que je n’ai jamais réussi à me vendre ! Je ne sais pas m’occuper de cela, je crée et ensuite les autres décident d’en parler. Deux mondes différents, celui du commercial et celui de l’introspection, de la créativité. J’étais peut-être trop jeune pour m’attacher aux Beaux-Arts, j’ai entamé des études de médecine (à Marseille puis internat de chirurgie à Bordeaux), un milieu plus cartésien… Au départ je n’avais pas trop de crédibilité, c’est peut-être pour ça que je ne me suis pas entièrement consacré à une vie d’artiste. Mais finalement ces deux mondes se rejoignent : la chirurgie plastique c’est avant tout une histoire de création, elle est inventive, c’est pour moi, la chirurgie créative par excellence !

Deux domaines différents, deux moyens de s’exprimer pour vous, on vous sent plus apaisé, plus en accord avec vos arts…

Thomas Modschiedler : Tout à fait, en fait je me vois comme un vecteur, un véhicule, je transmets, j’extériorise des pulsions avant tout. Je ne cherche pas les critiques, ce que j’aime dans l’art contemporain, c’est que d’une même œuvre chacun peut avoir sa propre interprétation. On ne voit pas tous la même chose face à un tableau…

- « J’aurai voulu être sculpteur mais je suis allergique à la poussière », Thomas Modschiedler.
©Aurélie Mignone
- « L’expression figurative est pour moi aujourd’hui une sorte de prison qui limite l’expansion de l’esprit de l’artiste et la liberté d’interprétation du spectateur », Thomas Modschiedler.
©Aurélie Mignone

Vous puisiez vos inspirations du départ dans les paysages de Provence, aquarelles, peintures à l’huile maintenant collages, mais la plupart du temps pour évoluer dans l’abstrait…

Thomas Modschiedler : A un moment donné, on a l’impression de ne plus du tout être décideur, on a l’impression d’être entre deux mondes, on devient alors le pont entre cette énergie universelle et ce monde matérialisé, que les gens comprennent, celui dans lequel nous vivons.

Des tableaux remplis d’émotion et de puissance… Et puis surtout à la fin des années 2000, vous inventez et développez une nouvelle manière de peindre, basée sur l’olfactif.

Thomas Modschiedler : Une vraie source d’inspiration, la peinture olfactive permet de porter sur la toile ce que je ressens au contact de parfums d’huiles essentielles. J’utilise dans mes traitements post-opératoire, post-traumatique, l’aromathérapie. Prenons, l’essence de romarin par exemple, sur mon chevalet (ndlr : précieux chevalet, héritage d’un grand maître des Baux de Provence : Cézanne), elle se symbolise par une explosion, une montée à dominantes de bleu, jaune et vert.

C’est ce travail que l’on pourra voir lors de l’exposition au Museaav ?

Thomas Modschiedler : En partie, il y aura plusieurs séries : une sur les olfactions (« Cape Town Rose »), une abstraite (« PurpleHeart »), mêlant également le figuratif (« Sunrise »), mais aussi mes derniers travaux en 3D, puisque papiers froissés, bouts de chemises, tissus et sable, ont rejoint mes palettes de peintures désormais…

(Propos recueillis par Aurélie Mignone)

« Evolution » de Thomas Modschiedler du 30 mai au 16 juin 2012 au Museaav de Nice
© Museaav
©Aurélie Mignone

- « Evolution » de Thomas Modschiedler du 30 mai au 16 juin 2012 au Museaav de Nice
- 16B place Garibaldi à Nice du mercredi au samedi 14h/18h
- www.modsandart.com

pub