Joël Cuoq : « Les voyages ont éveillé mon esprit artistique »

Le métier d’artiste était-il pour vous une évidence ?

L’acte artistique est une évidence et une nécessité. Je fais mon métier à temps plein et je suis un artiste à temps complet. Aujourd’hui, il n’est plus si évident de vivre de son art, à moins d’avoir une activité de création.

Tout jeune artiste, vous avez décidé de partir de découvrir le monde et plus principalement l’Amérique du Sud. Quel était votre état d’esprit ? Quel était votre travail à cette période ?

C’était le début des années 80. Je venais de terminer mes études et n’étais pas vraiment destiné à une carrière d’artiste. Je fais partie de la génération des années 70, celle qui voulait découvrir le monde. Les valeurs sociales étaient différentes de celles d’aujourd’hui. Le voyage à l’époque était vraiment très important. J’ai quitté ma résidence familiale relativement jeune dans un seul but : découvrir du monde. J’ai sillonné le monde une dizaine d’années à l’étranger entre les Etats-Unis, le Canada, l’Amérique du Sud et l’Europe.

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Le voyage a été l’élément déclencheur…

En effet, je n’ai jamais fait d’école d’art. Ce sont les multiples voyages qui m’ont fait découvrir l’art. En 1984, lorsque j’habitais en Californie, je travaillais en tant que décorateur étalagiste pour des magasins. J’ai découvert des artistes tels que Jean-Michel Basquiat et d’autres graffeurs. Et cela a complètement éveillé mon esprit artistique.

Vous travaillez sur le Projet Press Paper Cube depuis 2009. En quoi ça consiste ?

C’est une nouvelle méthode de travail que je pratique à partir de magazines recyclés. Le recyclage me permet de redonner vie aux magazines. J’utilise les photos et leurs formes particulières pour redessiner un sujet. Le papier est compressé. Je le travaille essentiellement sur le relief. C’est en tombant sur un livre de photo mosaïque que cette idée m’est venue. Je suis de l’ancienne génération et le côté visuel de la photo glacé que l’on voit en informatique ne me plaisait pas beaucoup.

Il existe des thèmes majeurs dans vos œuvres comme le cinéma, la politique, la femme… Pouvez-vous nous en dire plus ?

Le support que je travaille me permet d’utiliser plusieurs expressions. Je choisis la forme que je veux donner au dessin. Je fais beaucoup de personnages connus parce que je peux réécrire leur histoire. Je ne me contente pas de faire un tableau. Je prends des personnages qui me touchent. Je le dessine et je le travaille pour lui donner le rendu plastique que je souhaite. Puis j’écris son histoire sur mon tableau. Je cite par exemple ces concerts, les titres de ses chansons. Plus précisément, je raconte un thème ou une anecdote qui ont marqué l’histoire du personnage. C’est une sorte d’hommage à l’artiste. J’exprime mon admiration pour ce genre de personnage.