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Il se passe quelque chose à Vallauris

La Passerelle

Un an de fonctionnement déjà pour cette structure originale implantée en plein cœur de Vallauris. Véritable passeur culturel, lieu de rencontre et d’échanges, la Passerelle est accessible à tous. Composée de deux espaces : un atelier où enfants et adultes viennent s’initier à différentes techniques auprès d’un plasticien et un espace « découverte » où sont organisées des expositions, des soirées théâtrales, musicales, des rencontres, etc.

Atelier
© Passerelle
Atelier
© Passerelle

A l’atelier, on peut venir travailler trente minutes ou tout un après-midi, apprendre à peindre, réaliser un objet ou bricoler son truc (ouvert à tous publics, de 5 à 97 ans). Des cours de tournage, modelage, émaillage sont dispensés par des artistes locaux.
Grâce à ce lieu, des « passerelles » (petits ponts ou couloirs reliant deux espaces, deux réseaux, etc.) se sont établies entre différents milieux : « En passant par les enfants, ça va très vite, les familles s’impliquent, une mixité sociale s’instaure. L’écoute est là pour tous projets individuels émergeant de désirs ou de besoins de s’exprimer ».
Le passage de l’atelier à l’Espace Découverte se fait naturellement. Le travail des créateurs d’aujourd’hui, leur démarche, leur regard sur le monde sont présentés à travers des expositions ouvertes à un large public pour le familiariser aux diverses formes d’art et, pourquoi pas, faire naître de nouvelles vocations.
En relation avec les événements culturels comme la Biennale de Céramique et d’Art Contemporain, les enfants ont pu travailler d’après des œuvres exposées.
Avec un noyau d’artistes associé à ses projets, la Passerelle a fait bouger les lignes et crée du lien social. Certains de ses événements ont été repris par la jeune direction du Bar « Savoie » (soirées slam et concerts s’y déroulent dorénavant), des collaborations naissent (avec le Festival de la Photographie le Sept Off, avec la Ville de Cannes, etc.), de nouveaux projets se réinventent.

Artistes présentés à la Passerelle :

Eric Andreatta est un artiste singulier dont les œuvres sont à la fois étonnantes et d’une grande évidence. Le regard est déplacé juste ce qu’il faut pour perturber nos points de vue habituels. Il racle la réalité ”comme un filtre que les poussières étouffent. Il faut nettoyer le filtre pour mieux respirer”. Le produit du raclement, le déchet, c’est l’œuvre, comme une page de carnet arrachée.
Au concept (image prototype de l’objet), il préfère le percept (association des différents stimuli nés des sens dans un ensemble cohérent). Les concepts enferment, excluent. Comme les mots, ils sont limités alors que le percept laisse ouvert le champ de la conscience. Son art est une tentative de dépassement de cette contrainte, à la recherche d’un intelligible aux bornes du sensible et du visible.

Guitare (detail)
© Andreatta

« Le métier du philosophe, c’est de faire des concepts, le métier de l’artiste c’est de faire des percepts. » (Deleuze)
La plupart des œuvres d’Andreatta sont des pièces uniques, nées d’un regard original sur une parcelle de réalité : la bouée en plâtre (sur laquelle sont plantés des éclats de verre), la guitare (aux cordes hérissées de barbelés), le nécessaire à fakir, la lampe projetant sa propre source, etc.
D’autres font série, nécessitant une douzaine d’approches pour épuiser le sujet (comme son travail sur les diapositives ou le blanc d’Espagne).
Dans ses installations, images et objets sont confrontés. Ainsi son impressionnante installation à la Chapelle de la Miséricorde (« Les Verres d’eau », été 2010), où des centaines de verres de toutes tailles et formes, remplis d’eau à ras bord et posés sur plusieurs tables faisaient face à un grand retable flou et tremblant. Un ensemble imposant, intimidant, quasi magique.

Installation “Les verres d’eau”, Chapelle de la Miséricorde
© Andreatta

Pour Andreatta, il s’agit de remonter aux sources des perceptions pour créer de nouveaux données à voir, à sentir, à penser. « Il n’y a pas de vérité à dire, juste changer la perception qu’on a du monde ».

Norbert Desène, peintre abstrait et géométrique exposé en mars, a beaucoup intéressé les enfants par son travail sur la couleur et les formes simples. Comment étonner l’œil en créant un juste équilibre ou des déséquilibres maîtrisés ? Comment résoudre l’équation fondamentale de la couleur et de la forme ?

Les sculptures en bois brut de Paolo Bosi présentent un aspect âpre, dérangeant (comme ses pieux de bois plantés dans des billots du même bois). En utilisant des matériaux inattendus, il nous conduit à ce point où lisible et illisible se côtoient. Comme ces « oiseaux » grossièrement représentés par des matériaux rugueux, ou ces anges qu’on reconnaît à leurs grandes ailes-écailles, semblables à celles d’un poisson préhistorique.

Au premier plan, sculpture de Paolo Bosi
DR

La galerie Egée.

Ouverte en été 2010, comme la Passerelle.
Sur fond d’objets anciens et de décoration, Emmanuelle Esmiol veut faire redécouvrir la céramique, les techniques, les artistes, mais aussi de la photo et de la peinture.
Créatrice d’une ligne de décoration pour verres, lampes, la ligne Egée, des expositions remarquables ont suivi (Catherine Ferrari, Thierry Pelletier, Martine Polisset, etc.).
Au printemps, Marc Alberghina, un artiste « anthropologue », qui travaille sur la représentation d’os recouverts d’émaux aux couleurs vives, de vieux émaux vallauréens avec lesquels il réalise des constructions improbables comme son usine ou un squelette présenté sur un plat d’or : « Offrande » ou les restes d’un festin anthropophage, comme si celui-ci avait coloré les reliefs de son repas.

Autre acteur culturel de Vallauris, l’Atelier 49 en fonction depuis plus de vingt ans. Il organise plusieurs expositions par an et mène actuellement un projet ambitieux : la projection en permanence de films d’artistes dans la vitrine du magasin d’Arias, l’ami de Picasso. Une autre association « Art Vallauris » accueille des artistes céramistes en résidence.

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