| Retour

CharlElie Couture - Un artiste sans frontières

Tu es connu en France avant tout comme auteur, chanteur, compositeur et musicien. On soupçonne moins que tu es artiste plasticien. Pourtant ta formation initiale a été celle de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts. Comment raconterais-tu ton parcours de vie ?

Quand j’étais en troisième année des Beaux-arts à Nancy, un de mes profs est venu incognito me voir jouer sur scène. Le lendemain, il m’a dit : « Ton spectacle était super abouti, aux Beaux-arts t’en fais plus que quatre à toi tout seul… Mais comment fais-tu pour mener tout cela de pair ? Un jour, il faudra que tu choisisses ! ». Les années ont passé. Ce jour n’est jamais arrivé et j’ai continué à mener en parallèle toutes mes activités avec autant d’engagement.


Il serait trop long d’énumérer ton palmarès impressionnant et les activités que tu mènes depuis le début. Toutefois, qu’est-ce qui t’a marqué le plus à travers les expériences que tu as vécues dans l’Art ?

Un ami (le peintre Richard Texier) m’a dit un jour qu’on n’applaudit jamais un peintre. C’est vrai, les plasticiens vivent dans une sorte d’ascèse, dans laquelle il y a le feu intérieur qui ressemble à l’enfer des scrupules ou des forces de l’ego et la froideur du monde qui l’entoure, un monde d’analyses et de spéculations.

Aujourd’hui, tu résides à l’étranger et tu navigues entre plusieurs média artistiques. Est-ce une façon d’explorer davantage tes possibilités d’artiste, d’humain ?

Tout à fait. L’homme vaut plus que sa seule fonction sociale exclusive. Moi je continue tout ce que j’ai commencé, il y a plus de trente ans, avec entêtement et ténacité, ce que Mario Salis a appelé le « multisme » qui caractérise la recherche d’artistes plurimédia. Cela dit, on peut dire aussi que je suis devenu un spécialiste du multisme.

Ton départ de la France il y a six ans pour New York n’est pas anodin. Pourquoi cet éloignement ?

C’était nécessaire. J’avais l’âme en vrac.

Time Square Workers ©CharlElie Couture

Un besoin vital de te retrouver toi-même ?

Oui, j’avais besoin de me reconstruire sans que les autres me disent comment me comporter. New York est la ville idéale pour cela. « New York, New born, né nu ».

Ne serait-ce pas non plus une façon de séparer la musique et la peinture ?

Peut-être aussi. À New York, je n’ai pas de compte à rendre à mon passé. Ici, je ne suis pas connu, les collectionneurs prennent mon travail pour ce qu’il est, sans chercher de références dans d’autres domaines.

©CharElie Couture

Poésie, musique, art graphique. Chacune de ces passions a-t-elle, selon toi, des choses à raconter d’elle-même ou au contraire chacune peut et doit entrer en résonance avec une autre ?

Le geste de créer est toujours le même. Créer signifie : faire naître du néant. Donc, les créateurs prennent du plaisir à faire apparaître l’invisible. Pour ce faire, ils agissent avant de penser. Qu’on soit écrivain, plasticien ou musicien, la démarche de création est la même. Elle n’a rien à voir avec le savoir-faire qui n’a pour effet que d’élargir le champ de prospection.


Maintenant, au 19ème étage de ton atelier New-Yorkais, sur l’autre rive de l’Atlantique, vois-tu l’art différemment ?

Je ne me pose plus la question de savoir si je dois faire ci ou faire ça. Je ne subis plus les contrecoups de jugements à l’emporte-pièce et ce fameux « ?regard d‘autrui ? »… Take it for what it is.

L’approche de l’art est-elle la même qu’en Europe ?

Ici, on dit qu’acheter une œuvre d’art, c’est acheter un « ?beau ? » billet de loterie qu’on accroche au mur. Cette relation n’existe pas du tout en France où le commerce de l’art et tous ses excès sont régulièrement dénoncés. Je roule en vélo, mais je vis de ce que je fais ici. En France, je ne pourrais pas en vivre.

Dans tes œuvres, les sculptures sont un point de départ d’une démarche liée étroitement à ta vie personnelle.

Oui, on peut dire cela de tous les artistes. N’en déplaise aux spiritualistes, on est ce que l’on fait.

Que représentent ces assemblages de bois si originaux disposés à la verticale ?

Chacune de ces sculptures a une histoire. Assemblées, elles forment une ville. La ville de ma REconstruction.


Quelle en est la source d’inspiration ?

L’origine doit remonter à mon enfance ? Ou bien est-ce la ville elle-même qui s’immisce entre mes mains ? Ou bien est-ce que cela part de la mort de mon père ? Ou bien est-ce une envie d’érection en bois ? Ou bien est-ce l’idée que ces bois sombres ont encore le droit de vivre ? Ou bien, c’est tout cela à la fois.

Nombre de tes compositions en peinture ont repris ensuite les motifs de tes sculptures.
C’est ce que j’appelle le « ?deuxième degré d’interprétation ? ».

L’expression par la peinture est-elle aussi importante que celle par la sculpture ? Que t’apporte-t-elle en plus ?

Ni plus ni moins. C’est une RE-lecture. La peinture, c’est l’Ecrit. On peut la transporter plus facilement (rires)…

Et puis, il y a les « Photo-grafs ». Ces tirages grands formats sur bâche, c’est inédit dans le monde de la photographie.

Oui. C’est sur cela que je travaille aujourd’hui. C’est à nouveau le RE, le deuxième degré d’interprétation. Mais cette fois sur le monde réel. Celui de l’image « ?vraie ? ».

Tu es à l’origine de ce langage et de ce développement artistique de l’image, n’est-ce-pas ?

Je n’avais jamais vu dans aucune foire d’art contemporain ou expo des travaux semblables avant de choisir de travailler comme je le fais sur ce support de bâche en vinyle.

Que sont ces signes peints, sortes de hiéroglyphes contemporains, que tu viens apposer sur ces photographies ?

Oui, on peut résumer la technique à cela.

Une façon de revisiter le monde ? De le changer peut-être ?

Revisiter… tout à fait. Le changer…non, je me vois plutôt comme un révélateur.

Ces photographies donnent à voir des prises de vues de rues ou d’architectures de New York.

Je crois que les êtres sont à l’image du décor qu’ils se fabriquent.

Cette ville semble avoir réellement une emprise sur ton travail et exerce une fascination certaine (ton tout dernier ouvrage « New York by CharlElie »
l’atteste). L’influence-t-elle vraiment ?

Parler de révélation, signifie que la chose est déjà en nous.

Il y a une signature, une véritable « patte » CharlElie dans toutes les compositions peintes, sculptées ou photo« grafées » que l’on trouve tant dans ton atelier que dans tes expositions.

Disons que je crée selon certains rituels, avec certains outils et des gestes codés.

Installation © CharElie Couture

Qu’est-ce qui nourrit au quotidien ta création dans cette ville en ébullition et comment vient-elle se traduire dans tes œuvres ?

On ne sait jamais par principe ce qui va t’inspirer, puisque l’effet provient de la surprise. Tout d’un coup une certaine conjonction de circonstances fait qu’on se trouve en face d’une évidence. Et on veut la mettre en forme. Voilà. Comme il se passe plein de choses ici, à NY, alors les conjonctions sont nombreuses.

Dans ta « galaxie », celle que tu évoques souvent, tu dis te sentir libre. L’art, sous ses formes les plus diverses, te permet-il de t’exprimer encore plus librement, de te découvrir encore davantage ?

L’art me permet d’expurger mes démons, de libérer le génie de la lampe magique, de faire danser les fées qui tournent en moi, de laisser siffler la cocotte-minute, de provoquer le diable, d’écouter le vent ou de caresser la toile. L’art, c’est tout ça pour moi. A la fois sensuel et existentiel.

Tu as un grand nombre d’expositions à ton actif, penses-tu exposer à nouveau en France très bientôt ?

Sûrement.


Peux-tu nous dévoiler quelques-uns de tes projets ?

Je participerai à plusieurs expos de groupes (dont une à Angers sur le street art, une autre à Barbizon), je participerai à la Biennale de la photo de Lyon en septembre, une expo en Suisse, un autre à Kiev, il est question d’une expo à Nancy, une autre à Cagnes-sur-Mer l’année prochaine, etc.

Musée Guggenheim - New York

Situé à l’est de Central Park et au nord du Metropolitan Museum of Art, à l’angle de la cinquième Avenue et de la 89ème Rue, le musée Solomon R. Guggenheim de New York ne cesse de fasciner. Et pour cause : ce musée, lieu incontournable de l’art moderne, compte une collection de près de 6 000 œuvres parmi lesquelles des œuvres majeures de grands maîtres comme Mondrian, Calder, Delaunay, Miró, Picasso, Kandinsky et bien d’autres artistes du XXème siècle…

De passage à New-York, l’amateur d’art ne peut en aucun cas omettre de faire une escale dans ce musée mondialement connu, souvent surnommé « tire-bouchon » de par son architecture en spirale surprenante et atypique.
Au milieu des gratte-ciel gigantesques de la ville, cet édifice, dessiné par Frank Lloyd Wright, attire l’attention en premier lieu par sa forme hélicoïdale et son aspect futuriste qui contraste avec l’environnement tout proche de Central Park et des buildings qui le bordent.
Il faut dire que le célèbre architecte américain a réalisé ici un complexe qui est certainement le plus original de l’histoire architecturale des musées. Au-delà de cette construction qui rappelle étrangement une tour de Babel renversée, c’est avant tout un symbole de l’union des peuples qui s’inscrit à travers l’art et la culture.
Ce musée, lui-même œuvre d’art, renferme en son sein une merveilleuse collection d’art abstrait, qui fut en 1937 offerte par Solomon Guggenheim et plusieurs familles new-yorkaises.

C’est en gravissant, depuis la plateforme centrale du rez-de-chaussée, la rampe inclinée et spiralée évoluant autour d’un puits de lumière, que le visiteur accède aux œuvres et aux expositions temporaires proposées par le musée tout au long de l’année. Bien que les œuvres accrochées aux murs de formes concaves ne représentent que 3 % des 6 000 œuvres que compte la collection, il s’agit toutefois, à chaque visite, d’un moment de découverte qui n’a pas d’égal.

Lieu d’exposition important de l’art avant-gardiste, le musée assure lui-même le spectacle et si, par définition, un musée est un cadre d’interprétation, le Guggenheim remplit ce rôle à merveille en dévoilant, dans ses espaces fluides et ses volumes généreux, des œuvres d’Edouard Manet, Paul Gauguin, Vincent Van Gogh, Fernand Léger, Franck Stella, Amedeo Modigliani, Georges Seurat, Yves Klein, Georges Braque, Marc Chagall. Une liste loin d’être exhaustive, bien sûr…

La dernière exposition de l’année révolue a rendu hommage à Wassily Kandinsky, artiste moderniste dont l’œuvre résonne étonnamment par ses tourbillons de couleurs et ses sonorités intérieures. Des œuvres qui semblent montrer la voie vers un royaume du spirituel au même titre que le musée engendre un rapport de dialectique entre la forme et la fonction.

L’inspiration est présente partout dans cet écrin qu’est le Guggenheim et appelle au vertige…

INFORMATIONS PRATIQUES :

Solomon R. Guggenheim Museum
1071 Fifth Avenue (at 89th Street)
New York, NY 10128-0173

pub